|
Ce château de plaisance, construit
sous Louis XV à l’emplacement d’un édifice plus ancien, est situé au cœur
d’un vaste domaine que traverse la Clouère. Il établit un dialogue
privilégié avec la nature environnante, ordonnancée selon les règles de
l’art paysager: île restée sauvage sous ses frondaisons mouvantes, bras de
rivière élargi en plan d’eau, allée cavalière dominant la rive escarpée,
parc sillonné d’allées en étoile, bosquets complantés et buis taillés, enfin
parterres de pelouse s’inclinant doucement vers la demeure. Le domaine,
mentionné dès 1404, appartient au début du XVIIe siècle à Jean Estivalle,
allié à la maison de Sainte-Marthe, conseiller au présidial de Poitiers et
bourgeois du corps de ville. Sa fille, Marie, épouse Philibert Porcheron,
sieur de Saint-James, pourvu de l'office de grand prévôt général en Poitou
et emprisonné pour meurtre en 1648. Jean de Sainte-Marthe a brocardé dans
une comédie satirique les démêlés et la dérogeance de leur fils Jean qui
s’abaisse aux moyens les plus vils pour conserver Laudonnière, le plus beau
fleuron patrimonial. Nonobstant le millésime 1629 inscrit sur une pierre
apposée en façade, susceptible de se rapporter à l’aile qui prolonge à l’est
le bâtiment principal, la construction du château incombe à la famille de
Savate (ou Savatte) qui porte "d’or à une semelle de soulier de gueules en
pal", sert dans les armées du roi et émigre aux Antilles à la Révolution.
Le logis, de plan rectangulaire, se compose d’un corps central simple en
profondeur et de deux pavillons latéraux formant un léger décrochement qui
se poursuit au niveau des toits. La symétrie de la composition, fondée sur
trois séquences de deux travées, s'accorde à la justesse des proportions que
n’altère pas la présence de l’aile adjacente. L'équilibre entre les murs
pleins et les hautes baies à linteau cintré est exemplaire. Le classicisme
de l’ordonnance justifie la discrétion du décor: bandeau soulignant l'étage,
corniche moulurée, lucarne axiale ajourée d’un oculus et sommée d’un motif
d’amortissement à ailerons. La façade tournée vers la rivière, plus élevée
d’un étage et précédée d’une terrasse, reprend sensiblement les mêmes
dispositions: les pavillons présentent un décrochement plus prononcé et ne
comportent qu’une travée; celui de l’ouest abritait l’orangerie. Le
déplacement latéral de l'escalier d'honneur, à deux volées droites reliées
par un quartier-tournant suivi d’un repos et doté d’une belle rampe en fer
forgé, libère la partie centrale de l'édifice, réservée au grand salon.
Cette pièce d’apparat est revêtue d’un décor de boiseries rehaussé de
peintures en camaïeu inspirées de Boucher: les quatre éléments sont
représentés sur les dessus-de-porte et une scène galante agrémente le
trumeau de la cheminée. Un salon de musique attenant complète l’ensemble,
marqué du sceau de la distinction et du raffinement. (1)
château de la Laudonnière ou l'Audonnière, 86160 Saint-Maurice-la-Clouère,
propriété privée, ne se visite pas.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant des photos pour
illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
de la Vienne" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|