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Au IXe siècle, Charles le Chauve fit don à
l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre de plusieurs domaines de grande étendue
situés sur le territoire de l'actuelle commune de Diges, donation qu'Héribert,
évêque d'Auxerre, compléta au siècle suivant en abandonnant à l'abbaye le
droit de patronage sur l'église du lieu. Sous l'abbatiat de Gervais, un
château est construit dans le village pour mettre ce dernier à l'abri des
féodaux locaux. En effet nous trouvons en 1161 un accord entre Guillaume III,
comte de Nevers et l'abbé de Saint-Germain. Le comte et son fils renoncent
aux droits qu'ils réclament sur quatre fermes de Diges. Ils cèdent des
droits de sauvegarde sur certaines maisons situées dans l'enceinte du
village. Dans le château de Saint-Sauveur le preiur aura 2/3 de la justice
et le comte l'autre tiers. Il sera pourvu d'une garnison en 1163, puis placé
par l'abbé Humbaud sous la sauvegarde de Pierre de Courtenay en 1174, qui
obtient le salvamentum, sous la forme d’une rente fixe perçue directement
sur l’abbaye. Il en reste le bâtiment de la porte, trois tours d'enceinte et
des sections importantes de la muraille. En 1480, l'abbé de Saint-Germain
concède un moulin au procureur de Diges en dédommagement des débours
entraînés par les "réparations du chastel de Diges et fortifications". Au
XIVe siècle ou au XVe siècle sont édifiés les deux corps de bâtiments placés
de part et d'autre de la porte d'entrée. A la même époque est entreprise
l'édification, au centre de la cour du château, d'une église dont
l'achèvement se fera au XVIIe siècle. Devenu sans intérêt sur le plan
défensif bien que des restaurations soient intervenues en 1576 par l'abbé
François de Beaucaire, le logis seigneurial, les dépendances et le domaine
sont concédés par l'abbaye à des fermiers auxquels est faite jusqu'à la fin
obligation d'hébergement l'abbé ou ses représentants lorsqu'ils se rendent à
Diges : le 8 février 1599, provision de la capitainerie de Diges. Bail fait
pour une place "où souloit être une grange dépendant du chasteau de Diges
size au devant la grande porte de l’église dudit chasteau". Séquestré comme
bien d'Eglise, le château de Diges sera vendu en 1792. Il restera longtemps
propriété de Nicolas Gaudet, marchand à Toucy, dont les descendants le
vendront en 1963 aux propriétaires actuels.
Le village de Diges, situé à moins de dix kilomètres à l'est de Toucy, lie
la Puisaye à l'Auxerrois. Le château est bâti sur la pente du coteau où se
situe le village. L'actuelle église paroissiale, bâtie entre 1567 et 1580
par l'abbé François de Beaucaire, est incluse dans l'enceinte du château. M.
Quantin affirme "qu’au sud de l’église s’étendait un château fort, flanqué
de huit ou dix tours, de meurtrières et garnies de mâchicoulis, dont il
reste encore des parties, notamment quatre tours ; au-dessous, des
souterrains communiquaient au loin. De larges fossés défendaient l’accès du
château". Cette restitution semble peu crédible. Désormais, de l'enceinte du
château, il reste encore deux tours en élévation, situées à l'est de
l'église, et une souche de tour au nord-ouest, de celle-ci. Il ne reste que
deux tronçons des fossés sur les côtés nord et est. Au sud, un grand corps
de bâtiment de même facture que les tours, flanqué lui-même de deux
tourelles semble être les vestiges d'anciens communs. Tout cet ensemble,
construit de manière homogène et datant sûrement de la même période, est
équipé d'archères-canonnières. Il a été bâti de blocs irréguliers de grès,
posés en assises régulières. Les meurtrières sont taillées dans du calcaire.
Le corps de logis est accolé à l'église. Son mode de construction n’a pas pu
être identifié car il est couvert d’enduit. Une fenêtre ouvragée en
calcaire, probablement percée tardivement, s’ouvre à l’ouest. Une série de
corbeaux entoure entièrement le bâtiment et trahit peut-être un ancien
hourdage ou des mâchicoulis. C. Hohl fait une description minutieuse du
corps de logis : "au-dessus du portail, aujourd’hui muré, on observe la
présence des rainures de l’ancien pont-levis. Sur la droite, se trouve un
guichet, également muré et surmonté d’une rainure unique. Dans la façade, il
subsiste une vis d’escalier en châtaignier. De part et d’autre s’élèvent
deux bâtiments rectangulaires aux angles adoucis dont les façades conservent
des croisés à traverse aux encadrements moulurés. Celui de droite paraît
avoir été amputé de ses niveaux supérieurs". Cette forteresse, construite au
XIIe siècle, tient un rôle stratégique certain pour le comté d'Auxerre face
aux seigneurs de Puisaye. C'est ainsi que le comte d'Auxerre l'usurpe au
cours de la guerre qu'il mène au milieu du XIIe siècle contre le baron de
Donzy. Si l'édifice est restauré à la fin du XVIe siècle, il a alors perdu
une partie de son intérêt. Le logis seigneurial, les dépendances et le
domaine sont ensuite concédés par l’abbaye à des fermiers ce qui sauvera le
château de sa ruine. (1)
château de
Diges 89240 Diges, propriété privée, ne se visite pas, visible de
l'extérieur.
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