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Regnault de
Beaumont, d'une branche de la maison de Seignelay, possédait le fief d'Avigneau
en 1339. Devenu la propriété de Philippe de Champs-Montreuillon, au début du
siècle suivant, il est donné en dot à Marie de Champs, sa petite-fille,
quand elle épouse, vers 1540, Guillaume de Chuin. Celui-ci fit reconstruire
trois tours, le colombier, le portail fortifié qui comportait un pont-levis
et une grosse tour comportant une salle basse voûtée et une chambre à chaque
étage. Devenue veuve, vers 1559, Marie de Champs se laisse enlever par
Guillaume de la Bussière, capitaine catholique nommé à la garnison du
château. En 1562, lettre de Jean Lallemand, lieutenant du maréchal de
Saint-André à Tavanne. "Il y a icy auprès, ung chasteau appelé Avignot
duquel ceux de la ville d'Aucerre, comme bien nécéssaire pour leur sureté,
dès longtemps se sont emparez et ont mis dedans ung gentilhomme pour
capitaine nommé le sieur de La Mothe de Chevannes avec vingt soldats".
Claude de la Bussière fait entrer le château dans le patrimoine des
Chastellux : le 24 avril 1597, partage de la terre d'Avigneau "comparurent
en leur personne messire Antoine de Chastelux escuier, seigneur de Bazarne,
damoiselle Daniele de Labusiole sa femme, par icelluy les heritages droicyz
qui s’ensuivent... item ung arpent et demy sise et attenant le ru des
moulins et sise les douves des fossés de la maison seigneuriale dudit
Avigneau... item le vivier qui est au dessous du jardin... ladite maison et
chasteau d’Avigneau...". Après avoir reçu Louis XIV, le 19 avril 1652, Léon
de Chastellux, baron d'Avigneau, cède le bien à sa fille Anne, dame
Boucherat de la Rocatelle. Thomas Marie, conseiller du roi, anobli pour son
courage durant la Fronde, acquiert la terre d'Avigneau en 1661. En 1823, le
baron Alban d'Avigneau meurt sans postérité de Françoise de Bèze qui
conserve le domaine jusqu'à sa mort en 1855. Le château fut alors vendu à
Charles-Auguste Gillon qui le vendit, le 16 juillet 1890, à Arsène. Jouan,
bienfaiteur du musée d'Auxerre, son successeur précipita la ruine de cette
belle demeure que M. Hugues Roux, antiquaire à Paris, réussit à sauver à
partir de 1924. Depuis sa mort, le château a été vendu par ses héritiers.
Le hameau d'Avigneau est bâti au fond d'une étroite vallée à l'endroit même
où une voie romaine venant d'Auxerre traversait la vallée. Le château est
une belle résidence qui donna son nom à une famille honorable de l'Auxerrois
: datant pour la plupart de l'époque Renaissance, ses bâtiments ont été
largement restaurés au XVIIe siècle, au lendemain des guerres civiles.
François Ier, Louis XIV, et l'amiral de Coligny y furent reçus. Le
terre-plein rectangulaire, entouré de douves jusqu'au XIXe siècle, remonte à
la fin du Moyen Age. De ses quatre tours d'angle, deux subsistent, munies
d'embrasures pour pièces d'artillerie légère. L'une garde les traces d'une
latrine, l'autre a été convertie en colombier. Qualifié en 1572 de "logis
neuf", le corps d'habitation est formé d'un bâtiment sous un grand toit en
croupes percé de trois lucarnes à pignon de pierre, fronton triangulaire et
fenêtres jumelées. Sur la façade Sud au rez-de-chaussée, les deux portes
s'ouvrent sous des portiques à fronton triangulaire portés par de simples
pilastres. La maçonnerie de pierre contraste avec celle de l'étage, traitée
en brique et chaîne de pierre, sous un toit de tuiles profilé à la Mansart.
La face Nord ne présente pas la même régularité parce qu'une travée centrale
formant avant-corps se trouvait peut-être soudée à des constructions
détruites. Le corps de logis s'appuie en arrière sur des éléments plus
anciens : une tourelle carrée en pierre appareillée, abritant un escalier en
vis et une salle couverte d'une voûte d'arêtes à six pénétrations. A
l'extrémité du pont qui franchit les douves, conservées de ce côté, la date
de 1733 figure au fronton du portail. Le remarquable pavillon isolé à
l'arrière marquait l'extrémité d'une aile disparue : de brique et de pierre,
il présente sur des jardins sa façade du XVIIIe siècle. Quant aux sculptures
du jardin, ce sont des éléments rapportés avec porte de plein cintre et
fronton triangulaire, remonté sur la gauche, entre une tour d'angle, et une
élégante galerie provenant d'un cloître des Pyrénées. Le petit cloître qui
lui fait suite, formé de quelques arcs gothiques sur colonnes, provient du
sud de la France. (1)
Éléments protégés MH : les fes façades et les toitures du logis du XVIIe
siècle ; le pigeonnier en totalité ; le portail d'entrée ; les balustrades
et l'ensemble des clôtures : inscription par arrêté du 21 mars 1988.
château d'Avigneau 89240 Escamps, propriété privée, chemin autorisé aux
promeneurs, visible de l'extérieur.
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