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Demeure fort souriante, le logis de l'Echelle est
entouré de prairies verdoyantes en bordure du Bandiat. Il faut remonter cinq
siècles et demi en arrière pour trouver la plus ancienne trace, signalée par
l'ensemble des historiens locaux. En effet le 30 mars 1459, l'Eschelle fut
arrentée par Bertrand Farinard, régisseur, procureur de Jean de La
Rochefoucauld, seigneur de Marthon, à Giraud De La Chassagne. Annuellement
était versée une rente de 6 boisseaux de froment, 4 d'avoine, "à la mesure
de Marthon", 2 gelines et 20 sols, devant maître Lartimarche notaire à
Marthon. Après une pas banale éclipse d'un siècle et demi on reparle de l'Eschelle
lorsque le 28 mai 1604 "dame Marie Guimberteau, en son vivant dame de l'Echelle"
fut inhumée dans l'Église de Chazelles. L'histoire ne dit pas qui a fait
sculpter une pierre-linteau, réutilisée au-dessus du petit portail faisant
face au Bandiat, datée de "May 1605". Berthoumé Roux, qui en 1630 possédait
le logis campagnard, se fixe en qualité de médecin du bourg de Pranzac et
vend l'Echelle dont il partage la recette avec sa soeur Marguerite, épouse
de Jean Roi Maître Cordonnier. Le nouvel acquéreur est François Chauvet,
sieur de Fontbelle, angoumoisin qui épousera Anne du Puy de Brémont le 10
février1632. Pour la suite, Marie Chauvet leur fille, épousa François Robin,
écuyer, sieur des Ardillers de Soyaux, qui vint s'installer dans la
tranquille demeure de Chazelles. Lorsque l'on sait que la gentilhommière
passa à la famille Thevet à la moitié du XVIIe siècle, il est encore permis
de s'interroger sur la généalogie du nouvel acquéreur. S'agit-il là aussi
d'un descendant du célèbre religieux de l'Ordre de Saint-François,
introducteur du tabac en France? Passionnante recherche en perspective.
Toujours est-il que Marie Thevet épousa vers 1677 Jean de Villeneuve, avocat
et procureur au Présidial d'Angoulême; sensiblement à la même époque a lieu
un autre mariage "en famille" entre André Thevet et Marie de Villeneuve.
Jean de Villeneuve, qui avait épousé Marie Mesnard avec qui il aura huit
enfants, deviendra propriétaire de l'Echelle et sera inhumé à 75 ans, le 8
décembre 1736, dans l'église de Chazelles. C'est son fils Pierre de
Villeneuve, Conseiller du Roi, dont la famille de robe a été anoblie par
l'acquisition de charges de justice, qui aura maille à partir avec le
duelliste patenté Joseph De Viaud, sieur de Charbonnière, demeure voisine.
Le magistrat, pour qui il s'agit d'une formalité habituelle, portera plainte
le 3 octobre 1695. En cette fin du XVIIe siècle, cette anecdote montre
combien la noblesse paysanne, quelquefois guerrière, est supplantée par la
noblesse de robe qui a le vent en poupe. Deux jeunes beaux-frères du
Conseiller du Roi habiteront la demeure: Jean Jourdain, sieur de La Prèze et
Jean Poitevin. Le premier, dit sieur Jourdin de la Prèze, est assigné en
justice par Antoinette Gailliot d'Artenac (en Saintonge) le 10 décembre
1740. Demandé par Philippe Maulde sieur de la Clavière, "bailliste" des
biens du défunt sieur de Villeneuve de L'Eschelle, un procès-verbal y est
établi le 16 octobre 1747.
Ce document de 25 pages nous renseigne utilement sur l'architecture
extérieure des bâtiments et des dépendances, sur l'agencement intérieur, sur
le mobilier fixe en cette moitié du XVIIIe siècle. On comprend mieux
pourquoi, peu avant 1789, Clément de Lhuillier, chanoine d'Angoulême,
obtiendra la maison noble pour peu d'argent. Extrayons pour exemple la
description du colombier, aujourd'hui disparu: "Coulombier rond, dans le bas
dicelluy il y a un petit toit à cochon, le plancher est pourry et hors de
service, la charpente et couverture est presque hors de service, les murs
font ventre et sont fendus". Comme un leitmotiv, est évoqué à toutes les
pages le mauvais état général des "fenestres", des planchers, des murs qui,
lorsqu'ils ne sont pas fendus, ont besoin "destre crepy et blanchy"; en un
mot, les qualificatifs alors utilisés traduisaient le délabrement et
suscitaient la désolation. L'écusson ornant le linteau de la porte d'entrée
sera dégradé pendant la Révolution. A la fin du XXe siècle, il nous est
donné d'observer au contraire une demeure redevenue très agréable à vivre;
ses propriétaires ont su la rendre chaleureuse et accueillante. De belles
cheminées ont été restaurées avec goût, les ouvertures rustiques à claveaux
apparents sont discrètement mises en valeur. Les grandes pièces lumineuses
et les caves voûtées, la petite tour d'angle remontée sont autant d'éléments
qui procurent plus de charme que d'antan. (1)
logis de l'Echelle 16380 Chazelles, propriété privée, ne se visite pas.
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