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Près de la
belle église romane du XIe siècle dédiée à Saint-Didier s'élève en retrait
une forte bâtisse coiffée d'un toit à quatre pentes, qui de loin lui donne
l'aspect d'une importante maison bourgeoise. De plus près, deux portes à
accolade gothique donnent l'impression différente d'une construction début
Renaissance. Nous allons voir que la probable construction du commencement
XVIIe, tierce solution, doive être retenue pour l'édification du logis. Si
l'on compulse les documents relatifs à l'ancien fief de la seigneurie de
Montbron; les premiers que l'on puisse consulter datent du XVe siècle (1456,
1466) et du XVe siècle (1509, 1528); il faut être versé en paléographie pour
pouvoir les transcrire dans leur totalité, nous n'avons pu le faire que
partiellement, il semblerait qu'un château féodal ou maison forte ait
précédé le logis XVIIe siècle souvent appelé du reste "château" dans divers
ouvrages. Si tel est le cas, elle confirmerait l'appartenance du fief à la
riche famille noble d'Appelvoisin de Pierre-Buffière (Limousin) quelquefois
signalée. Lui succèdera début XVIIe siècle la famille Viroulaud ou encore
Virolleau qui compte de notables bourgeois, marchands, eschevins;
l'anoblissement de la famille Virolleau fait suite à l'Édit de mars 1667 de
Louis XIV et d'une confirmation de décembre 1669.
Début XVIIIe siècle on retrouve cette noblesse de robe: Jean-François de
Virolleau, seigneur de Marillac (1718, 1720). En 1733, Marie de Virolleau,
dame de Marillac, déclare l'assassinat de son mari Jacques Laine, chevalier,
seigneur des Deffants de Bunzac. Consolée, elle se remarie le 4 janvier 1736
à François-Joseph Chasteignier de La Rocheposé, demeurant au château du
Lindois. En 1752 le logis est signalé appartenir aux héritiers de M. Jacques
Virolleau (particule absente). En mars 1789, Marie de Virouleau de Fondouce,
dame de Marillac-le-Franc, y demeurant, est appelée à l'Assemblée de la
noblesse d'Angoumois; elle s'y fait représenter par Léonard de Chasteigner
de la Rocheposay seigneur des Deffands. Après la Révolution, l'ancienne
demeure noble passera dans les mains des Lapeyre-Belair que l'on retrouve
propriétaires début XIXe siècle. Début XXe siècle, Madame Denat est
maîtresse des lieux. Il faut noter que d'autres sources, moins précises que
celles évoquées ci-dessus, donnent aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle siècles
la famille Chaigneau, Chaignaud, propriétaire en lieu et place de la famille
Virolleau. Il nous a été donné en effet de rencontrer des Chaignaud,
escuyers, seigneurs de La Couronne et de Marillac. Cette ambiguïté explique
sans doute le silence, quant aux possesseurs, de M. Ferrat dans ses
communications de 1924 et 1925. Nous optons pour la version ici présentée et
confirmée par de nombreux historiens.
L'actuel logis paraît dater du début XVIIe siècle, comme celui de Marthon;
pour l'Ancien Régime, il annonce un style moderne. Grand corps de logis,
orienté est-ouest, flanqué à l'Est d'un petit pavillon portant bretèche (ou
latrines) à deux mètres du sol. Un pavillon plus grand, de forme
rectangulaire et perpendiculaire à l'église, devrait dépendre de l'édifice
seigneurial; il est aujourd'hui propriété communale. La façade du midi ouvre
sur la cour et les dépendances, alors que la façade nord donne sur une
terrasse, un parc et un petit étang en contrebas. On peut aisément
s'apercevoir que la couverture a été surbaissée (initiative malheureuse de
M. Lapeyre-Belair) pour transformer le second étage en grenier; les
ouvertures hautes, partielles, sont chanfreinées. La tradition populaire
avance l'existence de quatre tourelles servant de colombiers, mais il
n'existe plus de trace de ces pigeonniers. Les girouettes à croix et coq
gaulois, monumentales et en fer massif, auraient disparu dans la période
révolutionnaire; comme dans d'autres demeures de la contrée, les fenêtres
furent changées, des cheminées fermées ou démolies.
Tourette de Flamenac décrit la demeure à l'article 3 de l'arpentement, le 3
avril 1753: "Logis composé d'une cuisine salle et chambres basses et hautes
et plusieurs petits appartements écuries grange à foin, chais, selliers cave
toits cour avant jardin, issues étang et ses rivages et chaussées en claud
en prés et taillis… tenant 2 boeufs 2 vaches 2 juments étang 3 journaux (1
hectare) total 29 journaux 03 carreaux". La description sommaire fait
abstraction du bel escalier en pierre, large et tournant autour d'une
colonne jusqu'au dernier étage, des murs de la grande salle du
rez-de-chaussée couverte de boiseries, d'un trumeau figurant la Renaissance,
des grandes cheminées, des petits pavés. Les armoiries seigneuriales qui
figuraient, paraît-il, sur des taques en fonte, ont disparu avec ces plaques
de cheminées. A l'extérieur, les deux portes à motifs d'ornementation
ogivale, l'une portant écu vierge de sculpture, résultent d'un mélange de
styles voulu par le tailleur de pierre, qui fit donc du néo-Renaissance au
XVIIe siècle. Les ouvertures basses, au ras du sol, laissent supposer encore
l'existence d'un château antérieur, toujours présent par le biais de ces
meurtrières. On quitte le lieu noble en se redisant que l'Angoumois a une
histoire riche, bien lisible dans ses pierres. (1)
logis de Marillac-le-Franc 16110 Marillac-le-Franc, propriété privée, ne se
visite pas.
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