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Le logis
noble des Tuffas est assurément l'une des plus agréables demeures qu'il soit
donné de rencontrer dans la vallée de la Tardoire. Joyau "moderne" d'un
patrimoine plus ancien puisque Jean Fermond, pionnier de l'Archéologie
Charentaise, signale un "champ contenant des silex préhistoriques au moulin
des Tuffas". L'édification du logis, toujours signalée de la fin du XVIe
siècle, intervient alors que les guerres de religion battent leur plein,
avant même la Saint-Barthélémy. L'état d'esprit de l'époque est traduit dans
la pierre; cela explique la facture plus ancienne des ouvertures à arêtes
fortement biseautées, certaines étant aménagées pour le guet: s'y ajoutent
sur le pourtour de la bâtisse des meurtrières, archères, canonnières, pour
une défense calculée. Deux pavillons rectangulaires en saillie encadrent le
corps de logis. Est adossée à celui du nord une tour ronde à poivrière
couverte de tuiles plates et pourvue d'une bretèche pour le tir fichant.
L'architecte, et la Renaissance montre là son brillant, a construit un
majestueux escalier; il a été servi par d'habiles tailleurs de la dure
pierre environnante. Aménagé dans une pièce haute rectangulaire partagée en
deux par un mur médian, il constitue le "clou" de la demeure. Les larges
marches monolithes s'appuient de part et d'autre sur les murs; à mi-étage un
vaste palier d'où part à 180°. La seconde partie semblable à la première et
ainsi de suite jusqu'au faîte. La sobriété, la simplicité, lui confèrent un
caractère impressionnant. Les vastes pièces ornementées de cheminées, elles
aussi simples et monumentales, complètent avec bonheur un ensemble qui a su
tirer le meilleur des matériaux nobles de la contrée, parmi lesquels il faut
inclure le chêne puissant des forêts voisines.
Si les lignées familiales font défaut pour certaines demeures, ce n'est pas
le cas pour les Tuffas. Un travail généalogique fouillé de M. Journaud,
comprenant une foule de notes prises aux Archives Départementales sur les
registres paroissiaux de l'État Civil, est complété par une recherche
héraldique; tout cela pour dire que nous ne livrons ici qu'une facette de la
suite documentaire. Le premier propriétaire connu en 1560-1570, est Jacques
d'Abzac de Villars, noble venu du Péri gord voisin; de ce fait, on lui
attribue la construction, reflet de la Renaissance guerrière ci-dessus
évoquée. Isaac d'Abzac de Villars, qui épouse Anne d'Escravayat en 1645,
figurera sur la table des nobles, "maintenus" nobles par Louis XIV (
1666-1667). François VI de la Rochefoucauld, auteur des Maximes était
accablé tant par la goutte que par les dettes. Pour préserver ses droits
seigneuriaux il dut plaider contre ses nombreux créanciers, parents ou
propriétaires de son voisinage immédiat; parmi eux le seigneur des Tuffas,
Jacques Dabzat en 1662. Peut être encore extrait pour l'anecdote, le délit
de braconnage des Du Lau sur les terres de Pierre d'Abzac, seigneur des
Tuffas en 1717. En mars 1789, Avril de Grégueil est convoqué à l'assemblée
de la noblesse d'Angoumois. Cette famille donnera un maire à Rancogne sous
Louis Philippe en 1835: il mourra en 1858. Les Tuffas achetés par les de
Crozant étaient passés par mariage aux Avril de Grégueil. En 1860, sous le
Second Empire donc, les Tuffas seront possession du Baron
Ganivet-Desgraviers. De la fin du XIXe siècle (1890) à 1960, la famille
Sauzet-Tardieu habitera le domaine. Longue histoire pour une belle demeure
d'où se dégage une âme campagnarde, rustique, charentaise en un mot. (1)
logis des Tuffas 16110 Rancogne, lieu-dit Landaudrie, tel. 06 31 86 18 40,
propose la location de chambres d'hôtes.
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