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Il s'agit là de la maison de l'archidiacre de la cathédrale d'Angoulême qui
possédait la cure et ses revenus à Saint-Saturnin. L'archidiacre, c'était
"l'œil et la main de l'évêque", son délégué auprès du chapitre. Depuis 1213,
l'archidiacre est curé primitif, seigneur spirituel et temporel de
Saint-Saturnin (mais aussi de Voulgézac, Roullet, Aunac et Saint-Eloy à
Angoulême; ce qui constituait son personnat). En 1625, par exemple, ce
personnat retire 1000 livres de Saint-Saturnin. Néanmoins ce personnage n'y
résidait pas toujours (il avait bien d'autres domaines, tel que Vars) et
laissait le logis en ferme. L'origine de cette possession est donc bien
médiévale. C'est ainsi que la tradition veut que Calvin y ait séjourné lors
de son passage à Angoulême en 1533-1534. Tradition ancienne puisqu'un acte
du XVIIIe siècle mentionne déjà une salle "communément appelée chambre de
Calvin". Tradition possible; puisque Calvin était l'hôte du chanoine du
Tillet… archidiacre de la cathédrale en 1534 et toujours en 1562. Calvin ou
pas Calvin, ce logis subit de plein fouet les guerres de religion. En
témoigne, en 1583, une donation de 60 écus-soleil de François Nesmond,
seigneur de Maillou, "pour être employé aux réparations nécessaires des
maisons archidiaconalles sises au bourg; lesquelles ont été grandement
ruynées, détériorées et incommodées durant les guerres passées... Les salles
sont entièrement descarlées et desplanchées, les croysées et murailles fort
endommagées, les couvertures des logis et maisons en fort maulvais ordre...
courts, jardins et estang en piteulx estat... Ruynes et démolitions advenues
pendant les troubles et les guerres civiles parce que ladite maison avoit
esté occupée par ceulx de la prétendue religion" (les Protestants). Ainsi
ledit logis fut reconstruit partiellement dans les dernières années du XVIe
siècle.
Ce logis comprenait aussi, dans l'une de ces ailes le presbytère pour le
vicaire perpétuel qui, concrètement faisait office de curé. Ce presbytère,
ruiné lui aussi à la fin du XVIe siècle, fut abandonné et remplacé en 1730
par une partie du logis archidiaconal. Le logis fut vendu comme Bien
national à la Révolution (an IV). Ce logis est un peu conçu comme un
prolongement naturel de l'église de Saint-Saturnin. Il se présente avec
trois ailes de bâtiments disposés autour d'une petite cour. Notre
description va en faire le tour, en commençant par l'est, où sont les
constructions les plus anciennes. Elles peuvent remonter au XIIIe siècle,
dans les années qui ont suivi 1213 et l'installation de l'archidiacre à
Saint-Saturnin. Le mur ouest de cet aile, avec son bel appareillage régulier
et ses petites fenêtres ogivées, en date certainement. Au premier, s'y
trouve la chambre dite "de Calvin". Son mur Est, a lui reçu plus de
modifications; la suppression d'un pavillon au XIXe siècle, et bien avant,
le percement d'un porche d'entrée voûté dans la cour intérieure, l'a fait
munir d'une bretèche (XVe siècle). Un garde posté dans cette avancée du
bâtiment en surveille l'accès et peut déverser ce qu'il veut sur ceux qui
veulent forcer le portail. Des éléments intérieurs n'en ont pas moins un
certain intérêt: à l'étage, une cheminée qui peut être attribuée au XIIIe
siècle. Un blason sculpté sur son manteau a été martelé.
Ce qui est son sous-sol côté cour, correspond au rez-de-chaussée, côté
jardin; il s'agit d'une voûte qui ne va pas (ou plus) sous tout le bâtiment,
jusqu'à l'église. En revanche, cette cave communique avec une seconde, sous
l'aile sud de la maison. Les deux sont desservies par un escalier à vis qui
dessert tous les niveaux de l'habitation, dans une sorte d'avancée du
bâtiment, à l'angle des deux ailes, dans la cour intérieurs. De petites
ouvertures lui donne un rôle éventuel dans la surveillance et la défense. A
sa base est un puits sec. De là, à cinq mètres de profondeur, part un
conduit souterrain rapidement obstrué. Une statue en pierre, avec trace de
polychromie, y a été trouvée. C'est une sainte qui tient dans sa main une
roue dentelée. L'aile sud, mises à part sa cave et ses bases de murs, est
plus récente. Ceci est surtout vrai à l'étage, avec les ouvertures en
oeil-de-boeuf qui ne sont pas antérieures à 1600. A son extrémité, la pièce
du four, dont la cheminée peut être médiévale à l'origine. L'aile ouest
(granges) ferme la cour, en revenant sur l'église où se trouvait un petit
bâtiment communiquant avec l'église aujourd'hui supprimé. Côté jardin la
construction de la terrasse est typée des années 1580-1600. Elle rappelle la
base du donjon de château-Maillou; rien d'étonnant, puisque son seigneur et
constructeur finance aussi des réparations à ce logis. A ses pieds, une
fontaine de la même époque, que prolonge une sorte de péristyle, galerie
unique dont il ne resterait plus que des colonnes portant, jadis, une
toiture. La source alimentait un étang aujourd'hui asséché. (1)
logis de Saint-Saturnin 16290 Saint-Saturnin, propriété privée, ne se visite
pas.
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