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Cet emplacement a pu
être primitivement occupé par un château féodal, la tradition veut qu'il ait
été démoli par les Anglais, au XIVe siècle. Lé logis historique qui devait
remonter au XVIe siècle, a lui-même été grandement remanié au XIXe siècle.
Il occupe la majeure partie de ce site. Site remarquable qui domine au flanc
d'un coteau escarpé, le cours de la Charente. L'aspect historique le plus
important de ce site de Rochecorail, correspond à l'utilisation passée des
cavités naturelles et aménagées de ce coteau, autrefois liées à un habitat
dont il ne reste rien. Plus tard c'est là que se retrouvaient des
protestants des environs, sans doute pour célébrer leur culte lorsque
celui-ci était interdit c'est-à-dire entre la Révocation de l'édit de Nantes
à Fontainebleau, par Louis XIV, en 1685, et l'Edit de Tolérance de Louis XVI,
en 1787. Les dates lisibles sur la paroi de la salle principale "1698 et
1767" s'inscrivent dans cette période de répression. Son nom de grotte à
Calvin est révélatrice de sa destination. Certains ont même prétendu que
Calvin en personne y avait séjourné lors de son passage à Angoulême. Cela
paraît très douteux. D'abord Calvin reste peu de temps en Angoumois (il
n'arrive pas avant décembre 1533 et il est déjà reparti en avril 1534), mais
surtout il ne s'agit pas encore du Calvin banni. Il n'a que 24 ans et vient
de terminer à Paris ses études de théologie. Certes, le discours novateur
qu'il a rédigé pour Nicolas Cop, recruteur de l'Université, le rend peu
désirable dans la capitale à la fin de l'année 1533, mais personne ne le
poursuit encore. Il en ira différemment dès octobre 1534, avec "l'affaire
des placards", déclarant les hostilités entre catholiques et protestants,
mais Jean Calvin sera déjà réfugié en Suisse, plus sûre que les grottes de
Rochecorail.
Le fief de Rochecorail a appartenu depuis sa construction du XVIe siècle à
Clément Laîné, procureur, jusque vers 1627, puis à Jacques de Villoutreys,
son gendre. Fin XVIIe siècle, il est passé à Turin. C'était un homme d'une
fort ancienne noblesse du Languedoc, nous assure Vigier de la Pile. Vers
1740, sans enfants, il vend son domaine. Goguel (1836), Michon (1844) et
Gauguié (1868) vont à quelques années de distance, décrire avec précision,
ces cavités aménagées par l'homme. Ils prétendent qu'il ÿ avait d'abord un
pont-levis qui reliait les grottes au château (peut-être un simple donjon);
"la place des gongs et des chaînes se voit encore sur la paroi extérieure du
rocher" disaient-ils; c'est toujours la plus grande entrée des grottes, mais
tout ce que l'on peut dire, c'est qu'une firme ou une autre d'habitat la
prolongeait. "Un long couloir circulaire se présente d abord", il s'agit
même d'une salle de quatre sur quatre mètres et deux mètres de haut. "A
quelque pas est un silo assez profond et pouvant servir de cachette. Un
couvercle de planche s'adaptait dans des rainures pour fermer ce trou".
Michon en donne une description très détaillée: "en revenant sur ses pas, on
rencontre un passage qui s'embranche au couloir circulaire et mène à
plusieurs chambres assez vastes". Il y a en a deux: une première pouvait
avoir un plancher à mi-hauteur, une banquette dite "lit de Calvin" y est
taillée: la seconde fait 6 m de long, 5 de large et 2 de haut. S'y voit
toujours la belle fuie carrée du XVIIe siècle, couverte de pierre. Elle a la
particularité d'être semi-enterrée. La maison est très haute, sur quatre
niveaux. Sur son mur ouest, l'emplacement d'une tour est marqué de façon
curviligne. A l'angle nord-ouest était une bretèche. Sur façade Est, tracés
de portes et fenêtres XVIe siècle, intégrés dans des remaniements
postérieurs sont visibles. (1)
logis de Rochecorail 16730 Trois-Palis, propriété privée, ne se visite pas.
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