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Charmant petit bâtiment placé bien en vue sur la
vallée de la Charente, le logis de La Brossardière, bâti à la fin du XVIe
siècle, fut le théâtre d'un drame qui dut défrayer les chroniques de
l'époque. L'hébergement de La Cossonnière, depuis rebaptisé La Brossardière,
sans doute par la famille qui le tint tout au long du XVe siècle, les
Brassard, est mentionné dès 1425. À cette date, Jean Brassard avouait le
tenir du seigneur de Taillebourg, au devoir d'un éperon blanc à mutation de
vassal. En 1506, il était aux mains d'Isabeau de Moussy, veuve d'Hélie
Brassard. Un peu plus tard, en 1526, le logis de La Brossardière appartenait
à Prégent de Montils. Son fils, Jean, n'eut que trois filles de son mariage
avec Anne Isle, dont Jeanne de Montils, l'aînée, mariée à Guichart Faubert,
écuyer, seigneur de La Vergne, qui reçut la maison noble, terre et
seigneurie de La Brossardière et Garnaud, à la suite d'un partage passé avec
ses sœurs, en 1576. Leurs enfants partagèrent leurs successions en 1604, et
La Brossardière revint à leur fils aîné, Jacques Faubert, seigneur de La
Vergne, mort par la suite, sans postérité. Dans la seconde moitié du XVIIe
siècle, le logis passa aux mains de Suzanne Lebault, mariée en 1642 à
Frédéric de Goumiers, sieur de La Frégonnière, puis en secondes noces, moins
d'un an après son veuvage, en 1653, à Alexandre de Palme, écuyer, sieur du
Chaussoy, capitaine au régiment de Vendôme alors en garnison à Blaye. Ce
mariage, précipité au point qu'ils oublièrent de faire publier les bancs, ne
fut pas du goût d'Henri Gouaud, tuteur de Pierre de Goumiers, issu du
premier lit. Il accusa Suzanne Lebault d'avoir précipité la mort de Frédéric
de Goumiers en l'empoisonnant et de crime d'adultère. Le juge de Taillebourg
reçut sa plainte et condamna les deux jeunes mariés à mort. Aussitôt, ils
firent appel de la sentence devant le parlement de Bordeaux, ce qui leur
valut un transfert de prison, en attendant un nouveau jugement qui les
innocenta. Cependant, un climat de haine farouche opposa Suzanne Lebault et
le tuteur de son fils issu du premier mariage. En 1659-1660, une nouvelle
affaire éclata entre eux, à propos du douaire de Suzanne Lebault. elle dut
alors obtenir la séparation de biens d'avec son second mari.
Ces années de haine et d'incompréhension familiale se terminèrent
tragiquement par l'assassinat, au logis de La Brossardière, de Suzanne
Lebault par son second fils, Joseph de Palme. Pris, il fut d'abord jugé à
Taillebourg où il fut condamné à une amende de 3 500 livres et à avoir le
poing coupé, à être roué et brûlé en place publique. Il fit appel devant le
parlement de Bordeaux. En 1695, la cour modéra le premier jugement le
condamnant à 1 000 livres d'amende, à avoir le poing de la main droite coupé
par l'exécuteur de la Haute Justice sur un échafaud dressé devant la place
de la cathédrale Saint-André, puis à être conduit sur un autre échafaud
dressé place du Palais pour y être roué de coup, le tout après être passé à
la "question". C'est à cette occasion qu'il livra le nom de son complice,
qui n'était autre que Pierre de Goumiers, son frère utérin. Celui-ci fut
alors arrêté et jugé comme son frère cadet. Après ces heures tragiques, La
Brossardière faillit être vendue aux enchères. Finalement elle resta
propriété des Goumiers. Ce n'est qu'en 1743 que Frédéric II de Goumiers,
petit-fils de Suzanne Lebeault, vendit la seigneurie pour 29 000 livres, à
son voisin Louis-Clément de Sainte-Hermine, seigneur de Mérignac en
Angoumois et de Coulonge, Agonnay et Rochemont en Saintonge. Jusqu'à la
Révolution, La Brossardière connut le sort de la Seigneurie de Coulonge,
appartenant à la famille Sainte-Hermine. Un document de 1719 décrit "ladite
maison noble consistant dans un corps de logis basty en la mansarde avecq un
bastion du costé du midy". C'est effectivement un simple corps de logis
couvert d'une toiture à combles brisés, d'ardoise et de tuiles canales,
dominant une courbe de la Charente depuis une terrasse à laquelle on accède
par un escalier à balustres à double révolution. Ce corps de bâtiment, sans
doute de la fin du XVIIe ou début XVIIIe siècle, vient s'appuyer sur des
parties plus anciennes, en particulier sur un escalier à rampe droite
contenu dans un bâtiment doté d'une tourelle en encorbellement et sur une
pittoresque galerie surmontant un four, ce qui donne au logis de La
Brossardière un aspect pittoresque et rustique, côté cour. (1)
logis de La Brossardière, rue du Logis, 17350 Taillebourg, tel. 05 46 94 28
01, proposé en location intégrale.
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