|
Aucune mention du moulin, du repaire ou du
fief n'est repérable avant le XVe siècle. Seul indice, le moulin situé
immédiatement en aval de Ségadènes sur la Thèze, mais déjà en Agenais, porte
le nom singulier de Frésapa, nom que l'on retrouve également près de
Saint-Sylvestre sur Lot, associé à un moulin et à un château implanté sur
les berges du Lot. Ces deux toponymes pourraient se rapporter au lignage de
Jeanne Frésapa, deuxième femme de Pierre Duèze, frère du pape Jean XXII et
vicomte de Carmaing. Les de Jas ou d'Ajas, famille de forgerons originaire
des Pyrénées, sont les premiers occupants connus. On sait qu'ils
s'implantèrent après la guerre de Cent Ans à Ségadènes où ils établirent une
mouline à fer (forge). Dans la même fonction de maître de forge, leur
succéda au début du XVIIe siècle Pierre Durieu de Séverac, seigneur de
Ségadènes, gentilhomme de la chambre du roi en 1622, fils de Marie de Jas de
Ségadènes. Cette dernière est sans doute la même qu'une certaine "Marie de
Segadnos" dont le nom a été relevé parmi les graffiti de la grosse tour du
château de Bonaguil. Les Du Rieu puis, au XVIIIe siècle, les Briançon de La
Montelle possèdent successivement la seigneurie. Ségadènes est mentionné
comme fief par la carte de Cassini, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Les fenêtres géminées à trumeau et à décor naturaliste conduisent à placer
la construction de la maison forte du dernier tiers du XIIIe siècle. Une
demi-croisée aménagée dans l'élévation sud témoigne de travaux réalisée
après la guerre de Cent ans, peut-être dès la fin du XVe siècle, époque à
laquelle ont sans doute également étaient mis en place le hourd et la
toiture en pavillon (ils auraient été refaits vers 1910. L'escalier en
charpente a probablement été installé au XVIIe siècle tandis que l'essentiel
de la distribution actuelle résulte d'aménagements réalisés au XIXe siècle.
L'édifice médiéval qui subsiste aujourd'hui se présente sous l'aspect
d'une imposante maison-tour de plan presque carré, et aux murs épais. Le
volume interne est divisé en deux travées inégales par un refend orienté
est-ouest, séparant une grande salle ou "aula" et une salle secondaire.
L'angle sud-ouest est occupé par un réduit de plan carré, évoquant le volume
d'une tour dans laquelle a pris place un escalier de charpente à balustres
tournés du XVIIe siècle. L'étage de cette tour est couvert par une voûte sur
croisée d'ogives dont les culots représentent des mufles grimaçants et dont
la clé de voûte est ornée d'un fleuron et de quatre têtes. La distribution
actuelle du logis résulte d'aménagements tardifs, de la fin du XIXe siècle
qui ont en partie condamné les percements antérieurs. Une demi-croisée
moulurée a été repercée sur l'élévation sud, au moment où le hourd était mis
en place. Ces réaménagements tardifs ont cependant conservé une bonne
lisibilité des dispositions d'origine, notamment au niveau du premier étage.
Au-dessus d'un rez-de-chaussée à usage de cave, et affecté partiellement aux
machineries du moulin, le premier étage, affecté à l'habitation était
accessible par une porte haute, supposant un escalier extérieur. Cette porte
en arc brisé, soulignée par une moulure torique, donnait accès directement
dans la grande salle. Elle était défendue par une longue archère cruciforme,
desservie par la tour, et dont les croisillons étaient ornés d'étriers
latéraux. Sa position à mi-niveau indique que la tour, dès l'origine, a dû
accueillir un escalier. La plupart des percements médiévaux de l'étage ont
été condamnés par les aménagements ultérieurs, mais on peut identifier sans
difficulté les traces de quatre fenêtres géminées semblables, trois d'entre
elles éclairant la grande salle, la quatrième équipant la chambre. Couverte
par des arcatures en arc brisé à intrados trilobé, ces fenêtres étaient
divisées par des meneaux ornés d'un faisceau de colonnettes. La chambre,
établie au sud-est, était dotée d'une armoire murale, de latrines et, sans
doute, d'une cheminée. Deux gargouilles d'évacuations d'eaux pluviales,
implantées sous les encorbellements de l'élévation est, montrent que les
hourds actuels ont succédé à un dispositif primitif, sans doute un comble en
retrait, qui laissait à l'air libre les couronnements primitifs qu'on peut
supposer accessibles et crénelés. Les chapiteaux des fenêtres géminées
portent des feuilles naturalistes plaquées sur la corbeille, et une tête
d'animal qui crache des tiges végétales. La clef de voûte, cruciforme, de la
croisée d'ogives est ornée d'un bouquet de feuilles sur sa face inférieure
et de têtes humaines entre les branches des ogives ; les culots portent une
tête monstrueuse, une tête d'animal et une tête d'homme couronnée.
Éléments protégés MH : la tour-moulin, avec la parcelle qui la porte et le
fossé en eau qui l'entoure : inscription par arrêté du 29 octobre 2013.
maison-forte de Ségadènes 46700 Soturac, propriété privée, ne se visite
pas.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant un historique
détaillé et des photos pour illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
du Lot" tous les châteaux répertoriés à ce jour dans
ce département. |
|