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L'église de Campigny ne mériterait pas une description particulière, si l'on
n'y trouvait, dans une chapelle seigneuriale, trois tombeaux de pierre
placés sur le caveau sépulcral des seigneurs du lieu. La moitié du patronage
de l'église avait été donnée à l'abbaye de Longues, à la fin du XIIe siècle.
La tour placée au nord, à la hauteur du chœur, date de la même époque, sauf
la pyramide à fenêtres géminées qui a été refaite postérieurement. La grande
chapelle accolée au chœur fut construite au XIVe siècle. C'est là que se
trouvent trois tombes des Hamon, seigneurs de Campigny. Sur un même tombeau,
qui doit remonter au XIVe siècle, se voient un chevalier et sa femme. Le
second tombeau, un peu moins ancien, est aussi celui d'une jeune femme.
Cette tombe de pierre est fort habilement traitée. Il est malheureusement
impossible de savoir exactement qui ces statues représentent, car elles
n'ont jamais eu d'inscription. Un Guillaume Hamon, seigneur de Campigny,
vivant à la fin du XIVe siècle, avait épousé Mahaut de Coustes; il était
fils de Nicolas Hamon et d'Alix Bacon. La dernière tombe représente aussi
une femme, Jeanne d'Argouges, femme de Robert Hamon, vivant en 1523. La
sculpture en est lourde et d'un gothique maniéré. Les Hamon, qualifiés, à
cause du fief de Campigny, maréchaux héréditaires de la ville de Bayeux,
portaient "d azur au chef d'or au chevron de gueules brochant". L'opulente
famille qui élevait à ses morts ces somptueux tombeaux, ne pouvait manquer
d'avoir pour ses membres vivants une demeure en rapport avec sa position
sociale. Aussi les seigneurs de Campigny, qui possédaient ce fief important
depuis le XIIIe siècle, avaient plusieurs manoirs dans l'étendue de leur
domaine.
A Campigny, auprès de l'église, se trouve l'un d'eux, construit sur
l'emplacement d'un château plus ancien et dont il ne reste que quelques
vestiges. C'est un joli édifice datant de la Renaissance. Une porte a trois
ouvertures, dont une grande et deux petites, surmontées de tourillons, donne
accès dans l'enceinte. Après avoir traversé une cour entourée par des
écuries et d'autres bâtiments du même genre, on franchissait, sur un pont de
pierre, le fossé existant devant la cour d'honneur. Là se trouvait le manoir
féodal aux fenêtres garnie de colonnettes et dont le style annonce, comme
époque de construction, le milieu du XVIe siècle. Au premier étage de ce
bâtiment, un appartement a conservé un riche spécimen de la magnificence qui
dut présider à l'ameublement et à la décoration de cette habitation. C'est
une admirable cheminée en pierre peinte et dorée, toute couverte de moulures
et d'ornements variés d'un goût exquis et d'une exécution parfaite. En
rapprochant cette œuvre précieuse de la Renaissance des tombes seigneuriales
et du groupe de la Trinité existant dans l'église, on est en droit d'en
conclure que les Hamon ne furent pas seulement de rudes et vaillants hommes
de guerre, mais qu'ils aimaient les arts et obéirent à ce grand mouvement
intellectuel, qui, sous François 1er et ses successeurs, produisit tant de
chefs-d'œuvre. Un mot en terminant, sur les Hamon et leurs successeurs. Les
Hamon, auxquels les chartes du XIIIe siècle donnent le titre de chevaliers,
prétendaient, et après eux leurs représentants, être propriétaires à Bayeux
de la porte Arborée, possession en retour de laquelle ils étaient tenus, en
temps de guerre de garder et de défendre avec leurs vassaux cet important
poste militaire.
En vertu de ce droit de suzeraineté, ils prenaient le titre de maréchal
héréditaire de la ville et château de Bayeux. Dans la lutte contre
l'invasion anglaise les seigneurs de Campigny se rangèrent sous la bannière
nationale. Aussi, en 1418, Henri V donna-t-il à Thomas de Haweton la
seigneurie de ce nom, dont il dépouilla Guillaume Hamon, spoliation qui,
comme la domination étrangère n'eut heureusement qu'un temps. Après la
disparition de la famille Hamon, l'important domaine de Campigny passa, en
ces temps modernes, dans la famille Duhamel de Saint-Denys, dont l'héritière
épousa, au XVIIIe siècle, Jacques-Exupère-Louis Bauquet-Surville, et décéda
le 29 mars 1806. Ce fut elle qui fit ériger, en 1772, le domaine de Campigny
en marquisat, au profit de son fils Bon-Louis-Charles Bauquet-Surville, mort
le 17 septembre 1828, avec le grade de maréchal de camp. N'ayant pas eu
d'enfants de son mariage avec Mademoiselle C. de Salignac-Fénelon, le
marquis de Campigny institua pour son héritier, M. Florestan Bauquet de
Grandval, son cousin dont la fille unique a épousé M. le comte Vigier, qui
possédait, à la fin du XIXe siècle, l'important domaine de Campigny. (1)
Éléments protégés MH : le portail d'entrée et le corps de bâtiment avec sa
cheminée monumentale du premier étage : classement par arrêté du 9 avril
1932. Les façades et les toitures du pavillon situé dans la cour du manoir :
inscription par arrêté du 13 avril 1933. (2)
manoir
de Campigny 14490 Campigny, propriété privée, ne se visite pas
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