|
Édifice du
début du XVIe siècle comme l´indique les décors des portes d'entrées,
probablement autour de 1530: les fenêtres à coussièges et à meneaux et
traverses, pinacles sur culots. Le manoir possédait une entrée monumentale,
un étang, un moulin, une chapelle, un colombier. Seules restent l'étang et
le colombier. Les terres s'étendaient au sud du grand chemin de Morlaix sur
les paroisses de Plounérin et de Guerlesquin sur plus de 700 hectares au XVe
siècle, 500 hectares à partir du XVIe siècle. La seigneurie possédait les
convenants suivants en Plounérin: Coatquis, Crec'h an Sec'h (où se
trouvaient les fourches patibulaires), Keravel, Lougoulaouen, Pen ar Stang,
Pen ar Vern, Penquenquer et Traou an Dour, soit 117 hectares. Les censives
appartenant à Lesmoal sur Plounérin sont: Cosdannot, Crech ar Marec, Le
Vieux Moulin du Faouet, Goazhalec, Kergoat et Traou an Dour Izelaff, soit 72
hectares. S'ajoutent les propriétés en Guerlesquin: Menez-Meur et la
chapelle Saint-Egonec, Goazivinic, Gollodic, Guignec, Kerbrunec, Kerhellou,
Kerlaëron, Kernostis, Kervranton, La Garenne, La Villeneuve, Salver et
Treusquer, soit 260 hectares. La seigneurie de Lesmoal est créée vers 1420
par démembrement de la seigneurie de Guerlesquin par Jean de Penhoet (amiral
de Bretagne entre 1401 et 1432) pour la dot de sa soeur cadette Isabeau
mariée à Jean de Bouteville baron du Faouet. En 1505, Morice Meur, receveur
et procureur de Loys de Bouteville, y habite comme métayer avec sa femme
Marie Guergabin. En 1540 Guillaume Meur qui demeure à Lesmoal depuis
plusieurs années, rachète la seigneurie à la famille Bouteville et Combout.
A partir de 1547, année du mariage de Morice Meur avec Julienne de Quelen
(écus sur la porte monumentale avec à gauche les armes de Maurice de Meur
"fasce d´azur surmonté d'un croissant" et à droite un mi-parti montrant au 1
"de Meur" et au 2 "de Quelen" (burelé d'argent et de gueules de dix pièces),
sur le pignon sud de la grange à lin et sur les hottes des cheminées des
salles basse et haute), le manoir se structure avec cour, basse-cour et
double porte fermant le pourpry, puis édification d'une chapelle et d'une
entrée monumentale. Suivant l'aveu rendu par Maurice de Meur en 1585, la
Chambre des Comptes reconnaît le droit de haute, moyenne et basse justice,
ce qu'elle confirme à la réformation du domaine royal de 1679. La famille de
Meur est officiellement reconnue noble par le roi. Cette même année, Yves
Kergariou, propriétaire du lieu, rend aveu au roi. Un cadran solaire décoré
d'un ange, d'une représentation de la lune et du soleil a été découvert dans
la tour d'escalier. Il porte l'inscription suivante "I: FOVCQVAVIT : 1580"
qui peu se traduire par "Fouquault" ou bien "Fou Celui Qui Va Vite".
A partir de la fin du XVIe siècle, les propriétaires semblent préférer
d'autres résidences (manoir de la Haye en Plouégat, Kerepol en Plouaret,
hôtel particulier à Saint-Pol-de-Léon ou Morlaix) et la propriété est mise
en fermage. A la fin du XVIIe siècle, le pavillon des métayers situé à
l'ouest de la cour, accolé à la grange à lin, est abandonné car il menace
ruine. Les métayers occupent alors une pièce du logis manorial. Au XVIIIe
siècle, les édifices ne sont plus entretenus et tombent en ruine: pavillon
des métayers, chapelle... A la Révolution, les biens de Kersauzon Vieux
Châtel, alors propriétaire, sont saisis, expertisés entre le 21 septembre
1794 et le 9 mars 1795 et vendus comme biens nationaux au juge de paix du
canton Aimable Alexandre Le Roy du Vieux-Marché, le 30 juillet 1796 pour 17
679 livres et 12 sols. Le descriptif de l'estimation de 1794 indique que
l'étage est composé de "trois chambres, trois greniers sans terrasses ny
baraseaux". Passé entre les mains de plusieurs propriétaires, le manoir est
mis en fermage dans les années 1870 où Jean-Marie Auregan fait construire
une maison bourgeoise appelée "Le château de Lesmoal" à 300 mètres au
sud-est. Le site est abandonné dans les années 1960. En 1993, François
Cotten et sa femme rachètent la propriété du manoir et restaurent l'ensemble
pendant plus de dix ans. Ils rehaussent la tour d'escalier en la couvrant
d'un toit en pavillon orné d'un épi de faîtage. Ils créent les lucarnes sur
le pan sud du toit en s'inspirant de divers manoir en Bretagne. Les armes:
les Cazin, métayers de Lesmoal qui appartenait aux Penhoet au XVe siècle,
copient probablement leurs armes: "d'or à la fasce de gueules" pour Penhoet,
"d'argent à la fasce d'azur" pour les Cazin et de Meur. Cette dernière fut
divisée au XVIIIe siècle par une cloison pour former deux chambres. Une
deuxième cheminée fut alors aménagée dans le mur de refend.
Le manoir se situe à flanc de colline entre 190 et 200 mètres d'altitude. A
l'origine, l'accès au manoir se faisait à l'ouest depuis le chemin de la
"Clarté à Guerlesquin" par une allée longue de 120 mètres. Depuis 1998, une
autre allée a été créée au sud. Elle remploie deux piliers de granite
marqués de blasons: à gauche, les armes de Maurice Meur "fasce surmontée
d'un croissant", à droite mi-parti "de Meur" et "de Quelen", ouvrant sur la
route départementale D 56. Manoir construit en pierre de taille de granite,
de plan allongé avec tour d'escalier en vis hors oeuvre sur façade
postérieure. Cour fermée au sud avec entrée à porte piétonne et porte
cochère. Il est flanqué à l'ouest en retour d'équerre d'une grange à lin.
Logis à un étage carré et à comble à surcroît percés de trois lucarnes
modernes. La première reprend le modèle de Kerocou à Ploujean, la seconde...
et la troisième... Le rez-de-chaussée et l'étage sont percés de deux
fenêtres à traverse et d'une fenêtre à meneau et traverse avec linteau à
double accolade. Le logis est couvert d'un toit à longs pans et pignons
découverts à rampants. Au rez-de-chaussée, salle et cuisine séparées par un
mur de refend avec passe-plat, sont desservies chacune par des portes
jumelées en arc brisé avec arcades moulurées et voussures en accolade,
ornées de choux, crossettes et fleurons, et accostées de pinacles reposant
sur des culots. La porte de droite dessert la cuisine, la porte de gauche
ouvrait directement sur la salle basse avant qu'un mur de refend ne soit
construit probablement par Pierre Kergariou (XVIIe siècle) créant ainsi un
couloir desservant la salle basse, la cuisine et la tour d'escalier et
rendant caduque l'utilisation du passe-plat aménagé dans le mur de la
cuisine. Cette dernière possède une arrière cuisine sur sol en terre battue.
A l'étage, salle haute et chambre à feu, doublée d'une garde robe et dotée
de latrines. La cuisine est exceptionnelle par son aménagement avec fontaine
intérieure, évier surmonté d'une étagère, cheminée composée de piédroits
chanfreinés avec congés sculptés, de corbeaux moulurés et chanfreinés à
coupes obliques accostés de trois corps de moulures superposés en
encorbellement et d'un linteau oblique coiffé d'une corniche moulurée
surmonté d'une hotte avec arc de décharge. La cheminée de la salle basse
possède des jambages en demi-colonne avec listel et cavets surmontés de
corbeaux très moulurés et un linteau oblique coiffé d'une corniche moulurée.
Elle est accostée de corps de moulures latéraux. (1)
Éléments protégés MH : le logis et la grange à lin ; les façades et les
toitures des bâtiments annexes du manoir : inscription par arrêté du 4
février 1997. Le colombier : inscription par arrêté du
26 mai 1997.
manoir de Lesmoal 22780 Plounérin, tel. 02 96 05 60 70, ouvert au public en
août et septembre.
Ce site recense tous les manoirs de France, si vous possédez des documents
concernant ce manoir (architecture, historique, photos) ou si vous constatez
une erreur, contactez nous.
Licence photo©webmaster B-E, photos ci-dessous interdites à
la publication sur Internet, pour un autre usage nous demander.
A voir sur cette page "châteaux
des Côtes d'Armor" tous les châteaux recensés à ce
jour dans ce département. |
|