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Le fief du Châtellier est mentionné la première fois en
1341 dans un aveu. A cette époque, cette importante seigneurie relève de la
châtellenie de Miermaigne. Mise à sac durant la guerre de Cent Ans, la
propriété est vendue à la famille Montdoucet dont l’un des membres, Bertrand
de Montdoucet, est très certainement responsable de la reconstruction du
manoir au début du XVIe siècle. Le 8 février 1614, la seigneurie du
Châtellier retourne dans le giron des Montdoucet avec son rachat par
Maximilien de Montdoucet. Le riche seigneur qui venait d’acheter la
seigneurie du Grand Mesnil, fait très certainement réaménager voire
reconstruite "noblement" le manoir dans les années 1614-1620 dans le style
Renaissance en vogue à cette époque : réfection de toutes les ouvertures
dont les encadrements sont alors ornés de chambranles moulurés (à
l’exception d’une demi-croisée au niveau du fournil qui semble d’origine),
reconstruction des cheminées de la salle et de la cuisine. D’après un acte
notarié daté du 4 août 1626, la propriété consiste "en un château composé de
plusieurs pavillons et autres bâtiments clos de fossés et lors à pont levis
; une basse-cour composée de maison manable, grange, étable, colombier et
autres bâtiment et édifices, cour et trois jardins, le tout clos de fossés
et de murailles, un puits dans la dite basse-cour et 120 arpents tant de
terre labourable". Reflet d’un état certainement médiéval, le plan
géométrique de 1767 montre un site défensif avec haute et basse cours,
entourées de douves en eau. En 1662, la seigneurie du Châtellier est réunie
à celle de Frazé par Antoine de Gramont. En 1902, Joseph Dulong de Rosnay
qui avait acheté le château de Frazé en 1896, se porte acquéreur du
Châtellier qu’il restaure. A cette occasion, il fait déposer les épis de
faîtage de plomb ouvragés, emblèmes seigneuriaux du Châtellier, pour les
conserver au château de Frazé. Occupé par les Allemands durant la Seconde
Guerre mondiale, le manoir est quasiment en ruine en 1957, date à laquelle
l’actuel propriétaire le restaure (réfection complète de la charpente et de
certains planchers).
Le Châtellier se situe au sud du bourg, à quelques centaines de mètres.
L’ancien site seigneurial entouré de douves en eau comprenait haute-cour
(manoir accessible par un pont-levis) et basse-cour (ferme et colombier). Il
ne subsiste qu’une partie du manoir, entouré de douves sèches. Les traces
d’un pilier du pont-levis sont toujours visibles sur le mur sud de la
tour.Le manoir compte plusieurs corps de bâtiments organisés en U et
ménageant une cour ouverte au sud-est, autrefois fermée d’un autre bâtiment
détruit. Il s’élève sur trois niveaux habitables : un étage de soubassement,
un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré. L’aile principale est divisé
en trois espaces : la cuisine, la salle et une chambre (ancienne cuisine,
comme tendent à le montrer les vestiges d’une cheminée). En retour d’équerre
à l’est, se trouve le fournil, qui conserve également les vestiges d’une
cheminée ainsi que les traces d’arrachage de la voûte détruite. Flanquée à
l’angle de l’aile principale, se situe une première tour de plan carré. Elle
abrite l’arrière cuisine au rez-de-chaussée surélevé sur cave voûtée, et
cabinet à l’étage carré. En façade postérieure de l’aile principale se
situent un cellier ainsi que la tour hors-œuvre abritant l’escalier rampe
sur rampe. Ce dernier permet l’accès à deux caves voûtées situées sous la
cuisine et le cellier (étage de soubassement) ainsi qu’à une chambre et un
cabinet (étage carré). Les cheminées de la cuisine et de la salle,
identiques, sont adossées au même mur de refend. En pierre de taille
calcaire et de style Renaissance, elle possède des piédroits ornés de
volutes et de feuilles d’acanthe en bas-relief. La cuisine dispose également
d’un évier sous la fenêtre ouest, et de niches aménagées dans les murs. Les
soubassements des murs sont en pierre de taille de grison, matériau que l’on
retrouve également au niveau des chaînages d’angle en alternance avec la
pierre de taille calcaire. Les murs en brique rouge et noire sont ornés de
motifs géométriques. Une partie des murs de l'ancien fournil sont en
moellons de silex, partiellement couverts d'un enduit. Les ouvertures, en
pierre de taille calcaire, possèdent majoritairement des chambranles
moulurés. La façade ouest, la plus ostentatoire car visible depuis l'entrée
de la propriété, reçoit des fenêtres à meneaux et à traverses, ou des
demi-croisées organisées en travées. Un œil-de-bœuf encadré d'un décor
d'oves, aujourd'hui obstrué, éclairait la salle. Plus dissuasives
qu'opérationnelles, des bouches à feu sont aménagées dans les murs donnant
sur l'extérieur, plus particulièrement sur l'accès, l'ancien pont-levis
étant de ce fait bien protégé.Couverts en ardoise ou en tuile plate, les
toits sont en pavillon (tours) ou à longs pans et à croupes.
Éléments protégés MH: les façades et les toitures ; l'escalier intérieur ;
les cheminées des deux pièces principales du rez-de-chaussée et d'une salle
du premier étage : inscription par arrêté du 7 mars 1975. (1)
manoir du Châtelier 28160 Frazé, propriété privée, ne se visite pas.
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