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Une forge,
alimentée par les sablières de Rougemont (Vichères) et de Saint-Serge, est
attestée à Miermaux dès le Moyen-Âge central (XIIe siècle). Un incendie est
signalé en 1356, ainsi qu’une reconstruction en 1545. L’affinerie de "Miarmoust"
est en activité en 1548, probablement alimentée en fonte par le haut
fourneau de la Sohorie, établi vers 1538. Peu d’actes concernent cet
établissement, qui fonctionne au moins jusqu’en 1555. Propriété de la
famille Peau, de Nogent, peut-être parente des maîtres de forges de La
Chaux, du Moulin Colin et de Carrouges à la fin du XVIe siècle, l’affinerie
de Miarmoust était, de 1548 à 1555, exploitée par Pierre le Mercier. Aucune
trace de l’établissement métallurgique ne nous est parvenue, si ce n'est une
quantité importante de laitier présente dans le sol sur tout le site. Une
expertise dendrochronologique portant sur la charpente et les planchers du
logis manorial situe sa construction autour des années 1573-1574 (date
d'abattage des arbres mis en œuvre en automne-hiver 1572). L'édification, à
proximité des ruines de l'ancienne affinerie, du manoir et par extrapolation
des dépendances (granges, étables, colombier) est à mettre à l'actif de
Jacques Le Mercier, descendant du maître de forge Pierre Le Mercier. Il
inscrit la construction dans son époque par le style Renaissance des
ornements d'ouvertures et des huisseries (Henri IV et Louis XII), par son
plan et ses façades sobres (tour d'escalier dans-œuvre, travées d'ouvertures
et recherche de symétrie).
Le 3 août 1604, la terre de Miermaux est vendue par les héritiers des
défunts Jacques le Mercier, sieur de Miermaux, et Jacqueline Bouteville.
Robert Maugars, sieurs de Tremblay, et son épouse Françoise Lesueur, se
portent adjudicataires pour la somme de 8624 livres. Maugars est un
bourgeois enrichi par son mariage et ses années de services comme marchand
pourvoyeur du comte de Soissons (résidant au château Saint-Jean) depuis
1592. L'accès principal se faisait par le nord-ouest (axe repris par la voie
de chemin de fer vers 1908) tandis que l'accès secondaire, devenu le seul
accès aujourd'hui, traversait à gué la Berthe au nord de la propriété (pont
en bois construit fin XIXe siècle). Après la Révolution, le manoir devient
une ferme. La cuisine de l'étage de soubassement devient une cave; un four à
pain et une laiterie sont construits sous un appentis accolé au pignon sud
(accès au four par la cheminée de la salle sud). En 1811, un certain Tauzé,
rentier à La Flèche, en est le propriétaire. Miermaux est baillé à ferme
tout au long du XIXe siècle à des locataires successifs. Eugène Neveu,
cultivateur, vit à Miermaux et sa famille dès 1903. Son fils Alexandre Cirou
Neveu, également cultivateur, en devient propriétaire en 1924. Il est très
probablement le commanditaire des travaux de réaménagement de la ferme:
construction des toits à porcs et du fournil, percement de nouvelles
ouvertures en brique sur les dépendances. L'activité agricole cesse au
troisième quart du XXe siècle. Le logis manorial a subi des transformations
au quatrième quart du XXe siècle.
Le manoir de Miermaux se situe au fond de la vallée de la Berthe, à un
kilomètre au sud-est du bourg de Trizay. Il comprend cinq bâtiments,
organisés en "O" autour d'une cour ouverte. À l'angle sud de la cour se
trouve le logis manorial. Adapté à la déclivité du terrain, il s'élève sur
un étage de soubassement, un rez-de-chaussé surélevé (accessible de
plain-pied à l'est) et un étage de comble desservis par un escalier en vis
compris dans une tour dans-œuvre. La façade principale est orientée à
l'ouest sur la cour. Un escalier extérieur droit donne accès au perron et à
la porte d'entrée. Cette dernière reçoit un décor Henri IV et Louis XIII:
chambranle mouluré, jambages saillants se terminant par des colonnettes à
chapiteau ionique portant un fronton cintré brisé coiffé d'un vase sculpté.
La porte, qui a conservé son huisserie d'origine, donne dans la tour
d'escalier. Elle forme une travée d'ouvertures avec la lucarne en
demi-croisée qui la surmonte et qui éclaire la partie supérieure de la tour
d'escalier. À l'étage de soubassement se trouvent plusieurs pièces voûtées
dont l'ancienne cuisine au nord (qui conserve sa cheminée),
l'arrière-cuisine, quatre caves ou celliers et deux vestibules. Depuis la
cave sud-ouest, un escalier de service très pentu donne accès à une
vraisemblable chambre de domestique au niveau supérieur.
Le rez-de-chaussée surélevé comprend deux grandes salles distribuées par la
tour d'escalier. La salle nord bénéficiait de beaucoup de lumière par ses
cinq baies (deux croisées et trois demi-croisées) alors que la salle sud ne
possède que deux croisées (une porte obstruée à l'est donnait accès de
plain-pied au jardin). Les encadrements de ces ouvertures ainsi que leurs
appuis sont à chambranles moulurés. De style Renaissance, la cheminée
monumentale de la salle sud dispose de piédroits saillants à deux pilastres,
de corbeaux en doucine et d'un manteau mouluré portant une hotte droite
couronnée d'une large corniche. Le fond de cheminée a été percé
postérieurement d'une niche et d'une entrée de four (voûte du four détruite
mais bouche toujours visible). Deux portes encadrant la cheminée
permettaient l'accès à des probables cellier et laiterie. De l'autre côté de
la pièce, une dernière porte donne accès à la chambre de domestique. La
cheminée de la salle nord du même style que la précédente se démarque par
ses piédroits assez frustres en volute se terminant par une colonnette
surmontée d'un chapiteau ionique. À l'arrière de la tour d'escalier, se
situe une petite chambre, à l'étage entresolé au-dessus de la chambre de
domestique. Une lucarne en demi-croisée à chambranle mouluré éclaire la
pièce. Cette dernière possède une cheminée de style similaire aux
précédentes: piédroits saillants à volute sculptée, console ornée de
glyphes, manteau mouluré, hotte droite sans décor et large corniche. L'étage
de comble servait de grenier, tout comme le faux-comble accessible par des
échelles de meunier depuis l'étage de comble. La balustrade en bois qui
surmonte la cage d'escalier (balustres et appuis sculptés) est probablement
d'origine.
Un pigeonnier, installé tardivement au-dessus de la balustrade conserve une
partie de son cloisonnement léger en bois. Les planchers sont d'origine
également, tout comme la charpente constituée de cinq fermes de comble (la
ferme centrale étant réduite, coiffant simplement le mur de refend sud). Les
autres fermes sont constituées d'un entrait (faisant office de poutre
maîtresse soutenant les solives du plancher du grenier), d'un faux-entrait
(poutre maîtresse du plancher du faux-comble), d'un poinçon court (pénétrant
dans le faux-entrait), de jambes de force, de blochets et d'arbalétriers.
Des pannes faîtières et sous-faîtières reliées entre elles par des liens
obliques assurent un bon contreventement. Au sud-ouest de la cour se situe
une grande dépendance agricole servant de grange, d'étable et d'écurie. La
partie la plus ancienne, la grange, possède des murs gouttereaux en pan de
bois (pignons reconstruit tardivement en pierre) et une charpente à cinq
fermes d'origine. En retour d'équerre au nord-ouest se situe une étable
accolée au pigeonnier. De plan carré, ce dernier s'élève sur deux niveaux.
Le rez-de-chaussée percé d'une porte et d'une petite fenêtre donnant sur la
cour (fonction défensive possible, à en croire les deux meurtrières
encadrant l'angle nord, juste au niveau du portail d'entrée). À l'étage, les
murs intérieurs sont aménagés pour recevoir les boulins (lits de pierre de
taille calcaire alternativement ajourés). La charpente d'origine en enrayure
est également conservée. Au nord-est de la cour se trouve un autre bâtiment
d'exploitation formant un "L" et comprenant plusieurs corps. Aux extrémités
des deux ailes se situent une grange et une étable au nord, ainsi que des
étables au sud-est, bâtiments reliés entre eux par un hangar construit
tardivement. La partie grange conserve son mur postérieur en pan de bois. Un
fournil et une remise accolée complètent l'ensemble. Les murs sont en
moellons de calcaire couvert d'un enduit plein (à l'exception des murs des
dépendances les plus anciennes, en pans de bois hourdés en torchis ou en
maçonnerie). Les encadrements des baies et les chaînages d'angles sont en
pierre de taille calcaire (sauf certaines ouvertures de dépendances en
briques, et plusieurs en béton sur le logis). Les toits à longs pans et en
pavillon (pigeonnier) sont couverts en tuile plate. (1)
manoir de Miermaux 28400 Trizay-Coutretot-Saint-Serge, propriété privée,
ne se visite pas.
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