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Le manoir de Kérérault, en 1426,
appartient à Yvon de Kerérault blasonnant "d’azur fretté d’argent, une fleur
de lys de même sur l’azur, en chef". Quelques années plus tard, y vit Hervé.
Dans la première partie du XVIIe siècle, il passe de Geneviève et de
Jacquette de Kérérault aux de La Marre qui, eux, ont pour armes "de gueules
au croissant d’argent accompagné de trois coquilles de même" et qui figurent
à l’arrière-ban de Cornouaille en 1694, après avoir été signalés à la
Réformation de 1670. En 1673, Jean de La Marre est seigneur de Kérérault,
mais deux ans plus tard le domaine appartient à Robert du Louet, sieur de
Coatjunval en Ploudaniel et de Keranc’hoat en Loperhet. Ce sont les Le Louet
qui, en mai 1695, font appel à Etienne Testard, comme intendant général de
leurs biens, lequel s’établit à Keranc’hoat. En 1712, Paul-Etienne Testard
épouse Rosalie Le Ségalen, héritière du manoir du Cosquer qui avait été
auparavant la propriété des Kérérault. Pour en revenir à ce dernier manoir,
notons une alliance avec les Courserac, et Mlle de Courserac la dernière du
nom, laisse le manoir au fils de son second mari, Etienne-Jérôme Le Fébure
de La Paquerie, maire de Plougastel-Daoulas, né à Saint-Jérôme de La Petite
Rivière (Saint-Domingue), en 1782. Ce dernier avait d’abord épousé
Marie-Rose Barazer de Lannurien, née à Brest, le 3 novembre 1812. De leur
union naquirent Louis-Marie, née à Brest, le 20 août 1813, et Sophronie, née
également à Brest, le 8 juillet 1828, laquelle épousa, à Plougastel-Daoulas,
le 2 octobre 1853, Armand Testard du Cosquer, chef de bataillon d'infanterie
de marine, né au Passage Plougastel en 1819. Et c’est ainsi que le manoir de
Kérérault passa à la famille Testard du Cosquer.
On retrouve leur fils Armand-Etienne, né au manoir, le 17 juin 1860, comme
caissier de la Banque de France à Lorient, en 1893. Mais il n’hérita pas au
manoir qui passa d’abord à son frère Jules, puis à son autre frère
Jean-Aimé. Ce dernier, né au Passage le 2 décembre 1800, médecin de marine,
fut maire de Plougastel. C’est lui qui vendit le manoir, en 1863, à l’Amiral
Romain-Joseph Desfossés, époux d’Hortense Guillou. Romain-Joseph Desfossés
naquit à Gouesnou, le 8 décembre 1798, au manoir de Bourgneuf, dont l’un des
propriétaires fut le Baron Lacrosse. Le manoir revint à
Georges-François-Jacques Romain-Desfossés qui vint s'y installer vers 1913,
alors que son père préférait l’appartement du 25 de la rue du Château à
Brest, du moins pendant les "mois noirs". Auparavant, il avait séjourné à
Levallois-Perret où il avait eu des démêlés avec la justice pour avoir pris
part à des manifestations royalistes. Il persévère d’ailleurs dans ses idées
puisque le 14 octobre 1913, il prend la parole à Brest au cours d’une
réunion royaliste organisée par M. de Riverieulx, avocat, militant de
l’Action française. Et en fin d'octobre de la même année, lors du Congrès du
Sillon, il fait une conférence royaliste à Plougastel. Cela ne l’empêche pas
de mettre sur pied une société par actions en vue de la construction d’une
usine de confiture à Plougastel et de s’adonner à la peinture.
Artiste-peintre réputé, il s’exile plus tard à Elisabethville, au Congo, où
il devient Directeur-fondateur de l’Académie des Arts Congolais. C’est
d’ailleurs là qu’il meurt, le 31 mars 1954.
Ce qu’il y a de plus remarquable et qui pose une énigme sur ce manoir, ce
sont les restes de tours et de murailles qui surplombent la coulée de l’Elorn.
Ce sont assurément de solides vestiges de fortifications qui défendaient
l’embouchure de cette rivière contre les invasions, qu’elles soient
anglaises ou espagnoles, et par là même, la route maritime de Landerneau
dont l'importance, à l’époque, n’a rien à voir avec l’actuel déclin de ce
port. Le havre de Saint-Jean était presque au pied du château, et naguère,
navires de commerce et de guerre venaient s’y réfugier. Y a-t-il une
relation avec cet état de fait et les fortifications? Le manoir actuel, en
équerre, construit en un mélange qui n’est pas désagréable à l’œil, de
pierres de Logonna et de kersantite, a été privé, à une date que l'on
ignore, de la tour d’angle octogonale qui devait donner un certain cachet à
l’édifice. Au-dessus de la porte d’entrée s'inscrivent une date: 1623, et la
devise ramassée des Kérérault: "Mourir pour vivre, vertu suivre, vrai
honneur retenir, de Kéréault le désir". La chapelle voisine, sans aucun
caractère, possédait jusqu’à ces dernières années une pierre votive en
schiste rappelant qu’elle avait été construite à la suite d’une épidémie de
peste. Au cours de récents travaux, un ouvrier brestois la brisa d’un coup
de barre de mine en voulant découvrir, avoua-t-il, le trésor caché. Bien que
de nombreux objets aient disparu du manoir et du garde-meubles où on avait
abrité quelques-uns des souvenirs, au cours de la dernière guerre, on peut
encore voir, à l’intérieur, un tableau représentant le combat du
"Formidable" du 13 juillet 1801. (1)
manoir de Kérérault 29470 Plougastel-Daoulas, propriété privée, ne se
visite pas.
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