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Accroché à son
promontoire rocheux, le petit village médiéval de Flaugnac domine la vallée
de la Lupte. Ses demeures ruinées dressent encore fièrement leurs hautes
silhouettes, rappelant aux hommes l’existence oubliée de ce castrum du pays
des Vallées. Inclus dans la vaste baronnie de Castelnau-Montratier,
autrefois nommé Castelnau de Vaux, Flaugnac est attesté dès le XIIIe siècle
lors d’une transaction. Le fort; nom du castrum en Quercy, s’est développé
sur un périmètre circulaire d'environ 250 mètres à l'extrémité du site. Un
fossé d’enceinte isolait le fort proprement dit du reste du promontoire.
Cette enceinte était percée de quatre portes. La demeure seigneuriale,
résidence du baron de Castelnau, occupait sans doute une superficie
importante. Situé à côté de l’église primitive, qui a été démolie, cet
ancien château a entièrement disparu. Nulle gravure, nulle eau-forte, nulle
peinture si elles ont jamais existé, ne nous sont parvenues pour donner une
idée de son allure. Les maisons nobles construites par les milites castri se
suivaient le long des ruelles étroites, hautes, accolées ou séparées par des
venelles, elles furent les logis de familles dont la plupart allaient
disparaître dans la tourmente de la guerre de Cent Ans: les Cas, les Rozet,
Lauriac, Audoyen, Meichonés, Montaigut, Escayrac, La Pérarède...
Ces derniers occupèrent vraisemblablement la maison carrée en partie
conservée située à l’extrémité du fort, qui abrite une somptueuse cheminée
du XVIe siècle. Les La Pérarède semblent avoir été les chevaliers les plus
importants du castrum. Leur existence remonte au XIIe siècle. Au siècle
suivant, ils bénéficièrent de l’appui des papes en Avignon, tous originaires
du sud-ouest. Après avoir été de la mouvance de Jean XXII, Arnaud-Bernard de
La Pérarède fut nommé archevêque d’Aix en 1348 par Clément VI, puis cardinal
en 1368 par Urbain V, enfin patriarche d’Alexandrie à la fin de sa vie.
Cette haute distinction permit aux autres membres de la famille, outre de
nombreux avantages, de nouer au fil du temps des alliances avec toutes les
familles nobles de la région, et d'agrandir leurs possessions. Ils devinrent
seigneurs de Boisse. Autre famille noble de Flaugnac, les Meichonès eurent
eux aussi un vénérable ecclésiastique: Bertrand, évêque d’Apt, puis
archevêque de Naples en 1358. Siccart de Montaigut, évêque de Cahors en
1294, fut, également, apparenté à une vieille lignée présente à Flaugnac dès
le XIIIe siècle. Les Escayrac, ancienne famille de la noblesse militaire,
eurent leur résidence dans le fort dès 1260. Ils disparurent du lieu vers
1351, et furent remplacés dans leurs demeures aussi bien au village même que
dans leur repaire situé à extérieur, par les Montaigut. Le village sera pris
en 1350 par les armées de Bertrand de Cardaillac. Pendant les guerres de
Religion, il sera investi en 1572 par la troupe protestante du capitaine
Reynès, puis reconquis la même année par l’amiral de Villars.
Mais le site va bientôt péricliter, victime de son isolement, et de son
espace trop restreint pour lui permettre de se développer. La seigneurie
devenue la propriété des Roquefeuil depuis le XIVe siècle est achetée en
1760 par le régisseur de leur descendant, le sieur Bonal. Celui-ci adoptera
un comportement si odieux qu’il se fera rapidement détester par la
population. En 1790, une bande armée de paysans investit le village. Une
mise à sac sévère du château des Bonal est entreprise en représailles des
exactions commises par le nouveau venu. Le bâtiment sera en partie détruit,
les réserves de vivres entièrement vidées. "Ayant pénétré dans le château,
ils brisèrent les fenêtres, montèrent en haut de la tour qu’ils découvrirent
et en jetèrent les tuiles sur le toit du dit château auquel ils allaient
mettre le feu lorsqu'ils furent retenus par la craint d’incendier l’église
qui est joignante, mais voulant détruire le dit château, ils commencèrent à
en saper les fondements ce qui occasionna la chute de parties de la
cheminée, ce qui leur fit quitter l’entreprise de crainte d’être enseveli
sous les ruines", notera l’auteur d’un rapport adressé au lieutenant de
Prévôté de la maréchaussée de Guyenne. On ignore les suites de cette mise à
sac. Au XIXe siècle, Flaugnac va peu à peu s’enfoncer dans le silence des
lieux quasi désertés. Le clergé avait récupéré une grande partie des
bâtiments du secteur oriental pour y loger ses prêtres. Les ruines du
château ancestral seront rasées pour faire place, malgré les ouailles
clairsemées, à une nouvelle église. L’inéluctable déclin d’un site devenu
obsolète était déjà en marche. Une partie du bourg est classé depuis 1953.
En 1504, lors du dénombrement ordonné par le roi Louis XII pour le service
du ban et de l’arrière-ban, Blaise de La Pérarède, seigneur de Boisse,
déclare tenir la métairie de Lacoste, pour la valeur de "deux paires de
bœufs, deux journaux de vigne et dix de pré". La demeure actuelle a subi des
remaniements destinés à lui donner l’allure d’une vaste maison cossue de
style quercynois, avec sa tour carrée engagée dans la façade principale. (1)
manoir de Lacoste 46170 Saint-Paul-Flaugnac, propriété privée, ne se
visite pas.
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