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La
Bérardière en Saint-Bômer, ancienne habitation de la famille noble des
Roussel, est un beau manoir reconstruit en 1627 et n'ayant subi aucune
modification depuis cette époque. Il reste ainsi un type véritable des
gentilhommières normandes du XVIIe siècle. On accède à la porte d'entrée
principale par un perron en granit d'un très bon style. Le vestibule, qui
occupe toute la profondeur de la maison, renferme un vaste et très
remarquable escalier en bois, genre Renaissance, dont les deux étages se
profilent avec une ampleur imposante. Le grand salon, la salle d'autrefois,
décoré en entier de boiseries Louis XV, avec panneaux de peinture en
camaïeu, est encore garni de meubles anciens, recouverts en tapisserie ou en
lampas. Le petit salon, orné de boiseries Louis XVI, renferme douze panneaux
peints représentant les attributs de la chasse, de la pêche, de
l'agriculture, etc., en style du temps. Dans les jardins, derrière le
manoir, on remarque un curieux pavillon carré, style Renaissance,
constituant un véritable donjon, une tour de refuge, où les habitants du
logis pouvaient se retirer et attendre des secours, soit de leurs voisins,
soit de la garnison de Domfront. Au XVIe siècle, l'insécurité des campagnes
rendait encore ces précautions nécessaires, surtout durant les luttes
ardentes occasionnées par les guerres de religion ou les troubles de la
Ligue. Par un escalier en pierre, placé en dehors, on arrive au premier
étage, simple chambre carrée, avec une grande cheminée en granit. Une porte
étroite donne accès à l'escalier en tourelle, au mur percé de meurtrières
dans toute sa hauteur. Le rez-de-chaussée de cette tourelle n'offre aucune
ouverture. Au deuxième étage, même chambre, même cheminée et sept
meurtrières, visant les approches du dehors. Les combles sont formés par une
haute charpente quadrangulaire; cette charpente repose sur l'extrémité de
poutres carrées, qui tout autour dépassent les murs de 40 centimètres et
laissent entre elles des intervalles, constituant des mâchicoulis bien
conservés. La chapelle, simple petit oratoire, renferme un très bel autel en
bois sculpté et doré, du temps de Louis XIV; il provient d'un château royal.
Autour de l'habitation, s'étendent de grands bois séculaires, le long de
curieuses promenades sur des haies très fournies et très larges.
Telle est cette habitation des Roussel, qui ont fourni au clergé de pieux
ecclésiastiques, aux armées royales nombre de valeureux soldats, à la
magistrature plusieurs remarquables sujets parmi lesquels nous pouvons
signaler surtout J.-H. Roussel de la Bérardière, professeur royal de Droit
français à l'Université de Caen, conseiller honoraire au bailliage et siège
présidial de cette même ville, mort à la Bérardière en 1801. Ce magistrat
est l'auteur d'une Dissertation sur les crimes et les moyens de les
détruire, couronnée en 1773 par l'Académie des sciences et belles-Lettres de
Mantoue, ainsi que de l'Institution au droit de Normandie. Le dernier
représentant mâle de la famille, Henri-François-Anne de Roussel, professeur
de médecine et d'histoire naturelle à Caen, né à Saint-Bômer le 11 juillet
1748, mort à Caen le 17 février 1812, a publié de nombreux travaux sur
l'histoire naturelle et la médecine; parmi ces ouvrages nous citerons la
Flore du Calvados, Caen, Poisson, 1795. Une seconde édition a paru, en 1806,
également à Caen. A l'extinction des Roussel de la Bérardière, leur héritage
a passé aux mains d'un poète, continuateur de leurs traditions littéraires,
M. Georges Bidard, qui a publié un gros volume de poésies: Feuilles tombées,
Domfront, Liard, 1874. Pendant la chouannerie, les royalistes commandés par
Moulin séjournèrent quelques semaines à la Bérardière. C'est dans la salle
du manoir qu'eurent lieu plusieurs entrevues du baron de Commarque, avec le
général républicain Guidai, alors que les principaux chefs des deux partis
conféraient à Pouancé. Dans son ouvrage sur Frotté, M. de La Sicotière
s'étend assez longuement sur ces entrevues, dont Guidai profita pour
soutirer, à deux reprises, une somme de cent louis chaque fois, à la caisse
des partisans du roi. Un officier royaliste, Roussel de Bois-Roussel, parent
du propriétaire de la Bérardière, commandait alors en second la division de
Flers. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du manoir, des tourelles
d'angle des communs, du pavillon des archives et de la chapelle ; le salon
avec son décor ; l'escalier avec sa rampe en bois : inscription par arrêté
du 3 mai 1974. Le parc du manoir comprenant : les façades et les toitures
des pavillons d'entrée et le portail les reliant ; les cours au nord et au
sud du manoir ; le jardin clos avec ses portes, ses escaliers, ses
murs de clôture ; le bois et l'herbage l'encadrant ainsi que l'étang;
l'avenue d'accès avec ses promenades et le bois situé à l'entrée; les
promenades est et le petit bois semi-circulaire : inscription par arrêté du
15 novembre 1995. (2)
manoir de la Bérardière 61700 Saint-Bômer-les-Forges, tel. 06 98 23 04
57, visite libre de l'extérieur le week-end toute l'année. Visites guidées
de l'intérieur sur RDV.
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Crédit photos :
M. Cottardin
sous licence Creative
Commons
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