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Le beau manoir des Perrignes est posé
à ravir sur un coteau dominant un des plus jolis sites de la vallée de
l'Huisne. Construit au XVIe siècle par les seigneurs de la Vove, sa
fondation remonte à peu près à l'an 1400. A cette époque, le propriétaire
s'appelait Robin Lonait-Laisné, seigneur des Perrignes. Vers 1400, Messire
Macé Louit en fit l'acquisition; ses descendants l'habitèrent jusqu'au
milieu du XVIe siècle. Ce domaine demeura toujours dans des proportions
modestes et appartint longtemps, au commencement du dernier siècle, à l'abbé
Brisard, conseiller de la grande Chambre du Parlement de Paris, et abbé
commendataire de l'abbaye de Saint-Prix, au diocèse de Noyon. Un plan du
XVIIIe nous restitue avec précision chaque partie du manoir et ses plans de
circulation par rapport au parterre à la française et à la cour où se
trouvaient les communs. Il passa ensuite à la famille de Chevesailles, mais
se trouve, à la fin du XIXe siècle, divisé entre cinq ou six propriétaires.
On y remarque une jolie tour carrée, renfermant la chapelle, et un colombier
féodal assez important. On voit aussi, à dix mètres au-dessus du niveau de
la rivière, une source très abondante et dont l'eau claire est excellente.
Les gentilhommières sont très répandues dans cette partie de l'Orne; elles
étaient habitées par de petits hobereaux ou d'opulents paysans; car le
caractère percheron a paru répugner de tout temps à la grande ambition.
Seigneurs et manants se contentaient d'une modeste aisance et ne faisaient
que des efforts limités pour en sortir. N'ayant jamais connu la misère, ils
n'avaient point la soif insatiable des parvenus et n'allaient guère tenter
la fortune hors de leur pays qu'ils aimaient. Cela détruit un peu les
légendes prétendues historiques des modernes publicistes, mais n'est pas
moins conforme à la réalité des faits. Dès l'année 1611, René Courtin
pouvait écrire: "Il faut reconnaître que la plupart des Percherons sont
paresseux, appesantis sur leurs cendres, et à la douceur et commodité du
pays, auquel ils s'attachent, faisant valoir et mesnageant chacun sa petite
closerie ou métairie, sans pousser leur fortune plus outre, encore qu'ils
soient de fort belle venue et qu'ils pourraient faire quelque chose de bon,
tellement qu'il est tenu en proverbe d'eux: ce sont les poulains du Perche.
Ils se défont au croître; ce qui ne s'entend pas, continue l'auteur, que
l'âge venant rabaisser leur esprit les rend imbéciles; l'expérience nous
donne la preuve de ceux qui se sont tirés du pays et ont brusqué la fortune
aux autres provinces, hanté la cour ou le palais, où ils se sont fort
avancés chacun dans la vocation qu'il avait entreprise; mais c'est qu'ils
sont chatouilleux des délices du pays et s'y amusent, non de vérité en
oisiveté, mais en la culture et mesnagement de leur patrimoine, dont ils se
contentent sans désirer ni autres grandeurs ni richesses qu'ils pourraient
trouver aux provinces. De vérité c'est une grande félicité de se contenter
d'une médiocre fortune, vivre et mourir en cultivant l'héritage paternel".
(1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, ainsi que l'escalier du
logis ; les façades et les toitures du colombier ; le jardin et ses murs de
clôture : inscription par arrêté du 24 novembre.
manoir des Perrignes 61110 Saint-Maurice-sur-Huisne, tél. 02 33 73 77 33,
parc ouvert au public du 15 avril au 15 juillet de 14h à 18h. Jardins de
style anglais mixed borders, grande variété d'arbustes et vivaces, jardin
blanc, bassin de nénuphars. Ouvert également aux Journées du Patrimoine
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