Ce manoir construit au XIVe siècle a pu être étudié de près grâce à la très grande obligeance de ses propriétaires. Le logis-tour rectangulaire présente de nombreuses caractéristiques donnant une bonne image d’un logis de petit chevalier au XIVe siècle. Il mesure environ dix sur sept mètres soit une implantation au sol d’environ 70 m². Il est haut de deux niveaux (mais il est possible qu’il ait été dérasé d’un demi-niveau; la hauteur de la tourelle, l'absence de rampants moulurés et la pente très accentuée de la toiture ne donnent en effet pas de certitude quant à la hauteur originelle des gouttereaux. Son rez-de-chaussée est surélevé sur une cave autrois quarts enterrée. Ses murs, en tout-venant non lité, sommairement chaînés aux angles, sont épais de 0,83 mètre. Les fenêtres étaient sur une seule travée côté cour, vers l'extérieur n’ouvraient que de petit jours (les croisées actuelles sont des restitutions). Une petite baie à large chanfrein et un remploi de modénature à cerne de tore indiquent que l'édifice est bien du XIVe siècle. L’évolution du bâtiment est tout aussi spécifique. Au XVe siècle, il a été flanqué d’une tourelle circulaire d'escalier de plan outrepassé. Celle-ci n’est pas côté cour et n’a pas de porte vers l'extérieur (il faut traverser la pièce du rez-de-chaussée pour accéder à la vis). Elle surveille le chemin d'accès et contribue à transformer ainsi le manoir en véritable maison-forte. En effet, le logis-tour a été agrandi vers la même époque d’un court retour d’aile plus bas; à l’étage de celui-ci s'ouvre une porte donnant sur le chemin de ronde d’une petite enceinte clôturant la cour. Par la suite, ce nouveau corps a été percé vers l'extérieur de croisées dont la modénature est caractéristique de la troisième décennie du XVIe siècle. La naissance du Petit-Coudray résulte sans doute du partage du domaine du Grand-Coudray attesté avec une famille éponyme depuis 1252. On y voit la chronologie de l’évolution de beaucoup de manoirs sarthois: un logis préexistant reçoit un flanquement au milieu de la façade extérieure. Un court agrandissement en retour d’aile est solidaire d’une enceinte défensive. Pendant les deux premières phases, les ouvertures vers l'extérieur sont parcimonieuses et se concentrent côté cour. Mais à la fin du XVe ou au XVIe siècle, des croisées sont largement percées en façades externes. (1)

manoir du Petit Coudray 72250 Challes, propriété privée, ne se visite pas.

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(1)   Donjons et manoirs en Maine Oriental (Sarthe) : Charles-Laurent Salch

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