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Sénitot était un fief relevant de la chàtellenie
d'Orcher. D'après M. Charles de Beaurepaire, il est cité dans un contrat de
1477, par lequel Jacqueline Crespin et Pierre Ercambourg, son mari, fieffent
à Jean Le Coq, tout le domaine de Sénitot. Un peu plus tard, en 1502, nous
trouvons ce fief en la possession de Loys de Viennens, procureur d'Harfleur.
En 1523 Loys de Viennens était mort et ce fut vraisemblablement sa veuve,
Marie Erquemboult ou Erquembourg, qui fit construire le manoir entre les
années 1528 et 1536. En 1557, apparaissent les Brachon et en même temps le
nom de Bévilliers. Ce nom, dit M. Stéphano de Merval, était celui d'un fief
des environs de Lisieux, qui appartenait aux Brachon. Peu à peu l'usage le
substitua à celui de Sénitot. Dans les dernières années du XVIe siècle, un
Brachon embrassa le protestantisme. Dès 1596, un prêche fut établi à
Bévilliers, et, en 1607, un temple fut édifié dans un petit val à l'ouest du
manoir; mais en 1685 le culte protestant fut interdit, et les échevins
d'Harfleur décidèrent la démolition du consistoire de Bévilliers. A la suite
de la révocation de l'édit de Nantes, Charlotte Dulac, veuve de Jean Brachon,
s'était réfugiée en Hollande avec ses filles. Elle avait laissé à Bévilliers
son fils Tristan-Lancelot, qui ayant perdu la raison, vécut d'abord relégué
dans une grange, puis fut, par ordre du Parlement, transféré au monastère
des Pénitents de Sainte-Barbe de Croisset, jusqu'à ce qu'enfin ses parents
lui donnèrent pour curatrice sa tante, Esther de Brachon, veuve de Jacques
du Quesne, sieur de Saint-Mards, domiciliée à Gonfreville-l'Orcher.
En 1707, après la mort de Tristan-Lancelot, Esther de Brachon se remaria
avec Jean-Baptiste Leroux, sieur de Touffreville, auquel elle apporta la
terre de Bévilliers. Mais en 17 19, Madeleine-Julie Brachon, sœur de
Tristan-Lancelot, revendiqua ce fief et vint l'habiter avec son mari, Pierre
Basnage, sieur de Bellemare, capitaine de cavalerie au service des
États-Généraux des Provinces-Unies, qui y mena grand train jusqu'à sa mort,
arrivée en 1732. Après eux, il faut citer Françoise Planteroze, veuve de
Charles-Etienne Duhamel de Gremonville, seigneur de Melmont et d'Orcher,
elle y fait faire de nombreuses réparations, les bâtiments étant en très
mauvais état, notamment la grange. Les briques sont fabriquées sur place par
Pierre Yger, briquetier à Angerville-Martel, les tuiles achetées au Havre et
les clous à latte à Montivilliers. Nous trouvons ensuite la marquise de Nagu,
et enfin M. le duc de Rochechouart de Mortemart, ancien député, propriétaire
au début du XXe siècle.
Le manoir de Bévilliers se recommande par l'élégance de ses proportions. Il
est construit en briques rouges, mais la pierre forme les coins, les
pilastres, les corniches et les encadrements des baies. Les moulures et
sculptures (médaillons, arabesques et têtes d'anges) sont caractéristiques
de la Renaissance. A l'intérieur on remarque des cheminées en pierre dont
une cheminée à cariatides avec les armoiries des familles de Viennens et d'Ercambourg,
un escalier à vis enfermé dans une tourelle polygonale et une ancienne
chapelle éclairée par une fenêtre trilobée. Sous la partie ouest de
l'édifice, est une cave dont les voûtes en pierre sont soutenues par de
grosses colonnes cylindriques. M. Alph. Martin a reconnu qu'elle avait
contenu des sépultures. (1)
Éléments protégés MH : le manoir de Bévilliers en totalité : classement par
décret du 6 novembre 1924 (2)
manoir de Bévilliers 76700 Gonfreville-l'Orcher, tel : 02 77 15 92 05,
parcours de golf, location salles pour réceptions et séminaires.
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