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Le toponyme, cité à cinq reprises dans le département,
s'applique ici non pas à un château exposé aux regards mais à une demeure
champêtre retirée dans un site boisé. Cette situation privilégiée de
chartreuse, confortée par la proximité de Poitiers, ainsi qu'une vocation de
domaine seigneurial avec garenne, grande métairie attenante, fuie
(aujourd'hui découronnée), suscitèrent l'intérêt des familles échevinales,
les Mourault, les Thoreau, puis les Forien par héritage. L'ancienne maison
noble décrite en 1688 (deux chambres basses, deux chambres hautes grenier
par dessus... chpelle, cour, cave, écurie, four, grange, cellier... le tout
clos de hautes murailles) et présentée comme vétuste en 1693, est
reconstruite pour les frères Simon-René et Charles Thoreau, l'un et l'autre
ecclésiastiques. Les travaux sont rapidement menés comme en témoigne le
millésime 1701 gravé sur la fausse lucarne axiale de la façade sur cour.
Leur descendante, Elisabeth Renée Thoreau de Saint-Chartres épouse en 1720
Thibault-François-Gaspard Forien, chevalier et seigneur de Saint-Juire. En
1770, ils vendent la propriété à leur cousin Jean-Elie Forien de la
Roche-Esnard, receveur des tailles de l'Election de Poitiers. Celui-ci
entreprend des agrandissements entre 1774 et 1780 sans pouvoir semble-t-il
les achever: décor intérieur du grand salon, construction des ailes
latérales (prévues semble t'il pour être couvertes en terrasse), bassins,
glacière. La propriété est ensuite divisée. En 1837 elle appartient à deux
propriétaires: madame veuve Debaudut, de Poitiers, pour la partie nord et
monsieur de la Barre, pour la partie sud. Elle est de nouveau reconstituée
en 1872.
Le logis se présente comme un rez-de-jardin surélevé, sous comble brisé
recouvert d'ardoise. Le corps central, simple en profondeur est flanqué de
pavillons latéraux dont le décrochement évite la monotonie et souligne le
jeu des horizontales. Le classicisme de la composition est rehaussé par la
qualité du décor architectural et de la stéréotomie: les hautes baies
rectangulaires se prolongent par des œils-de-bœuf cantonnés de volutes;
l'appareil régulier des trumeaux produit un effet inédit de brique et
pierre; la corniche et les es d'angle en harpe sont dessinées avec
précision. La seconde campagne de construction, menée entre 1774 et 1780
mais restée inachevée, incombe à Jean-Elie Forien, receveur des tailles.
L'adjonction de deux ailes latérales à usage d'offices n'affecte pas l'unité
de l'ensemble qui est complété par deux pavillons carrés implantés en
bordure d'une pièce d'eau (celui du nord relié à l'aile correspondante par
une terrasse, abritait la chapelle). La cour est aplanie, le parc aménagé,
une glacière creusée, les abords assainis par des bassins formant douves.
L'intérieur, largement ouvert à la lumière, attendait un décor raffiné dont
ne profite guère le propriétaire qui se dessaisit soudainement du Palais et
s'expatrie aux Antilles pour refaire fortune. Le rapprochement formel
esquissé parfois avec le Grand Trianon ne convainc assurément pas. Mieux
qu'une réplique rustique d'un inaccessible Versailles, cet édifice aux
lignes épurées est une création originale qui s'inscrit dans la continuité
du proche Fief-Clair. A ce titre, il mérite de figurer en bonne place dans
le corpus architectural du XVIIIe siècle provincial. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du corps de logis
principal et des deux ailes en retour ; le mur de clôture de la cour ; le
pigeonnier : inscription par arrêté du 29 décembre 1983. Les bâtiments
constituant le Palais, comprenant notamment les salons du corps de logis
principal avec leurs boiseries, ainsi que les deux pavillons, le parc et la
cour : inscription par arrêté du 6 février 1996.
manoir du Palais 86240 Croutelle, propriété privée, ne se visite pas.
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