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Cet ancien fief, qui
relevait de la châtellenie de Vivonne, était tenu à l'époque de la
construction du manoir par les Roatin, issus d'une famille échevinale de
Poitiers. Les dates de 1593 et de 1598, inscrites sur la margelle d'un puits
et sur le linteau d'une porte des communs, fournissent de précieux repères
chronologiques, indépendamment d'une possible allusion à des événements
majeurs (abjuration de Henri IV et édit de Nantes). L'entrée de la cour est
marquée par deux pavillons carrés, adossés aux communs qui forment deux
corps indépendants, à l'architecture soignée : l'aile située à gauche,
percée d'arcades en plein cintre assez larges pour y remiser des carrosses,
présente au second niveau des ouvertures rectangulaires ornées de volutes
gravées; l'autre aile, perpendiculaire à la précédente et disposée dans le
sens de la pente, hébergeait la domesticité.
La maison noble, élevée au début du XVIIe siècle, est un édifice homogène
dessinant un plan en forme de T, sur lequel se greffe au sud une petite
chapelle. Les élévations, empreintes de classicisme, s'ordonnent en travées
régulières: portes en plein cintre avec impostes saillantes et clé ornée
d'une pointe de diamant, hautes baies rectangulaires, alternance
d'œils-de-bœuf et de lucarnes à ailerons. La façade tournée vers le Clain,
soigneusement appareillée et soulignée de deux bandeaux horizontaux, est
pourvue d'un étage supplémentaire pour compenser la déclivité du terrain; la
travée axiale s'achève par une grande lucarne passante à fronton brisé. Le
vestibule d'entrée donne sur un escalier de pierre agrémenté d'une série de
balustres: il s'agit d'un rampe-sur-rampe à cinq volées droites. Une porte
sommée d'un fronton brisé ouvre sur une grande salle meublée d'une belle
cheminée. Une chambre a conservé les boiseries peintes de son alcôve: masque
central prolongé de guirlandes chargées de fruits, cuirs chantournés
surmontés de pots-à-flammes, et paysages champêtres, composent un décor
raffiné, de bonne facture. L'architecte a réalisé une œuvre originale par
l'équilibre de la composition et l'harmonie des façades. S'y révèlent les
qualités d'austérité et d'élégance qui, souvent, caractérisent le XVIIe
siècle. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures ; l'escalier intérieur
avec sa rampe à balustres en pierre ; la cheminée de la grande salle ; les
boiseries peintes de l'alcôve de la chambre au rez-de-chaussée : inscription
par arrêté du 4 octobre 1973.
manoir de Jorigny, rue du Bois de la Brie, 86370 Vivonne, propriété
privée, ne se visite pas.
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