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Vers 1260, pour protéger Villefranche de la maison de
Savoie, Guichard de Beaujeu, seigneur de Dombes, demande à son vassal Gui de
Chabeu, seigneur de Saint Trivier, de construire un château fort sur la rive
opposée, au dessus de la Saône. Mais l'église de Lyon revendique le fief,
qui est partagé par un traité signé en 1298. Sa possession reste pourtant
l'enjeu de luttes répétées au cours du XIVe siècle, le château est saccagé à
plusieurs reprises. En 1337, la toiture est refaite en pierre et en tuile.
Beauregard devient le siège de la Justice de Dombes jusqu'en 1401. En 1400,
Edouard de Beaujeu le cède avec tous ses biens à Louis II de Bourbon. Marie
de Berry, duchesse de Bourbon, fait aménager le château en 1420 pour y
habiter et le renforce avec des claies au-dessus des murailles. La
fortification est réparée et encore renforcée en 1460 et 1465. La Justice de
Dombes y revient de 1484 à 1502, avec Pierre II de Bourbon qui, sous
l'impulsion de sa femme Anne de Beaujeu, rénove l'édifice, ainsi qu'en
témoignent leurs armoiries et le chiffre "P.A.". Confisqué par François Ier,
le château est racheté par le prince de Dombes en 1572. En 1699 le duc du
Maine, prince de Dombes, installe dans l'édifice une fabrique de glaces
succursale de Saint-Gobain, qui périclite et ferme en 1735. Vendu en 1725 à
Pierre de Sève, baron de Fléchères, il est désaffecté et tombe en ruine. En
effet si le château a échappé à la saisie des biens nationaux à la
révolution, c'est qu'il était considéré comme ruine. En 1860 Henri Bouchet,
rachète le château de 1865 à 1868, l'architecte Charles Martin, prolonge les
bâtiments anciens et les relie par un corps de portique. L'architecte
François Genéty réalise la décoration intérieure.
Dans la demeure actuelle, les parties subsistantes de l'ancien château sont
situées dans la moitié orientale de l'aile gauche datant probablement de la
campagne de travaux de Pierre de Bourbon et Anne de Beaujeu au XVe siècle.
La tour sud-est est encore munie d'éléments défensif, notamment des
archères-canonnières cruciformes disposées sur plusieurs niveaux. Dans les
élévations en retour au nord et à l'ouest, les baies paraissent également
d'origine, avec quelques réfections de linteaux (porte piétonne basse) ou de
plates-bandes, et de maçonnerie, où apparaissent des assises de briques
sombres en remploi, provenant sans doute des fortifications médiévales. La
reprise de construction du XIXe siècle est nettement visible: changement de
matériau, de modénature et de proportion des baies. Dans l'angle interne, la
tourelle d'escalier, ouvrage du XIXe siècle, reprend peut-être une
disposition ancienne: derrière cette tour, un passage en biais dans le mur
intérieur fait communiquer la cuisine et le couloir voûté d'arêtes. Hormis
les parties supérieures remaniées, ce corps conserve aussi à l'intérieur sa
structure d'origine. Elle semble correspondre, dans les grandes lignes, à la
description de l'état des lieux du corps de logis en 1560. Attenante à la
tour, la pièce appelée chambre d'honneur serait la salle basse, dans
laquelle se trouve la cheminée monumentale aux armes de Pierre II de
Bourbon. Sur le plan cadastral de 1823, l'emprise du bâti au sol apparaît
beaucoup plus important que la partie ci-dessus: elle se prolonge en droite
ligne au nord jusqu'à la deuxième tour d'angle symétrique. La partie
centrale n'existe plus aujourd'hui. L'extrémité orientale de l'aile droite,
destinée aux communs, est encore un vestige de l'ancien château, sans doute
le plus en ruines à l'époque; en effet, à l'exception de la tour restaurée
au XIXe siècle, les éléments d'origine sont moins évidents. Dans la façade
sur cour ou la brique est majoritaire, se mêlent des moellons de calcaire et
des briques en remploi d'un module très ancien. La aussi on perçoit une
volonté de restauration néo-médiévale, car les baies du rez-de-chaussée, en
arc brisé, copient la porte nord du passage ouvrant sur l'extérieur. Henri
Bouchet et l'architecte Charles Martin ont bien respecté les vestiges du
château-fort, qu'ils ont su habilement intégrer dans le nouveau château. Le
plan en U autour d'une cour d'honneur reprend un parti local traditionnel,
avec un corps de passage à portique reliant les deux ailes.
château de Beauregard, rue Gui de Chabeu, 01480 Beauregard, propriété
privée, ne se visite pas.
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