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Si la succession des seigneurs de Coyolles est bien connue depuis le milieu
du XVe siècle, en revanche, peu de documents mentionnent le château, et
aucun, dans l'état actuel des connaissances, se rapporte à un chantier de
construction. D'après l'étude de Denis Rolland, il semblerait que l'actuel
château de Coyolles ait pour origine une maison acquise par Antoine des
Fossés, seigneur du fief de Gueux ou de Queux à Coyolles, dans la seconde
moitié du XVe siècle. Cette maison, nommée "maison des tournelles" ou
"maison Bécart" au début du XVIe siècle, devient le siège de la seigneurie,
la maison du fief de Gueux étant alors indiquée en ruines. Un dénombrement
de 1529 signale à côté du logis, la présence d'un colombier, d'une grange,
d'une cour, d'un jardin et d'une vigne. Bien que certains auteurs parlent
d'une reconstruction complète du château dans le courant du XVIe siècle, il
faut probablement nuancer cette affirmation. L'observation des maçonneries
laisse penser que les deux corps de logis et l'ouvrage d'entrée ont été
édifiés en trois campagnes distinctes. Le bâtiment le plus ancien est le
corps de logis nord-est, encadré par ses deux tourelles, qui peut dater de
la fin de l'époque médiévale, même s'il a été remanié et ses ouvertures
modifiées par la suite. Cette construction, qui était plus longue
qu'aujourd'hui, se complétait sans doute d'un bâtiment en retour d'équerre,
bordant le côté sud-est de la cour pavée qui prend place devant l'ancien
logis seigneurial. Ce bâtiment n'existait déjà plus à la fin de l'Ancien
Régime, mais il en subsiste des caves sous le sol de la cour.
Le corps de logis nord-ouest et l'ouvrage d'entrée semblent
approximativement contemporains par leur identité de style. Ils possèdent en
commun un bel appareil régulier de pierre de taille calcaire et une
séparation des niveaux rendue par des bandeaux plats en relief. Toutefois,
la discontinuité des assises de pierre des deux bâtiments, que met en
évidence l'observation des élévations sur cour, signale deux campagnes de
construction. Cette succession des travaux est évidente au rez-de-chaussée,
où les assises de pierre du corps de logis pénètrent dans la maçonnerie de
l'ouvrage d'entrée. Ce dernier, en forme de pavillon quadrangulaire, est
très proche de l'ouvrage d'entrée du château de Cœuvres, construit dans le
troisième quart du XVIe siècle. Le corps de logis nord-ouest et l'ouvrage
d'entrée du château de Coyolles peuvent donc avoir été bâtis dans la seconde
moitié du XVIe siècle, l'ouvrage d'entrée étant probablement antérieur au
corps de logis. Le décor de la porte du corps de logis nord-est est
peut-être contemporain de ces travaux, bien qu'il soit généralement daté du
règne de Louis XIII. Un document d'archives de 1592, cité par différents
auteurs, signale la présence d'une ferme à proximité du logement
seigneurial. La distribution actuelle des bâtiments et la nette répartition
de leurs usages incitent souvent à conclure hâtivement que la ferme était
déjà séparée du château au XVIe siècle. Pourtant, l'aveu et dénombrement des
6 et 7 octobre 1728 place à côté du corps d'hôtel une basse-cour comprenant
grange, étable et colombier, tandis que le procès-verbal de visite du
domaine signé en 1795 mentionne sans conteste un "corps de ferme" à
l'intérieur de l'enceinte castrale.
Des bâtiments agricoles ont donc vraisemblablement voisiné avec la résidence
et ses écuries dès le XVIe siècle, habituelle composition des manoirs de ce
territoire. On connaît peu d'informations sur le château après cette
période. Un devis du 13 octobre 1693, dressé par le couvreur cotterézien
Jean Gobert, se rapporte à des dommages survenus aux couvertures à la suite
d'orages et de grands vents. Le corps de logis, "y compris les pavillons",
est déjà couvert d'ardoise. Il y est aussi fait mention de la ferme
attenante, dont les bâtiments sont protégés par de la tuile. Il est alors
conseillé de faire intervenir un maçon pour réparer la voûte du colombier
qui menace ruine, de même que quelques parties du mur de clôture. Les biens
de la seigneurie de Coyolles sont confisqués quand émigre le dernier
seigneur, François-Joachim de Mazancourt. Le directoire du district de
Soissons loue d'abord en juin 1793 le château, les bâtiments agricoles et
les terres à un cultivateur, François Éléonor Picot. Puis, à partir de
l'automne 1794, un procès-verbal de division du domaine, accompagné d'un
plan-masse, est dressé par des experts, afin de vendre plus aisément
l'ensemble par lots. Le premier lot se compose de la demeure seigneuriale,
de ses dépendances et des bâtiments de ferme, qui voisinent autour de la
même cour centrale, d'un vaste jardin potager et fruitier, enfin de terres.
Le château, constitué comme aujourd'hui de deux ailes, renferme alors, au
rez-de-chaussée de l'aile sur rue, une cuisine, sa resserre et une petite
salle à manger. Dans le corps de logis en retour, se succèdent au même
niveau une autre salle à manger, l'escalier principal, un cabinet, un salon
parqueté, une grande salle, une petite chambre et un escalier donnant accès
aux niveaux supérieurs. À l'étage, prennent surtout place des chambres à
coucher et des cabinets. Enfin, un grenier desservi par plusieurs escaliers
règne sur les deux ailes, ne renfermant que deux petites chambres
cloisonnées. Le pavillon qui domine le passage d'entrée abrite deux grandes
chambres à coucher, un cabinet et l'escalier d'accès au comble. Les communs
et des bâtiments de ferme, dépourvus de logis, tous couverts de tuile,
jouxtent alors le château, dont ils bordent la cour sur presque trois côtés.
À la suite de l'ouvrage d'entrée, se succèdent une resserre, une petite
chambre, un hangar, puis la tour d'angle servant de poulailler et de
colombier. Le procès-verbal énumère ensuite, dans l'aile en retour sud-ouest
qui longe l'actuelle rue de Queue-d'Ham, deux grandes écuries, une remise
servant de cellier, puis une bergerie, bâtiments tous surmontés d'un
grenier. Enfin, dans l'aile sud-est qui sépare la cour et le jardin, se
suivent une bergerie, un cellier, un hangar et un fournil. La propriété se
complète d'un "ancien pavillon" couvert d'ardoise, implanté à la pointe nord
du jardin, qui abrite une grande salle et une petite chambre, un pressoir et
une resserre.
Cet ensemble est adjugé le 25 fructidor an 3 (11 septembre 1795) à
François-Antoine Longuet, aubergiste et cultivateur à Crépy-en-Valois, pour
la somme de 960000 livres. Le même jour, Longuet acquiert aussi la "petite
ferme" et des terres, composant le second lot. Quelques jours plus tard, le
sixième jour complémentaire an III ou 22 septembre 1795, le nouveau
propriétaire revend la totalité des biens à Alexandre-Robert-François
Galbois, négociant à Paris, pour une somme identique au prix d'achat. Tous
les bâtiments agricoles et les terres sont alors affermés, par un contrat du
9 novembre 1795. De nouveaux acquéreurs se succèdent rapidement à la tête du
domaine: Guillaume Chalmers le 23 novembre 1795, puis François-Marie Botot,
secrétaire personnel de Paul Barras, le 18 septembre 1797. Au cours des
années suivantes, Botot rétablit cette propriété et y ajoute de nouvelles
constructions, sur lesquelles on ne possède aucune précision. Enfin, le 5
juin 1806, François-Marie Botot, qui réside alors à Genève, revend son
"domaine rural" de Coyolles à Jean-Henri Marsaux et à son épouse,
propriétaires à Villers-Cotterêts (d'après actes notariés). La totalité des
bâtiments d'exploitation est louée par les propriétaires à des agriculteurs,
comme en témoigne un bail du 24 mai 1834. Par ce document, les bailleurs se
réservent l'usage des deux ailes de l'ancien château, des caves situées sous
la cour, du jardin, de deux pavillons isolés, de la glacière, d'une remise,
d'une écurie de quatre chevaux et d'un grenier à fourrage, d'un hangar à
bois et de quelques pièces de terre.
Mais le reste des bâtiments qui environnent la cour est décrit dans l'acte
comme une véritable ferme, comprenant granges, écuries, bergeries, étables à
vaches, etc. Il s'y trouve désormais une habitation à trois niveaux destinée
aux fermiers, comprenant une cuisine, une salle et de petites pièces au
rez-de-chaussée, deux chambres à l'étage et deux mansardes au-dessus.
Peut-être cet aménagement et ces constructions correspondent-ils aux travaux
réalisés pour François-Marie Botot ? Quoi qu'il en soit, la "petite ferme"
située de l'autre côté de la rue semble considérée à l'époque comme un
complément de la ferme du château. À sa mort, survenue le 11 juin 1840,
Jean-Henri Marsaux, qui n'a pas d'héritier direct, lègue son domaine de
Coyolles à sa nièce Louise-Victoire Marsaux, épouse de Louis Daudin. Les
dispositions d'un nouveau bail, signé par ces derniers le 14 septembre 1845,
diffèrent peu des précédentes. Mais vers 1850, sans doute désireux de
séparer le château de ses dépendances agricoles et de donner à leur
résidence de véritables communs, les nouveaux châtelains font entièrement
reconstruire la "petite ferme", située actuellement au 5 rue du
Vieux-Château, avec tous les bâtiments indispensables, logis compris.
L'habitation du fermier et les anciens bâtiments agricoles qui entouraient
une partie de la cour du château peuvent désormais être démolis, à
l'exception du mur de clôture et du colombier. Des écuries et des remises de
moindre étendue leur succèdent en 1854 (la remise centrale porte la date).
L'abbé Chollet, qui décrit les environs de Villers-Cotterêts vers 1853,
remarque la prospérité et les agrandissements du domaine, ainsi que
l'embellissement de ses jardins, auparavant incultes et abandonnés. Deux
dessins, non datés, de l'historien axonais Amédée Piette (1808-1883),
conservés aux Archives départementales de l'Aisne, représentent l'un, une
vue externe de l'entrée du château et des communs depuis le nord, et
l'autre, les élévations sur cour du logis seigneurial. Si quelques dessins
effectués par A. Piette dans le canton de Villers-Cotterêts sont antérieurs
à 1868, date de son installation à Soissons, l'immense majorité de ses
relevés sur ce territoire est à placer dans le courant des années 1870.
Peut-être est-ce le cas de ces deux représentations. Quoi qu'il en soit,
l'un des dessins atteste qu'à cette époque, le corps de logis nord-est était
plus long qu'aujourd'hui et dépassait de quelques travées l'actuelle
tourelle d'angle. Entre l'ouvrage d'entrée et le colombier, s'allongeait un
mur d'enceinte moins élevé, d'où dépassait presque entièrement la petite
échauguette, noyée maintenant dans la maçonnerie. Vers la fin du XIXe
siècle, ce château devient progressivement une annexe du Château Neuf,
construit en 1856 sur le terrain voisin pour Auguste-Ferdinand-Louis Moreau,
gendre de Madame Daudin. Le bâtiment est épargné pendant la Première Guerre
mondiale et, en août 1918, sert de quartier général au général Mangin et à
l’État-major de la 10e armée. L'ensemble du domaine est vendu par la famille
Moreau en 1920.
Le château et ses jardins, implantés au croisement de deux rues à l'entrée
du village, sont isolés de ces voies par un mur d'enceinte. Ce mur, qui unit
les pierres de taille en calcaire aux moellons ou petites pierres de
calcaire et de grès, témoigne de nombreuses restaurations et modifications
au fil des siècles. Un colombier octogonal en pierre de taille calcaire,
couvert d'un toit polygonal en tuile plate, occupe l'angle occidental de
l'enceinte. L'angle sud des jardins est marqué par la présence d'une
échauguette de plan circulaire, en pierre de taille calcaire, coiffée d'un
toit conique en ardoise. Aux constructions vouées à la surveillance,
appartient également l'échauguette quadrangulaire, surmontée d'une flèche
d'ardoise, qui domine le mur nord-ouest de l'enceinte. La demeure et ses
dépendances délimitent une cour quadrangulaire, à laquelle on accède par un
ouvrage d'entrée en forme de pavillon carré. Ce pavillon est attenant au
logis, qui consiste en deux corps de bâtiments disposés en retour d'équerre
à l'angle nord de la cour où ils bordent un espace rectangulaire pavé. La
résidence seigneuriale est construite en pierre de taille calcaire et
couverte en ardoise. Elle comporte un sous-sol, un rez-de-chaussée et un
étage carré. Un grenier règne sur l'aile nord-est, et un étage de comble sur
l'aile nord-ouest. Les différents niveaux sont desservis dans l'aile
nord-est par deux escaliers de pierre: un escalier droit dans-œuvre, voûté
en berceau, et un escalier en vis hors-œuvre dans l'une des tourelles. Un
autre escalier en vis dessert le corps de logis nord-ouest et/ou l'ouvrage
d'entrée. Ce dernier, occupé au rez-de-chaussée par le passage cocher voûté
en berceau, renferme au premier étage des espaces d'habitation, surmontés
par le comble.
L'aile nord-est est protégée par un toit à longs pans et pignon découvert,
et ses deux tourelles portent un toit conique. L'aile nord-ouest est aussi
couverte d'un toit à longs pans, duquel dépasse une flèche carrée. Un toit
en pavillon repose sur l'ouvrage d'entrée. Le décor, presque absent des
façades, est concentré sur l'entourage de la porte principale. Les communs,
qui encadrent la moitié occidentale de la cour, sont construits en pierre de
taille calcaire, mais intègrent quelques éléments décoratifs en brique.
Au-dessus du rez-de-chaussée, le surcroît a été réalisé en pan-de-bois
hourdé. À l'exception de la polychromie contrastée des matériaux, le décor
repose sur des pilastres, des bandeaux et des clefs d'arc en relief.
L'ensemble est couvert en tuile plate. L'aile nord-ouest des communs a reçu
un toit en appentis et un autre en appentis massé. L'aile sud-ouest qui
abritait surtout des remises et des écuries est actuellement (2017) protégée
par un toit à longs pans et à pignons couverts. La partie centrale du
bâtiment, traitée en avant-corps, est couverte d'un petit toit à deux pans.
Enfin, l'aile sud-est des communs, entre cour et jardin, est surmontée d'un
toit à longs pans et pignon couvert, entre deux toits à deux pans, dont l'un
s'achève en croupe. Les jardins s'étendent sur les parties est et sud de la
propriété. (1)
château de Coyolles, 2 rue du
Vieux-Château, 02600 Coyolles, tel. 06 81 53 64 00, propose la location de
chambre d'hôtes.
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