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Les recherches récentes
laissent penser que ce site est occupé depuis la fin de l'Antiquité
puisqu'il est avéré que saint Fleuret, mort au milieu du Ve siècle, est
embaumé avec des aromates dans le castrum même où il est enseveli. Estaing
fut le siège d'une importante baronnie dont la première référence remonte à
1028 avec Aldebert d'Estaing. Les plus anciens vestiges lisibles dans les
maçonneries de la première cour (assises de pierre disposées en arêtes de
poisson) ne peuvent être antérieur à l'an mil. Une trace de baie située en
partie haute du corps de logis vers le sud prouve que les maçonneries en
moellons de schiste et blocs de grès taillés sont probablement achevées au
début du XIIIe siècle. On ignore le plan et la distribution du château à
cette époque, car il fait l'objet d'aménagements importants dans le dernier
quart du siècle. La demeure seigneuriale était alors accessible par une
belle porte en arc brisé derrière laquelle on trouvait probablement un
escalier conduisant aux étages. Le premier abritait des pièces éclairées de
lancettes tandis qu'au second, la salle noble ouvrait largement sur le
panorama environnant par de larges baies à remplage dont il ne subsiste que
des vestiges. L'archivolte de ces éléments est encore conservée de même que
le cordon d'appui qui permet de restituer les ouvertures.
La construction médiévale fait l'objet de remaniements à la fin du Moyen-Age
et tout au long du XVIe siècle. Ainsi, le logis qui ferme la cour basse sur
sa partie orientale est mis au goût du jour : on perce de nouvelles
ouvertures à meneau et traverses de style Renaissance. On construit alors le
corps de logis principal qui domine la cour haute et, pour abriter
l'escalier en vis, le donjon pentagonal couronné d'échauguettes. Sa porte
d'accès est délicatement ornée de fines colonnettes aux bases prismatiques
qui portent des chapiteaux de feuillage. Les voussures en ogive enferment un
tympan aux armes des Estaing. La chapelle gothique, aménagée en partie haute
est un bel exemple des transformations opérées à cette époque. Elle conserve
un décor peint dont le programme, récemment restauré, est partiellement
lisible. Jean III d'Estaing, dans les importants travaux qu'il entreprend
jusque vers 1620, transforme l'extrémité sud du logis avec sa petite
échauguette et son toit mansardé. Il dote le salon d'Olt d'une cheminée
monumentale avec des colonnes et un manteau sculpté. A l'opposé, il fait
construire au-dessus du châtelet d'entrée un appartement dont les fenêtres,
surmontées d'un fronton triangulaire de trois pignons arrondis. On lui doit
également la terrasse qui surmonte le mur d'enceinte médiéval avec ses
balustres qui surplombent le vide.
On peut logiquement supposer que c'est sur son initiative que certains
décors ont été peints sur des cheminées qui existaient antérieurement. Au
rez-de-chaussée du logis, sur la cheminée de la salle basse sont
représentées des scènes mythologiques inspirées des Métamorphoses d'Ovide. A
l'étage, ce sont des cavaliers dans un paysage devant des murailles qui sont
peints sur le manteau de celle qui se trouve dans le salon dit "des
chasses". Avec la mort en 1621 de Jean III, cesse pour près de deux siècles
l'évolution architecturale du château, car ses successeurs s'éloignent
d'Estaing et vont le plus souvent délaisser leur demeure. En 1789, le
château n'échappe pas au vandalisme de la Révolution. A cette époque, les
écussons sont grattés, le château pillé et les bâtiments confisqués.
L'édifice est racheté par Madame de Boisseul, soeur de l'Amiral d'Estaing,
puis cédé à un habitant du village, Martin, qui en vendit des parties à une
vingtaine de propriétaires. A partir de 1836, le château accueille les
soeurs Saint-Joseph. D'abord locataires, les religieuses, dirigées par mère
Ursule commencent à racheter tous les lots vendus à la Révolution qui
constituaient le château. Elles procèdent à d'importantes réparations et aux
aménagements nécessaires, puis créent une institution qui connaîtra un essor
rapide. Il ne faudra pas moins de 40 ans pour que le château soit restitué
dans son intégrité. En 1930, Elles commandent à André Boyer la construction
d'une chapelle près de celle des seigneurs d'Estaing médiévale, devenue trop
petite. L'architecte départemental transforma les dépendances où l'on
étendait le linge pour aménager la nouvelle chapelle consacrée par l'évêque
de Rodez, le 7 septembre 1929. Après la Seconde guerre mondiale, le château
se transforme en maison de retraite pour religieuses qui le mirent en vente
à la fin du XXe siècle.
Le château d'Estaing est constitué de nombreux corps de bâtiment de hauteurs
différentes, organisés autour d'une terrasse. L'accès s'effectue au nord,
par un portail surmonté d'un corps de bâtiment en encorbellement.
L'élévation extérieure, vers le village, percée d'un simple portail
surbaissé et surmontée d'une niche, présente une série de faux-mâchicoulis
ornés de pierres trilobées. La pièce, située à l'étage est éclairée par une
fenêtre à meneau et traverse surmontée d'un fronton triangulaire portant un
décor en relief. Côté cour, l'élévation compte deux niveaux. En partie
basse, une arcade double arcade supporte le corps de bâtiment du niveau
supérieur. Un arc brisé et des voûtes d'arêtes soutiennent l'épaisseur de
l'étage mais les corbeaux qui dessinent le mâchicoulis factice, sont plus
resserrés et ne disposent pas du décor repéré sur l'élévation opposée. Si la
partie ouest fait office de porche, la partie orientale, aujourd'hui obturée
par un portail sert de remise. A l'étage, la pièce, précédée d'un auvent
soutenu par des colonnes de pierre, est éclairée par une baie rectangulaire
surmontée d'un fronton triangulaire sculpté et enrichi de boules. Le corps
d'entrée ouvre sur une cour basse, dans laquelle on remarque un puits à
l'ouest, près de la muraille en moellons de schiste qui ferme la cour.
Modifiée en partie haute, elle compte une série de corbeaux en pierre de
taille qui supportent la coursive en encorbellement dotée d'une balustrade
en pierre de taille. Sur le côté est, le logis principal du château a été
construit à même le rocher. Côté ouest, prend place le logis devant lequel
est placé un puissant contrefort dont la partie supérieure a visiblement
fait l'objet d'un arasement lorsque la porte qui ouvre au sommet fut percée.
Construit en moellons de schiste, le logis médiéval repose directement sur
le rocher. Très probablement aveugle en partie basse à l'origine, le mur est
percé d'une large porte en arc brisé, aujourd'hui mûrée, dont les claveaux
de gré correspondent au matériau du premier étage. Ce niveau est en effet
construit en pierre de taille et porte encore les traces de baies étroites
dont la partie supérieure était cintrée. L'ensemble de l'édifice est en
moellons de schiste sur lequel se détachent les parements en pierre de
taille où s'inscrivent les ouvertures moulurées. Le dernier niveau, en
encorbellement sur un faux mâchicoulis, est éclairé par deux chiens-assis et
des baies plus étroites.
La tour pentagonale, datable du début du XVIe siècle, se situe l'entrée du
corps principal qui domine à l'est la rivière de la Coussane. Elle est
construite en moellons de schiste mais dispose d'un parement en pierre de
taille. A l'intérieur, sur plusieurs niveaux, le grand escalier en vis et
des dégagements distribuent diverses pièces dont seule une partie est
visible. Au premier étage, le salon de famille occupe une pièce
rectangulaire plafonnée et équipée d'une cheminée moulurée à côté de
laquelle est percée une porte surmontée d'une moulure en accolade et dotée
de meubles anciens (tapis, bancs, fauteuils, tableaux, tapisseries). La
pièce voisine avec la chapelle médiévale des seigneurs d'Estaing dont les
voûtes de l'abside et de la première travée de la chapelle sont recouvertes
d'un décor peint. Fermée par une grille en ferronnerie, la chapelle est
flanquée par une seconde chapelle de plan rectangulaire longue de six
travées, construite sur un axe nord-sud. Les élévations sont en moellons de
schiste et la toiture à longs pans est recouverte d'ardoises.
Éléments protégés MH : le château, ainsi que les terrasses et le pavillon
d'entrée, à l'exclusion de la chapelle moderne : classement par décret du 6
janvier 1945.
château d'Estaing 12190 Estaing, ouvert au public du 1er mai au 30 juin et
du 22 septembre au 16 octobre du mardi au samedi de 9h à 12h et de 14h à
18h, du 1er juillet au 19 septembre tous les jours sauf le lundi de 10h à
12h30 et de 14h30 à 19h.
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