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Château de Solsac
 
 

  Guillaume de Bournazel fait édifier une maison à Solsac au XIIIe siècle. Au XVe siècle, Solsac est une coseigneurie, partagée entre Arnaud de Montferrier, le seigneur des Ondes et Jean de la Sala, prieur de la Guépie. Selon la tradition orale, l'ancien château seigneurial ne se trouvait pas sur l'emplacement de l'édifice actuel mais au sud-est de celui-ci, avant d'être détruit par un incendie. Raymond Noël reprend cette hypothèse qui situe l'ancien château sur la parcelle voisine du château actuel. La maison occupant cette parcelle aujourd'hui correspondrait à la grange qui aurait subsisté de l'ancien château et qui apparaît encore en tant que telle dans le cadastre de 1812. Alors propriété de Louis Viala, également propriétaire du château qui nous intéresse ici, la grange sert probablement de dépendance pour l'édifice, agrémentée d'un grenier, d'un four et de caves. Largement remaniée, elle a conservé quelques fenêtres à croisées qui, bien que remployées pour certaines, peuvent attester la localisation de l'ancienne demeure seigneuriale. L'étude du cadastre de Salles-la-Source en 1565 a révélé une stratégie de regroupement des propriétés de la famille de Masnau. L'édification d'un château en 1610, à l'ouest de l'emplacement supposé de l'ancien édifice seigneurial, pourrait correspondre à ce regroupement de propriétés et à l'établissement du nouveau château. Construction du château de Solsac selon un prix-fait de maçonnerie qui fait état d'une tour et de douze grandes fenêtres, sept romaines et cinq lucarnes. François de Masnau rachète à Jean de Tullier la seigneurie de Solsac en 1641, moment où ce dernier acquiert le château de Combret, situé un peu plus au nord dans le Vallon. Par alliance, le château passe à Paul Jacques de Lodat qui le vend en 1721 à Firmin de Viala. Le domaine échappe aux ventes révolutionnaires et reste dans la famille de Viala jusqu'au XIXe siècle.
D'origine marchande, la famille de Masnau enrichie tient dans le bourg de Rodez l'hôtellerie de la fleur de lys située, comme ses homologues, sur la petite place de l'Olmet. Les Masnau prennent progressivement une part active dans le pouvoir communal, fournissant sept lignages de consuls, principalement au Bourg, entre 1490 et 1623. Géraud, commanditaire du château de Solsac accèdera au rang de premier consul en 1573 et occupera ce même rang en 1588. Les Masnau sont tout aussi bien implantés aux champs où ils comptent parmi les plus importants propriétaires. Ainsi, dans le classement des articles les plus élevés dans les compois des environs de Rodez, Guillaume Masnau, seigneur de Bosinhac, apparaît-il deux fois, au second rang pour ses propriétés à Marcillac en 1565 ; au quatrième en tant que marchand de Rodez pour celles de Salles-La-Source. Il faut ajouter à ces possessions familiales dans le Vallon dès la seconde moitié du XVIe siècle, celles de Johan de Masnau resté lui, dans le village de Salles-La-Source, où il tient une maison de vingt-six canes et une vigne de huit journées confrontant, entre autres, le Castel de Sainct Laurens et le chemin de Marcillac à Salles. Au regard des articles dans les deux cadastres de Marcillac et de Salles-la-Source, les Masnau se situent donc entre Salles-La-Source, le village, au sud, et le ruisseau du Cruou, au nord, implantés sur les collines méridionales de la petite vallée éponyme. Guillaume, marchant, tient autour de Solsac-vieux, entre autres exploitations agricoles, nombreuses vignes au lieu dit de Bederra, ainsi qu'une maison à la Vernha. L'allivrement de ses propriétés s'élève à dix livres, un sol et cinq deniers, la maison ne comptant que pour cinq sols et six deniers. Guillaume, seigneur de Bosinhac, tient lui, à la Censie, une borie de dix-huit canes accompagnée d'une maison de quarante canes, entourée de près, bois et terres, ceux-ci s'étendant au Puech basset et à Cassagne. Ce n'est pas la demeure qui fait la valeur de la propriété, puisque la maison atteint deux livres, cinq sols et quatre deniers, et qu'avec la Borie comptant dix-sept sols et quatre deniers, elle correspond tout juste à dix pour cent de l'allivrement de la propriété. Le but premier de l'implantation de cette famille de bourgeois aux champs se situe clairement du côté du placement foncier et de l'intérêt agricole. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, les frères Masnau, "préparent le terrain", la génération suivante y occupera ou y édifiera parmi les plus belles demeures du Vallon.
Le ruisseau de Cruou franchi, c'est à la Galatieyre que l'on retrouve au début du XVIIe siècle les Masnau, tout d'abord en la personne de Raymond qui y fait réparer sa vaisselle vinaire en 1617 par le charpentier de Cougousse, Pierre Soulier. En 1674, François Masnau, avocat, s'acquitte pour la propriété de la Galatieyre de trois livres un sol et dix deniers, parmi lesquelles dix-huit sols et quatre deniers correspondent à la maison de quarante-cinq canes. Enfin, c'est Géraud de Masnau, chanoine et official de Rodez qui fait bâtir à Solsac, par Jean Menil, maître maçon de Rodez, le château en trois étapes. En Juin 1610 le maître maçon ruthénois se voit confier le travail de gros œuvre. Il comprend la taille des pierres, le portail d'entrée de la maison, les portes nécessaires à l'ensemble du bâtiment, des fenêtres à la romaine et bâtardes, à demi-croisées, ainsi que la vis ou degré pour le service de la dite maison. Trois cheminées sont déjà commandées pour la salle, la chambre et la cuisine. Le gros œuvre achevé, c'est au printemps suivant, en Mai 1611, que Géraud de Masnau fait couvrir sa maison, confiant la tâche à des charpentiers de Rodez, Pierre Segaly et Pierre Gayrard. Ces derniers devront se référer au travail effectué préalablement par le maître maçon en suivant ses dessins comme ses ordonnances, exprimées oralement, sur le chantier. Le travail de charpenterie consiste en la pose des couvrements, à la "demy francaise d'une salle et d'une chambre, puis à la demy française et à l'impériale du degré, il s'agit également de poser le plancher des chambres du bas et hault, et de faire trois portes en noyer".
Enfin, deux ans après les premiers travaux, à la toute fin de l'année 1612, Jean Menil se voit confier le parachèvement du château. Il "s'agit de battir de hault en bas, tailher et poser la tailhe des parties franches, cheminées et autres offices, blanchir le tout, poser la salhe, sous la forme prêtée par le dessin, faire le portail d'entrée de la basse-cour et, enfin, poser tous les gaffons nécessaires, notamment aux armoiries, qui devaient couronner le portail". L'acte est signé par le témoin Jean de Cat qui emploie lui-même le maître maçon ruthénois en décembre 1612, pour "ajouter des cheminées, un four, des fenêtres romaynes ainsi qu'une armoire, à sa demeure en Cruou". Jean Menil apparaît comme un maçon renommé, de part la mention de "maître" tout d'abord qui, sans forcément traduire une distinction qualitative des maçons auxquels elle se rapporte de manière générale dans les sources, distingue seulement un petit nombre d'entre eux jusqu'au début du XVIIe siècle autour de Rodez. Jean Menil réalise les dessins préalables aux travaux, ceux-ci servant de référence dans les prix-faits, notamment ceux de charpenterie. Etant bâti à neuf, le château de Solsac livre, par les sources écrites le concernant, l'histoire de son édification, comprenant en amont l'extension d'un patrimoine, en aval, le rôle d'un maître maçon d'une certaine importance. Les prix-faits cependant ne nous permettent pas de restituer la distribution du château. Par ailleurs, s'appliquant à un château édifié en quelques années par une des familles les plus en vue du patriciat ruthénois et conservé, en grande partie dans cet état, l'analyse du bâti pourrait révéler certains modes architecturaux propres au petit château du premier quart du XVIIe autour de Rodez.
Bâti dans un appareil de moellons de grès moyens, aux nuances ocres, et de pierres de taille d'un calcaire blond, posées en chaînage aux angles, le château de Solsac est composé de deux ailes, ouest et nord, jointes par une tour carrée, selon un plan en L. Il est complété par une dépendance au sud ; par des jardins au nord et à l'ouest. Le tout est ceint d'un mur dont la maçonnerie est semblable à celle des ailes du logis, isolant le château, à l'extrémité ouest du village. La distribution du château est principalement assurée par la tour carrée, renfermant l'escalier en vis. Mais la distribution se décline aussi selon des moyens de circulation autonomes, adaptés aux différents aspects de l'occupation de la demeure. Élévation, couvrement et couverture relèvent d'un même parti de simplicité, parti avec lequel s'accorde le sobre décor d'architecture de la porte de la cage d'escalier, inscrite dans une travée dorique. Quelques morceaux d'architecture viennent agrémenter, avec une légère fantaisie, ce parti. Ainsi le fronton triangulaire couronnant la porte de la cage d'escalier est brisé par l'insertion d'une petite voûte, une tourelle ovoïdale sur cul de lampe fait fi du mur d'enceinte, de gracieux jours en médaillons ouvrent les chambres. A l'intérieur, la distribution distingue parties privées et de services. Quant à l'aménagement mobilier, il permet de situer, au rez-de-chaussée et au sud de l'aile ouest les cuisines, équipées d'un petit silo et d'un évier. De nombreuses cheminées anciennes sont conservées dans les salles et les chambres. Trois d'entre elles bénéficient d'un décor particulier. Celle de la salle nord du rez-de-chaussée, affichant un riche ornement bellifontain, fut certainement remployée ici. La cheminée de la grande salle, au premier étage, est ornée d'un décor peint remarquable tant par ses qualités esthétiques exceptionnelles, malgré un état préoccupant, que par son iconographie. Outre la présence d'un tel décor peint, celui-ci, par la complémentarité de sa composition sur deux supports, permet de restituer la distribution de l'aile ouest au premier niveau. Entre réception et intimité, nous reconnaissons ici, la grande salle, suivie d'une antichambre et de la chambre avec, dans la tourelle à l'angle sud-ouest, probablement un petit cabinet de toilette. Le niveau de comble à surcroît est divisé en de multiples chambres abritant des cheminées de type dorique.
Si son élévation extérieure n'affiche pas de grandes ambitions côté cour, le château de Solsac réserve quelques surprises dans l'ornement adopté pour distinguer les parties privilégiées de la demeure, celles jouant notamment un rôle de réception. C'est le cas de la porte ouvrant sur la cage d'escalier, ornée d'un décor d'architecture puisant dans les motifs doriques sa sobriété et son élégance, ou encore de la grande salle et de la pièce en enfilade ou s'épanouit, sur les hottes des cheminées, le cycle de Tobie, évoquant directement la personnalité du commanditaire des lieux, Géraud de Masnau, chanoine de la cathédrale de Rodez. Les parties intimes sont, quant à elles, agrémentées de quelques préciosités, tels les petits espaces circulaires ou ovoïdaux, autant de cabinets agrémentant les chambres et où l'on trouve des jours en médaillons. L'intérêt de ce château, pour avoir été récurrent à toutes les étapes de l'analyse, extérieure et intérieure, ainsi qu'aux différents niveaux de l'édifice, réside dans l'adéquation entre les choix architecturaux et l'établissement aux champs. Le plan et les moyens de circulations à l'extérieur organisent tout d'abord la part agricole au sud-ouest de la parcelle, la part privée au nord-est, et donnent à chacune de ces parties des moyens de circulation autonomes. A l'intérieur, cette distinction est clairement appliquée au premier niveau, réservant au sud les parties de service. Enfin, à tous les niveaux, il s'agit de profiter pleinement de l'environnement naturel offert par cette implantation, des accès directs aux jardins sont possibles dès le rez-de-chaussée par des portes-fenêtres ouvrant sur une large terrasse. L'on remarque surtout le porche qui de la cour conduit au jardin d'agrément tandis qu'au niveau un, la grande salle mène, par une porte et quelques marches, au même jardin. Enfin, s'il ne peut accéder aux jardins, le visiteur peut jouir de la vue qu'en offrent les multiples fenêtres aux larges ébrasements continus jusqu'au sol, celles-ci permettant de se tenir au plus près du dehors. Les hôtes ou les résidants, jouissent quant à eux de vues mises en scènes par les moulures des fenêtres, petits cadres autour de la toile de fond que constitue le Vallon. Plus que l'ostentation, c'est l'aisance et le confort qui ont été privilégiés en ces lieux, comme pour mieux révéler la communion entre l'homme et la nature. (1)

château de Solsac 12330 Salles-la-Source, propriété privée, ne se visite pas. Salles signifie probablement grottes (en vieux français) et une source abondante et une cascade s'y trouvent. La communauté a porté le nom de Salles Comtaux (Salas comtals en langue d'oc) du XIe siècle jusqu'à la Révolution française où, après être devenue commune, elle fut rebaptisée durant la Terreur. Très beau village (photos).


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(1)
    Texte de loi sur le droit à l'image des biens (photos)

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