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Bernard ou Amblard de Mercœur de La Tour,
chambellan du roi dans le haut pays d'Auvergne, possédait le château et la
comptoirie d'Alleuze. Philippe Auguste lui accorda que la forteresse serait
gardée dans l'intérêt de la défense contre les Bulgares, et que le seigneur
jouirait à l'avenir, pour le comptoirat d'Alleuze, du droit de dixmes et
recevrait l'hommage qui y était attaché. Ce droit restait réservé toutefois
à la qualité d'écuyer ou lancier, Alleuze étant une des quatre comptoiries
d'Auvergne. L'ordonnance royale qui le concédait fut rendue en 1195 et
confirmée en 1211. Trente-sept fiefs relevaient du seigneur d’Alleuze, qui
avait de belles rentes avec un droit de compteur sur la ville de St-Flour.
Archambaut de Bourbou , connétable d'Auvergne , acheta Alleuze d'Amblard ou
Béraud de Mercœur, et, selon les ordres du roi, garnit le château d'écuyers
et d'arbalétriers pour la sûreté du pays d'Auvergne et de la ville de
St-Flour, ainsi que des seigneuries qui en relevaient et dont les
possesseurs étaient tenus de prendre la lance pour le seigneur comptor
d'Alleuze,.la défense du roi, et contre toute entreprise des Bulgares sur la
ville de St-Flour. Cette terre fut revendue par les descendants d'Archambaut
à l'évêque de Clermont pour lui et ses successeurs, qui la gardèrent
jusqu'en 1523. Alors le clergé de France ayant été imposé par le roi, afin
de subvenir aux frais de la guerre, Guillaume Duprat la céda à Noble de
Lastic. Le titre de comptor d'Alleuze fut disputé aux évêques de Clermont
par divers seigneurs du pays; mais ils se désistèrent de leurs prétentions,
et, en 1368, dans le conseil secret du duc de Berry, reconnurent aux évêques
leurs droits de comptors, avec ceux qu'ils avaient à l'entrée et pour le
péage du pont de Saint-Flour.
La forteresse éprouva de grands désastres lors de la guerre contre les
Anglais. En 1583, Emerigot Marchez, chef de pillards, à la tête d'une troupe
déterminée, s'en empara par surprise. Il s'approcha des murs avec douze de
ses compagnons déguisés, afin d'examiner si la place était bien gardée;
s'étant aperçu, à sa grande satisfaction, que le portier était assis sur un
tronçon de bois devant la porte et sans armes, Marcel fit tirer sur lui. Le
malheureux ayant été tué d'un coup d'arbalète, la bande courut aussitôt à la
porte du château et s'en saisit. Sa femme, toute effrayée, fut enfermée, et,
comme le châtelain se trouvait à Clermont, Emerigot resta maître d'Alleuze.
Il la garda sept ans pendant lesquels il s'y fortifia; c'était son quartier
général et l'entrepôt de ses voleries, dont le pays eut beaucoup à souffrir.
Enfin, il traita en 1390 avec Jean d'Armagnac pour une somme de 5060 livres,
d'autres disent 10000. Mais dans la suite il regretta son marché, car il
retirait plus de 20000 florins par an de la possession de la forteresse, qui
servait de centre à ses brigandages. Les Saint-Florins furent les premiers à
souscrire pour renvoyer les Anglais et racheter Alleuze. En 1405, sous
prétexte que le fort était mal gardé par les gens de l'évêque de Clermont,
et que si l'Anglais s'en emparait encore il serait funeste à la ville,
Pierre Mercier, bailli des montagnes d'Auvergne pour le duc de Berry,
accompagné des consuls et d'une troupe de maçons et de pionniers, vint à
Alleuze, y mit le feu et en démolit une partie. L'évêque, irrité de cette
voie de fait, exigea des dommages et intérêts.
Le château fut réparé en 1536; il fut pris en 1575 par les Huguenots. Pierre
Bonnaud en était capitaine en 1587. Noble Beralde de Pleaux, veuve d'Hugues
de Saint-Gall, fit, en 1396, hommage à l'évêque de Clermont pour le fief
d'Alleuze et ses droits, en ayant été investie par lui. La famille de Lastic
a longtemps possédé la terre et la comptoirie, conservant avec soin tous les
beaux revenus qu'elles donnaient. Alleuze fut ensuite vendu à un paysan de
Vabres qui plaida contre la commune et perdit son procès; c'est elle qui en
jouit au XIXe siècle. En 1693 le château consistait en un vieux corps de
logis et quatre tours d'un petit diamètre. C'est un carré long, à chaque
angle duquel se trouve l'une de ces tours, rondes et élevées. Trois d'entre
elles avaient des corps de garde voûtés au premier et au deuxième étage.
Dans l'une on remarquait un trou carré dit les Oubliettes et aujourd'hui
comblé; on avait percé des canonnières de toute part. Au-dessus des caves du
corps de logis s'élèvent deux étages. La longueur du bâtiment est de 120
mètres. Il était entouré de deux murs d'enceinte dont on voit encore les
restes. L'accès en était difficile, et l'on assure que des souterrains
communiquaient au ruisseau du vallon, permettant ainsi de mener les chevaux
à l'abreuvage pendant le siége. La butte sur laquelle se présentent les
ruines du fort est presque cernée par deux cours d'eau très poissonneux.
L'un d'eux se nomme ruisseau de Redonde. Cet édifice est aujourd'hui
en ruine et maintenu dans cet état. En contrebas du château, à quelques
dizaines de mètres à peine, on peut admirer la belle chapelle médiévale
Saint Illide, construite au XVe siècle, avec son chemin de croix. Tous les
deux ans, la chapelle est la scène d'un spectacle théâtral avec son et
lumières et feux d'artifices. Le château apparaît dans un des plans de "La
Grande Vadrouille" lors de la poursuite du camion de Louis de Funès par des
motards allemands. Le château-fort d'Alleuze est un carré long, à chaque
angle duquel se trouve l’une de ces tours, rondes et élevées. Trois d’entre
elles avaient des corps de garde voûtés au premier et au deuxième étage.
Éléments protégés MH : les restes du château d'Alleuze : inscription par
arrêté du 9 mars 1927.
château-fort d'Alleuze 15100 Alleuze, propriété de la commune, visites
libres des vestiges toute l'année.
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