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Le château de Lascanaux
est situé à la sortie nord-ouest d’Aurillac, au croisement de la route qui
relie Aurillac à Mauriac, et de celle d'Aurillac à Tulle. Le site est très
légèrement vallonné et la demeure est construite au sommet d’une butte qui
domine les pâturages environnants. Le fief relève de la vicomté de Carlat et
s’appelle La Moretie jusqu’au XVIe siècle. L’habitation primitive est bâtie
un peu plus à l’est que l’actuel manoir. Ce bâtiment est transformé en
étable au XVIIIe siècle et est détruit ultérieurement. Les derniers
possibles vestiges sont probablement démantelés lors de la création de la
route départementale et de ses multiples remaniements. Ce n’est qu’au début
du XVIe siècle que le domaine prend le nom de Lascanaux. Le château est
terminé en 1517. Le logis assez simple est rectangulaire et sa façade
nord-est accueille en son centre une tour circulaire abritant un escalier en
vis. La demeure est composée de deux niveaux, les combles ne sont éclairés
que par une petite lucarne. Le rez-de-chaussée est au niveau du sol du côté
de la route, mais surélevé d’un peu plus d’un demi-étage sur la face qui
ouvre sur le parc. De la fin de la construction de ce manoir jusqu’en 1640,
Lascanaux appartient à la famille Vigier. À cette date il passe aux Du
Laurent qui ont des liens de parenté avec les Vigier. En 1784, le domaine
est acquis par les Maisonobe, dont les descendants résident toujours à
Lascanaux. Le nom a toutefois changé, car le dernier Maisonobe, Henri, meurt
dans son château en 1899 en ne laissant que deux filles. L’aînée, Joséphine
épouse Louis Gaultry de Lestenou et hérite de Lascanaux, sa sœur cadette,
Mathilde, devenue par son mariage madame Maurice Duquaire reçoit une autre
propriété familiale, Caumont. Probablement déconcerté par l’aspect rustique
du manoir hérité de sa belle-famille, Louis de Lestenou, riche négociant
venu de l’Yonne, décide de le réaménager pour en faire sa résidence
secondaire. Pour ce faire, il fait appel à un architecte de toute évidence
très à la mode dans les milieux aisés des environs d’Aurillac, Émile
Lemaigre. Il veut agrandir la demeure, y apporter tout le confort
souhaitable et lui donner une apparence plus luxueuse afin qu’il se
distingue clairement des constructions et des fermes environnantes.
La tour centrale de la façade nord-est est démontée et reconstruite à
l’angle sud; celui-ci est considérablement affaibli car il est percé de
portes pour assurer l’accès à la petite pièce créée à chacun des trois
étages de la tour. L’escalier qu’elle abritait jusque-là n’est pas remonté;
c’est Cantournet qui se charge de construire l’escalier d’honneur au centre
de l’habitation. Le mur nord-est, laissé béant par la démolition de la tour,
est colmaté, le trou est remplacé par un pan de mur, semble-t-il, plus épais
et dont le traitement le distingue de l’ensemble. Il est en légère avancée,
rehaussé par une chaîne d’angle harpée présente à chaque extrémité. Derrière
ce mur, se développe l’escalier d’honneur, les fenêtres sont donc fort
logiquement placées au niveau des repos à mi-étage. Ces baies sont hautes et
étroites et divisées par un épais croisillon en pierre. Les murs du manoir
sont recouverts d’un parement clair qui imite un appareil régulier en
grandes pierres de taille, mais les pierres des parties neuves sont laissées
apparentes avec des joints gras. Afin de souligner encore sa singularité,
cette partie est plus haute que le reste de la façade, elle est bâtie
jusqu’à la moitié des combles et protégée par une couverture à deux versants
fermée par un fronton triangulaire en lauze, comme le reste de la toiture.
Ainsi il reçoit un traitement qui l’apparente aux lucarnes créées sur le
toit, tout en recréant presque la silhouette de la tour d’escalier disparue.
Lemaigre crée une terrasse qui fait tout le tour de l’ancien manoir. Comme
celui-ci est surélevé par rapport au parc, pour y accéder, l’architecte crée
un grand escalier extérieur formé d’une petite volée droite qui descend
jusqu’à un repos d’où partent deux volées divergentes. Le perron comme
l’escalier étaient initialement hérissés de balustrades claires, le tout a
depuis été remanié par les actuels propriétaires qui ont allégé un ensemble
un peu trop chargé à leur goût.
L’agrandissement le plus important est la création d’une grande aile
rectangulaire, perpendiculaire au manoir d’origin. Elle flanque la petite
façade nord-est, en formant une saillie à l’avant comme à l’arrière du corps
de logis. Cette aile est plus haute que le reste de la construction
puisqu’elle est constituée de trois étages plus des combles hauts. La partie
ancienne, cernée, semble un peu écrasée entre la tour et le nouveau bâtiment
qui la domine d’un étage. L’aile du XXe siècle dispose d’un escalier qui lui
est propre, pour accéder au dernier étage de la tour il faut certainement
traverser les combles. La nouvelle partie abrite au rez-de-chaussée la salle
à manger et les pièces réservées au service, au premier, et sans doute au
deuxième étage, des chambres. Ces salles sont reliées à l’ancien corps de
logis par de larges ouvertures. Pour passer du vestibule à la salle à
manger, on emprunte une des deux portes placées dans les percements de forme
rectangulaire creusés dans l’épais mur extérieur du manoir. À l’étage, la
transition se fait plus discrète car intégrée dans le couloir qui dessert
les chambres. Les baies de la salle à manger, du vestibule, comme celles de
la chambre du premier étage, dite "chambre Louis XIII" qui ouvre sur le
parc, sont fermées par des vitraux. Ils sont polychromes et utilisent des
formes géométriques simples: des losanges, des carrés ou des triangles. Le
rez-de-chaussée adopte la distribution habituelle pour ce type de
réalisation, le vestibule au centre donne accès d’un côté au salon, et de
l’autre à la salle à manger. Le salon est ouvert sur la tour qui permet de
se retirer dans un petit boudoir-bureau-bibliothèque. La salle à manger est,
quant à elle, à côté des pièces de services, mais l’accès de la cuisine à
cet espace de réception n’est pas direct. Les domestiques utilisent des
couloirs secondaires et un escalier de service pour se rendre dans les
appartements des maîtres. À côté de la cuisine, il y a une petite annexe qui
prolonge l’aile sur une petite surface. On gagne ainsi une pièce pour le
service tout en créant une terrasse pour les pièces de l’étage. Les décors
sont très éclectiques, le vestibule est néo-gothique, chargé d’une ambiance
martiale par des armes d’hast et des pièces d’armure, même le départ de la
rampe de l’escalier d’honneur est couronné d’un heaume avec son panache,
tandis que la salle à manger semble davantage tournée vers la Renaissance.
Pour le salon l’esprit du XVIIIe siècle est conservé, exception faite
toutefois de deux percements. Une grande baie à croisillon et à deux meneaux
de pierre est créée pour pouvoir jouir du paysage depuis l’intérieur. Et,
plus inhabituel dans l’œuvre de Lemaigre, le pan de mur au-dessus de la
cheminée est percé et remplacé par une fenêtre. Le vestibule reçoit du
carrelage en grès céramique de Paray le Monial. Le château est isolé de la
route par une cour fermée par un muret sur lequel sont installées des
grilles, l’enclos est fermé par un portail en fer forgé. La délimitation du
parc est, elle, plus floue, indiquée par endroit par quelques haies et des
clôtures. (1)
château de Lascanaux 15000 Aurillac,
propriété privée, ne se visite pas.
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