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Manlogne, château et ancienne forteresse des plus
importantes de ces contrées. On disait indifféremment Merdogne, Mardogne et
Merdoigne. Ses ruines sont sur un plateau basaltique très rapproché de
Joursac. De ce plateau, on a une vue des plus étendues : on domine sur la
Planèze et les montagnes voisines. Dans l'état actuel, ce château n'offre
plus que des ruines peu considérables. Elles étaient encore très importantes
au commencement du XIXe siècle; mais les habitants du pays venaient s'y
approvisionner de pierres de taille et autres matériaux à leur convenance,
ce qui a hâté sa destruction. Ces ruines consistent seulement dans la moitié
de l'un des quatre maîtres murs où l'on voit quatre fenêtres; dans une cave
voûtée où l'on ne peut descendre, parce que les ouvertures sont obstruées
par des décombres. Il existe aussi quelques pans des quatre murs principaux,
au milieu desquels était une cour; et enfin, une grande tour carrée où l'on
voit deux voûtes intactes superposées l'une à l'autre. Il n'y a qu'une seule
pièce à chaque étage. Les escaliers, fort étroits, sont pratiqués dans
l'épaisseur du maître mur. On voit au deuxième étage une particularité assez
singulière : c'est une espèce de tour ronde qui part de la voûte et demeure
suspendue à la hauteur d'environ deux mètres au-dessus du plancher, ou, pour
mieux dire, du pavé qui recouvrait la voûte du premier étage. Cette tour
représente une espèce de tuyau de cheminée; mais elle en diffère par la
forme et l'absence des piliers latéraux. Elle se termine dans le bas par des
ornementations fort simples sur la pierre de taille. Les deux côtés sont
percés d'une canonnière. L'étroit escalier qui part du premier étage vient
aboutir à cette tour, mais s'en éloigne aussitôt pour recommencer à l'angle
opposé. On se perd en conjectures sur l'intention qu'avait l'architecte en
bâtissant cette tour et ce long tube de maçonnerie suspendu en l'air. Dans
la cour du château était une citerne cimentée avec de la chaux et de la
tuile pilée. Quoique cet enduit soit exposé à l'air, il se détache
difficilement des parois des murs. Le grand mur d'enceinte, qui subsiste en
partie, avait un chemin de ronde de deux mètres de large pratiqué à cinq ou
six mètres de hauteur; il domine le vallon et repose en grande partie sur
une coulée basaltique en tuyaux d'orgues à demi-formés. Ce château ne fut
sans doute jamais pris; car nous ne trouvons dans les manuscrits de notre
histoire locale aucune mention d'attaques dirigées contre lui, et sa
position forte dut faire craindre à l'ennemi une trop grande résistance.
François de Saint-Hérem, sous Charles IX, assigna mille écus pour sa garde.
Louis XIII érigea cette belle seigneurie en marquisat; mais les lettres n'en
furent pas enregistrées au Parlement. Louis XV établit à Mardogne, en 1781,
une prévôté royale.
Cette terre avait donné son nom à une ancienne famille de chevalerie. Pierre
Ithier de Bréon, seigneur de Mardogne, vivait en 1066. Armand de Bréon fut
un des seigneurs d'Auvergne qui se croisèrent en 1102, et qui assistèrent
l'année suivante au siége de Tripoli. Autre Armand de Bréon est cité dans
l’Histoire des Troubadours; il avait inspiré de tendres sentiments à dona
Castelloza, dame de Meyrone. Cette terre passa de la branche aînée dans la
branche cadette, par le mariage de Françoise, dame de Mardogne, avec Maurin
de Bréon. Ithier de Bréon n'ayant eu que des filles, partagea sa succession
entre elles en 1280. Ithier III de Bréon en devint seigneur. Maurin III de
Bréon, en 1338, eut ses fourches patibulaires renversées par les gens de
Bertrand de Saint-Nectaire; le roi ordonna de les rétablir. En 1348, la
seigneurie fut saisie pour dettes, par ordre du roi. Maurin n'eut qu'une
fille, Dauphine de Bréon, dame de Mardogne, qui porta cette terre dans la
maison de Tinières, par son mariage avec Guillaume, seigneur de ce nom.
Cette famille la conserva longtemps. Jacques de Tinières n'eut qu'une fille
nommée Jeanne, qui fut mariée, en 1477, à Germain de Foix. Une des
conditions du contrat était de prendre les armes et le nom de Mardogne.
Joseph de Foix, seigneur de Mardogne, n'ayant pas eu d'enfants de Françoise
de Lastic, fille de Thibaud, la fit héritière de cette seigneurie par son
testament, en 1580. Il avait eu une fille nommée Gabrielle, mariée avec le
comte d'Apchier. Françoise de Lastic épousa en secondes noces Jean de La
Guiche, seigneur de Bournoncles; il n'y eut encore qu'une fille, mariée avec
Louis de Larochefoucault. Des réclamations s'étant élevées alors sur la
propriété de la seigneurie de Mardogne, cette terre fut vendue d'un commun
accord à Juan Dufour de Villeneuve, qui la revendit aussi le même jour à M.
le prince de Conti, et réunie au duché de Mercœur. Ce prince la revendit
encore au roi Louis XV, en 1770. Elle fit partie ensuite de l'apanage du
comte d'Artois; mais le roi la retira par édit de 1778. (1)
Éléments protégés MH : le château de Mardogne (ruines) : classement par
arrêté du 15 décembre 1980.
château de Mardogne 15170 Joursac, propriété privée, ne se
visite pas, vestiges.
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