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C'est en 1547 que Diane de Poitiers, veuve de
Louis de Brézé, Sénéchal de Normandie, fit débuter la construction du
château. Elle charge de dresser les plans du château à un architecte
lyonnais, Philibert de l'Orme. âgé de 36 ans, Il conçoit une demeure
réguliere, à l'architecture sobre, fondée sur l'art renouvelé de l'antiquité
et subordonnée aux commodités, l'année 1547 est consacrée aux travaux de
terrassement à la régularisation du terrain marécageux qui réalise un plan
supérieur pour les bâtiments et un plan inférieur pour les jardins, au
creusement des douves à la construction de deux étages de caves pour les
cuisines, de canalisations d'égout. En 1548, on commence par les bâtiments
d'habitation; le corps principal devant former le fond de la cour d'honneur
cette partie du château prolonge vers l'ouest le vieux manoir que Diane de
Poitiers tient à conserver en l'incorporant à sa nouvelle demeure. En 1549
et 1550, on construit l'aile droite et la Chapelle, en 1551, l'aile gauche,
le portail s'élève en dernier lieu et porte gravée, date d'achèvement des
travaux en 1552. Dans le principal corps de logis sont aménagés les
appartements de Diane et ceux du Roi, ainsi que les salles de réception.
L'aile gauche est affectée à d'autres appartements. L'aile droite abrite une
immense salle des fêtes, dite "galerie de Diane" et masque la chapelle
attenante dont on ne voit, de la cour d'honneur, que le dôme et les deux
flèches de pierre en forme de pyramides. Derrière chaque aile s'étend une
cour latérale. Celle de droite, irrégulière, bordée d'un côté par le manoir
des Brézé, s'ouvre vers la route par un portail monumental dit "porte de
Charles le Mauvais" et s'orne en son milieu d'une fontaine, celle de la
Nymphe d'Anet. De même la cour de gauche dessert une orangerie et des
volières, en son centre s'élève une fontaine, que surmonte le célèbre groupe
de la Diane au cerf, longtemps attribué à Jean Goujon et conservé
aujourd'hui au musée du Louvre. En contrebas du principal corps de logis
s'étendent les jardins, entourés par une longue galerie dont deux pavillons
carrés occupent les angles extrêmes et qui mène à un bâtiment servant de
salle de bal.
Philibert de l'Orme a imaginé pour les différents corps de logis un décor
architectural original. La partie centrale de la façade principale est
constituée par un beau portail où, pour la première fois, chaque étage est
marqué par des colonnes d'un ordre différent : dorique, au rez-de-chaussée,
ionique au premier et corinthien au second. Ce dernier étage est occupé par
la statue du Sénéchal auquel Diane, indique une inscription latine, a dédié
le monument. Les fenêtres divisées par des meneaux de pierre sont surmontées
de frontons alternativement triangulaires et curvilignes. De grands
cénotaphes très ornés terminent les souches de plusieurs cheminées, et
divers monogrammes de Diane, de son époux et du roi Henri apparaissent,
entrelacés de palmes et de croissants dans les motifs ajourés des
balustrades, bordant les terrasses au-dessus des fossés de chaque côté du
portail. Il est aisé d'imaginer ce que peut être dans un tel cadre les
intérieurs raffinés aux baies garnies de vitraux en grisaille peints sans
doute par Jean Cousin, aux pavements de petits carreaux émaillés verts, dus
au céramiste Abaquesne, aux murs tendus de tapisseries précieuses, aux
plafonds à caissons peints et dorés. Le mobilier est à l'avenant : lits à
colonnes, cabinets et coffres à la décoration fleurie. Vaisselle,
orfèvrerie, livres aux reliures mosaïquées, miroirs et verreries de Venise,
soieries brocarts, tentures, toutes aux initiales de Diane, non seulement le
château peut rivaliser avec les plus magnifiques résidences princières ou
royales, mais il se présente comme une œuvre exceptionnelle qui suscite une
immédiate renommée. Désormais les réceptions et les fêtes vont se succéder
au château d'Anet, en y amenant la cour entière et retenant le roi dans
l'enchantement. Diane assiste au déchaînement de la guerre entre Catholiques
et Protestants, amie des uns, haïe des autres. Elle pense aussi à la mort
et, en 1565, à Limours, elle dicte son testament dans lequel elle institue
de nombreuses fondations pieuses et demande que soit construite à Anet une
chapelle pour abriter son tombeau.
Elle trouve encore la force d'aller en Dauphiné, mais, de retour au château
d'Anet, elle est atteinte à la fin de l'hiver d'une brusque maladie et elle
meurt le 25 avril 1566. Selon son désir, et pour abriter son tombeau,
magnifique œuvre de Pierre Bontemps, sa fille Louise de Brézé, Duchesse
d'Aumale fit élever près du château une chapelle funéraire qui vient d'être
restaurée. Au XVIIe siècle, le château d'Anet appartint aux Ducs de Vendôme
qui y apportèrent de profonds remaniements, l'escalier d'honneur fut
construit par Desgots en 1680, et le pavillon du Gouvernement, le canal fut
creusé à cette époque sur des plan d'André Le Nôtre. Au XVIIIe siècle, la
Duchesse du Maine, et ensuite le Duc de Penthièvre y menèrent grand train.
La Révolution et les années qui suivirent, faillirent amener
l'anéantissement du château d'Anet. Confisqué, vendu comme bien national, il
fut d'abord mis à sac, puis les démolisseurs s'attaquèrent à l'édifice, le
corps du logis central et l'aile droite furent détruits. A partir de 1840,
commence l'ère des restaurations. Cinq générations de propriétaires
appartenant à la même famille ont réussi, avec patience, à rendre à ce
domaine une part de sa splendeur d'autrefois.
Éléments protégés MH: le château et toutes les parties bâties et non bâties
du domaine l'accompagnant, avec tous leurs aménagements, y compris les
installations hydrauliques : classement par arrêté du 25 mars 1993.
château d'Anet 28260 Anet. Tél : 02 37 41 90 07, ouvert au public,
horaires voir le site :
www.chateaudanet.com
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