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Ce bâtiment illustre magnifiquement la
période faste du Vigan. Appelé château d'Assas depuis son rachat par les
Assas Faventines en 1850 (après avoir été vendu comme bien national, servi
de prison et de mairie ...), c'est en fait un grand hôtel du XVIIIe siècle
construit par Pierre de Faventines pour son fils aîné Jacques lors de son
mariage. Pierre de Faventines avait acheté en 1756 une charge de fermier
général et il n'a fait construire ni à Paris comme il était d'usage (il y
résidait rue d'Antin ou place des Victoires) ni aux environs car il avait
acheté une résidence à Puteaux (le château du duc de Gramont aujourd'hui
détruit) mais dans sa ville natale. Le déroulement du chantier est connu
grâce à l'abondante correspondance qu'entretenait Jacques de Faventines avec
son père à Paris qui finançait la construction. Cette documentation
conservée aux archives départementales a été bien étudiée dans un mémoire
d'histoire par Mlle Cormier sous la direction de M. Dermigny. Le plan et le
devis sont mentionnés en 1750; la maison est dite extrêmement avancée avec
le couvert presque fini en 1753 et il est question de planter des arbres,
enfin que les comptes avec l'entrepreneur Thureau sont arrêtés en 1759. Le
plan du rez-de-chaussée de la maison de M. de Faventines conservé aux
archives départementales n'est ni daté ni signé et ce n'est pas celui qui
fut exécuté, il pourrait être dû au commanditaire lui-même, peut-être sur le
modèle de celui de son cousin Peyrenc de Moras ou sur celui du château de
Puteaux (construit vers1700). Le bâtiment que nous voyons, quoique réduit
par rapport à ce projet et inachevé (les clefs des fenêtres et l'intérieur
du fronton de la façade sur cour sont en attente), n'en est pas moins digne
d'un fermier général et tout à fait spectaculaire au Vigan par ses
proportions (16 toises de façade par 10 de large), la qualité de sa
réalisation, son décor intérieur et son mobilier (que l'on connaît grâce à
l'inventaire réalisé à sa mort en 1776). Son plan à la parisienne entre cour
et jardin est axé depuis le portail sur rue jusqu'au fond du jardin et la
dénivellation du terrain donne à la façade sur jardin une grande allure avec
ses quatre niveaux. Valentin Esterhazy écrivait en 1786 au sujet des maisons
celle de Mme Faventin lui coûte près de cent mille écus, elle est entre cour
et jardin et faite sur les plans du château de Guiche (la demeure de Pierre
Faventines à Puteaux). Si l'architecte des plans demeure inconnu, le
bâtisseur François Tureau est du Vigan, il est consul et architecte de la
ville (il y est chargé des réfections à l'église, à l'hôtel de ville, à la
tour de l'horloge ...) mais le commanditaire écrit "il me parait qu'il
trouve l'entreprise trop forte et qu'il n'ose s'y risquer". De même il
semble, malgré l'absence de devis, que toute la réalisation soit l'oeuvre
d'artisans locaux.
La distribution intérieure connue par un relevé non daté mais signé par
Jean Aguze le notaire qui a effectué l'inventaire des biens en 1776 se
retrouve très bien malgré les cloisons qui divisent les étages et au
rez-de-chaussée l'enfilade de pièces coté jardin est toujours visible. Le
grand salon ouvrant sur jardinet appelé salon de compagnie conserve les
stucs des quatre saisons placés dans les angles de la corniche,sa cheminée
de marbre avec sa plaque datée 1755, ses lambris, ses menuiseries, ses
volets intérieurs et son sol de pierres disposées en tapis. Toutes les
pièces ont gardé leur cheminée, toutes différentes et de marbres diversement
colorés. Monsieur Valette écrivait à Pierre de Faventines en 1753 : Monsieur
votre fils est à Montpellier depuis avant hier pour voir des cheminées en
marbre; la plupart de leurs plaques sont en place et le parquet marqueté de
l'entrée a été placé dans l'appartement du premier étage,côté cour et
potager. Deux alcôves sont encore visibles avec leurs décors en stuc
(colombes, fleurs). Certains volets à persiennes ont été remisés au grenier
et remplacés par de simples panneaux intérieurs. Le grand escalier à cage
ouverte et palier suspendu possède une très belle rampe en ferronnerie. Le
jardin appelé le parterre dans l'inventaire de 1776 et auquel on accède par
deux volées courbes a été amputé lors du passage de la voie ferrée, la pièce
d'eau qui fermait le grand axe a disparu mais les allées de buis taillés et
les plantations de tilleuls témoignent encore de la volonté du commanditaire
qui dès le début de la construction prévoit "je ferai aplanir le jardin et
j'y feray planter les arbres qu'il conviendra pour en faire en partie un
jardin agréable et qui réponde à la future maison". Côté sud, l'inventaire
de 1776 signale un potager et celui ci continue à être exploité en temps que
tel. La cour plantée de tilleuls est fermée en hémicycle, elle ouvre sur la
rue des Barris fort étroite par un portail surmonté d'une belle grille.
Malgré les inévitables déprédations subies quand il servait de centre de
vacances et d'hébergement, ce bâtiment témoigne d'un fastueux XVIIIe siècle
au Vigan. Il appartient depuis 1935 à l'évêché de Nîmes et doit être
restructuré en logements sociaux.
Éléments protégés MH : l'ancien hôtel avec les bâtiments du portail, ceux
des dépendances, ainsi que le jardin et la cour, le bâtiment des communs :
inscription par arrêté du 9 avril 2002.
château
d'Assas, route d'Alzon, 30120 Le Vigan, propriété privée, visite des
extérieurs uniquement.
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