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Château de Portes
 
 

    Entre Alès et Villefort, les montagnes de Portes jalonnent le passage d'une voie antique, dont quelques tronçons formèrent, au Moyen Age, la voie dite "Réjordane", reprise plus tard pour asseoir l'une des routes transversales des Qevennes, Verrouillant la vallée de l'Auzonnet, le château de Portes occupe, sur ce trajet difficile, une position stratégique privilégiée. Portes n'était cependant qu'une simple "villa", avec une église dédiée à Saint-pierre, lorsque, en 1029, Garsinde, veuve de Bernard d'Anduze, seigneur de Sauve, en fit don au monastère naissant de Saint-Pierre de Sauve. Le prieur de cette "Cella" bénédictine, lointaine dépendance de l'abbaye de Gallone, devint ainsi, et cette situation devait se prolonger pendant environ deux siècles, seigneur de Portes; nais il s'empressa de donner ces terres en fief à cette même famille d'Anduze, assuré de trouver auprès de ces vassaux des appuis fidèles. Les deux fils de Bernard d'Anduze devaient justifier cette confiance. L'aîné, Almerade, disposa en 1052, par testament, de ce qu'il avait aux châteaux d'Anduze, Peiremales et Barre, en faveur de son fils Pierre, qu'il établit en même temps défenseur du monastère de Sauve. Pierre, qui reçut en même temps les droits de ses parents sur Portes, confirma les donations précédentes, faites à l'abbé de Gallone, duquel celui de Sauve dépendait . Bermond, autre fils de Bernard, mourut en 1054 à Rome, où il accomplissait un pèlerinage; il chargea sa femme Austorge, qui avait accompagné, de donner conjointement avec leur fils Pierre, au monastère de Sauve, la portion qu'il avait de l'église et du village de Portes, dans le comté d'Uzès. Pierre d'Anduze, fils d'Almerade, vécut jusqu'en 1077 et mourut sans postérité: Pierre et Bernard de Sauve, ses cousins, partagèrent sa succession. Bermond, frère d'Almerade, prit le nom de Bernard -Bermond, et fut seigneur d'Anduze, Barre, Peiremales et Portes. Le plus connu des descendants de Bernard-Bermond est Bernard d'Anduze, dit "l'Ancien", qui rendit hommage en 1162 au prieur de Sauve pour la villa, le château et la viguerie de Portes. On voit que ce lieu était déjà fortifié, et qu'il était le siège d'une viguerie.
Bernard d'Anduze avait épousé Ermengarde, vicomtesse de Narbonne, la fondatrice de Fontfroide, qui mourut en 1197. son petit-fils, Bernard, 7e du non, fils de Bernard VI et d'Eustorge, confirma en 1203 l'hommage que son aïeul avait rendu au monastère de Sauve, pour la viguerie de Portes. lorsqu'il mourut, en 1223, Bernard VII laissait deux fils: l'aîné, Pierre Berrmond VI de Sauve, eut en partage Sauve, Sommières, Anduze et partie d'Alès; il forma la branche de Sauve; son frère, Bernard VIII d'Anduze, chef de la branche d'Anduze, reçut portes et l'autre partie d'Alès, il avait épousé Vierne du Luc, dame de Joyeuse, et c'est de cette union que prit naissance l'illustre famille des ducs de joyeuse. La fille aînée de Bernard VIII et de Vierne du Luc, Marquise, hérita des seigneuries de Portes et du Luc; elle épousa, vers 1243, Randon de Châteauneuf, apportant la seigneurie de Portes dans cette famille. Issu d'une ancienne famille du Gévaudan, Randon de Châteauneuf rendit hommage, en 1252, au prieur de sauve pour la terre de Portes. Son fils, Guillaume de Châteauneuf, eut, de son mariage avec Valpurge, fille du comte de RBodez, deux enfants: un fils, mort jeune, et une fille, Marquise, qui devint dame de Portes. Marquise de Portes épousa en 1877 Armand, vicomte de Polignac, quatrième du nom. A sa mort, en 1389, Armand IV laissait deux fils: Guillaume et Armand, ce dernier né posthume. Par une singulière interversion, Guillaume prit le nom d'Armand, et devint Armand V, vicomte de Polignac, tandis qu'Armand adoptait le prénom de Guillaume, pour former la branche dite des seigneurs de Randon. C'est ce Guillaume de Randon qui vendit, en 1321 la seigneurie de Portes, devenue baronnie, à Raymond-Guillaume de Budos, neveu du pape clément V. Entre temps, il faut mentionner une première tentative des officiers du Domaine Royal pour intégrer à la couronne la seigneurie de Portes, lorsque, en 1304, Guillaume de Nogaret reçut du roi, en récompense de l'affaire d'Anagni , un assignat de trois cents livres sur les terres de Calvisson, Tamerlet, Marsillargues, Manduel, le sénéchal de Beaucaire ajouta à la liste quelques autres villages, dont Portes. Cette clause ne semble pas avoir eu de suites, car, dans les procès que soutinrent les héritiers de Guillaume de Nogaret contre le Domaine Royal, il n'est plus question de la terre de portes.
Alliés aux Bernard-Bermond d'Anduze, les Goths, vicomtes de Lomagnes se sont illustrés en la personne de Bertrand de Goth, devenu pape sous le non de Clément V. Une soeur de ce premier pape d'Avignon épousa Raymond, baron de Budos, et c'est son fils, Raymond-Guillaume de Budos, qui fit l'acquisition de Portes en 1321. Grâce à la protection de son oncle clément II, Raymond-Guillaume avait obtenu, en 1307 et 1309, les gouvernements de Benevent et du Comtat-Venaissin. Son fils, André de Budos, damoiseau, ayant pris le parti des Anglais, vit sa baronnie de Portes confisquée par Philippe de Valois, en 1330. Les lieutenants du roi en Languedoc, l'archevêque d'Auch et Pierre de la Palu, vinrent en 1340 établir un gouverneur de la baronnie de Portes. Le futur Jean le Bon, alors duc de Normandie, passa peu de temps après un accord avec le Dauphin Humbert, lui assignant 2.000 livres de rente sur les villes et châteaux d'Alès, Anduze et sur la baronnie de Portes. Le Dauphin vendit tous ces domaines à Guillaume Rogier, vicomte de Beaufort, frère du pape Clément VI, pour 62.000 florins d'or. Philippe de Valois érigea Alès en comté et accorda, en 1347, à Rogier de Beaufort, les mêmes privilèges et franchises qu'il avait consentis au dauphin, dans les villes d' Alès, Portes, etc. Cependant, en 1349, le procureur du roi en la Sénéchaussée de Beaucaire prétendait recevoir l'hommage de Guillaume Rogier de Beaufort pour les châteaux de Portes et de Calberte; l'archevêque d'Auch, chargé de rendre sa sentence dans ce différend, donna raison au vicomte de Beaufort, probablement sur l'intervention du roi, qui devait de fortes sommes aux Beaufort. Parvenu à la couronne sous le nom de Jean le Bon, le duc de Normandie confirma les accords précédents; toutefois, en 1355, il ordonna la réunion à la couronne de la baronnie de Portes, qui valait 400 livres de rente, excédant de cette somme les 2.000 livres de rente assignés au dauphin Humbert; ces 400 livres devant revenir au domaine après la mort du dauphin.
Cette insistance de l'administration loyale pour réunir à la couronne la baronnie de Portes montre bien l'importance que cette place présentait pour la défense des Cévennes, et par conséquent du château qu'on y avait édifié. Mais les circonstances n'étaient guère favorables pour seconder ces efforts, et, en 1360, la paix de Brétigny allait tout remettre en question. Par un article de ce traité, tous les seigneurs dont le roi avait confisqué les domaines, devaient rentrer en possession des mêmes biens; en conséquence, c'est à André de Budos que revenait la baronnie de Portes, confisquée trente ans auparavant par Philippe de Valois. Aucun détail ne nous est parvenu sur cette remise en possession; il est à croire qu'elle s'assortit d'accords avec les vicomtes de Beaufort, qui continuèrent, pendant quelque temps, à disposer du titre de barons de Portes. En effet, Rayraond-Louis de Beaufort, fils de Guillaume Rogier de Beaufort, vicomte de Turenne, donna en dot le comté d'Alès et les baronnies d'Anduze et de Portes, à sa fille unique Antoinette, lorsque celle-ci épousa, en 1393, Jean II le Meingre, maréchal de France, plus connu sous le sobriquet de Boucicaut II. Résolument opposé à ce mariage, Baymond-louis de Beaufort n'y avait consenti que sur l'insistance du roi, désireux sans doute de récompenser ainsi les services du valeureux maréchal; il s'inclina, mais déshérita Antoinette au profit de sa propre sœur, mariée à Renaud de Pons vicomte de Carlat. Par l'autorité du roi, Antoinette fut maintenue en succession; à défaut d'enfants mâles, ces biens allèrent aux Beaufort-Canillac. Il semble, que la baronnie soit revenue à ses seuls possesseurs légaux en vertu du traité de Brétigny, c'est-àdire aux Budos, car il n'en est plus question dans les papiers des Beaufort-canillac, et notamment dans leur hommage de 1484. Après Budos, qui récupéra ses domaines en 1360, une certaine lacune dans l'histoire de cette lignée des barons de Portes s'explique par les difficultés qui les opposaient aux Beaufort, puissamment soutenus à la fois par les rois de France et par les papes d' Avignon clément VI et Grégoire XI, issus tous les deux de la famille Rogier de Beaufort.
Un André de Budos, seigneur de Portes-Bertrand, apparaît en 1426, chevalier et chambellan du roi, il faisait alors campagne contre les Anglais sous les ordres du comte de Foix, pendant son absence, André de Ribes, dit le bâtard d'Armagnac, lui pillait divers châteaux, dont Châteauneuf de Randon. Cinq, ans plus tard, en 1431, des dissensions entre les nobles des Cévennes au sujet de la levée des subsides et des droits domaniaux, provoquaient des troubles, à la faveur desquels les Routiers s'emparèrent du château de Portes. En 1433, André de Budos épousa Cécile de la Fare, qui testa, veuve, en 1446. Leur fils ou petit-fils, Thibaud II de Budos, sieur de Portes, épousa, vers le milieu du XVe siècle, Anne de joyeuse, soeur de Guillaume I de joyeuse. En 1507, on trouve Charles de Budos, baron de Portes-Bertrand, dans une proclamation le qualifiant de "magnific et poysans senhor". On a davantage de détails sur la génération suivante, dont le chef était Jean de Budos, époux de Louise de Porcelet, fille du sieur de Maillane, gouverneur de Beaucaire. Lorsqu'en 1563, Crussol appela aux armes toute la noblesse religionnaire, Jean de Budos, baron de Portes, se rangea à ses côtés. En 1571, Jacques de Budos, fils de Jean, épousa Catherine de Clermont-Montoison, et de cette union naquit, en 1575, une fille, Louise, qui devait épouser en 1593 Henry I de Montmorency et lui donner deux enfants aux destinées illustres: Henry II de Montmorency, duc et amiral, héros malheureux de la révolte de 1632; et Charlotte-Marguerite, princesse de Condé. Jacques de Budos participa activement aux guerres religieuses; en 1573, il était au siège de Sommieres, puis à l'assemblée religionnaire de Réalmont, comme guidon du vicomte de Paulin; il assista aux États de Béziers de 1577. En 1576, dans un acte passé au château de Partes, il est qualifié de seigneur et vicomte de portes, baron de Teyrargues, chevalier des ordres du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre. D'autres actes, passés au château de Portes, s'échelonnent de 1576 à I5S9. Le règne de Henri IV, et le retour d'une paix que troublaient à peine quelques mouvements sporadiques locaux, les Budos paraissaient devoir se consacrer enfin à leurs domaines, et aux charges publiques que leur valaient les hautes protections des familles alliées. Telle aurait été, sans doute, leur destinée, n'eut été le caractère fougueux d'Antoine-Hercule de Budos, fils et héritier de Jacques. Cet étonnant caractère d'homme de guerre rappelle, à plus d'un titre, celui de son arrière-cousin, Antoine-Scipion de Joyeuse, grand-prieur de Toulouse, dont la carrière agitée se termina tragiquement en 1598, au siège de Villemur. Au cours de sa carrière de soldat, Antoine-Hercule de Budos avait trouvé le temps de représenter le roi, comme commissaire, aux États de 1627, 1688, 1689 et aussi de se marier, en 1627, avec Louise de Crussol, fille d'Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès. Sa veuve se remaria, en 1634, avec Charles, marquis de Saint-Simon. Des deux filles qu'elle avait eues de sa première union avec Antoine-Hercule de Budos, l'une, Diane-Henriette, épousa Charles de Saint-Simon; et l'autre, Marie-Félice, mourut sans postérité.
Marie-pélioe de Budos, marquise de Portes, vicomtesse de Teyrargues, baronne de saint-jean et de Saint-Germain, consentit, non sans quelques réserves de forme, à rendre son aveu et dénombrement au roi, en 1678, pour l'ensemble de ses seigneuries. Dans ce document détaillé, on lit que "le château de portes est situé sur une éminence dominant le lieu de Portes. C'est le chef du marquisat. Il se compose de plusieurs tours, rondes, carrées et triangulaires, avec leurs donjons et guérites, pont-levis et autres pièces; avec les embellissements et décorations convenables à une place et maison seigneuriale. On a vu que Charlotte de Montmorency, fille de Louise de Budos et petite-fille de Jacques de Budos, épousa, sous Henri IV, le prince de Condé. Le second fils issu de ce mariage fut l'auteur de la branche dite des princes de Conti, qui commence par Armand, comte de Pézenas, né en 1689, et se continue par le 3e fils de celui-ci, François-Louis de Bourbon-Conti, né en 1664. C'est à ce cousin éloigné des Budos que, par un processus ignoré, fut dévolu le château de Portes, aux environs de 1680. François-Louis porta, en effet, les titres de comte a'Alès, marquis de Graville et de Portes, vicomte de Teyrargues; marié à sa cousine, Marie-Thérèse de Bourbon, il mourut en 1709. Son fils, Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti, marquis de Portes, naquit en 1695, épousa Louise-Elisabeth de Bourbon, entra au conseil de Régence en 1717, et mourut en 1727. Comme ces derniers princes de Conti ne résidaient plus en Languedoc, leur histoire est à peu près sans relation avec celle du château de Portes...
La plus ancienne mention des fortifications de Portes remonte à 1162. S'il reste quelques vestiges de ce château-fort primitif, il faut probablement les chercher dans les parties de l'enceinte intérieure qui suivent au plus près les contours naturels de la colline. Malgré de nombreux remaniements ultérieurs, ces rempiètements des bases, merlonnages, mise en place de canonnières, ont peut reconnaître les traces de ces campagnes primitives , d'une part à la courtine occidentale, assez caractéristique par son tracé courbe, à la tour ronde du nord-ouest, où il subsiste deux archères, et à la tour carrée du nord-est. Quoique très modifié dans son appareil défensif, cette tour carrée présente un appareil assez caractéristique, soigné, aux joints bien dressés, avec échantillons en délit. Sans vouloir attribuer ces deux tours à une campagne unique, hypothèse improbable en raison de leurs différences de plan, de structure et d'appareil, il est permis de situer leur construction entre le milieu et la fin du XIIe siècle, soit, en gros, antérieurement à la croisade de Simon de Montfort, du temps des Bernard d'Anduze. L'unique porte fortifiée, située à l'ouest, à l'abri de la tour ronde nord-ouest, n'est pas liée aux murs adjacents et, visiblement, y a été intercalée après leur construction. Il ne semble pas que oe petit ouvrage, encorbellé, soit postérieur au XIIIe siècle, c'est-à-dire au temps des Châteauneuf-de-Randon. Malgré la proximité de la tour ronde, dont les archères droites, de style primitif, flanquaient très mal l'entrée, cette porte était bien faible pour défendre l'accès du château, cette insuffisance suppose que lors de la construction de la porte, il devait exister, au moins à l'état de projet ou d'ébauche, une enceinte extérieure, qui, en tenant l'assaillant à distance, reportait l'entrée au nord. Par cette voie, il fallait contourner la tour ronde, sous les tirs de ses archères, pour accéder à la porte actuelle. Si l'attaque, venue du sud, débouchait sur cette place d'armes, les vues et les embrasures nécessaires étaient fournies par le merlonnage de la courtine ouest; bien que les créneaux aient été aveuglés, plus tard, par la surélévation de cette courtine, la ligne crénelée y est encore bien visible, et se relie bien, comme appareil, à celui de la porte adjacente. Il ne faut peut-être pas attacher trop d'importance, pour sa datation, au fait que les courtes embrasures, situées à la base des merlons et dans leur axe, sont munies des trous circulaires exigés par la mousquètèrie. De même qu'ailleurs les canonnières, ce sont là des adaptations beaucoup plus tardives, et faciles à exécuter dans une construction existante.
En somme, la logique de l'art militaire exigerait que soient attribuées à une même campagne: la porte intérieure, le crénelage de la courtine voisine, et l'établissement d'une enceinte extérieure. Aucun élément architectural ne contredit cette conclusion, qui peut toutefois s'accommoder d'une réserve, c'est que le temps ou les moyens aient manqué pour exécuter tout ce programme d'un seul coup. Ces constructions sont dans l'ensemble assez sommaires, les surfaces dressées réduites au minimum, avec, ça et là, quelques bossages. Sans pouvoir dater cet ensemble avec précision, il semble possible de le placer dans le courant du XIIIe siècle, période d'occupation du château par les Châteauneuf-de-Randon, plutôt qu'au XIVe siècle, époque indiquée par les anciens guides touristiques. On a vu, du reste, que les fréquentes mutations intervenues au XIVe siècle, accompagnées de perpétuels conflits judiciaires, ne s'accordent guère avec l'entreprise de travaux importants. Il n'en est plus de même au XVe et au début du XVIe siècle; les Budos se sont définitivement installée; ils séjournent même fréquemment au château; ils y font construire des appartements, aujourd'hui ruinés, mais qui trahissent encore leur existence par quelques grandes fenêtres à meneaux, dont la mouluration encore flamboyante ne laisse guère douter de leur époque, cette observation se réfère notamment aux fenêtres pratiquées, à bonne hauteur, sur la face occidentale de la tour carrée de l'angle sud-ouest, et à celle qui éclaire, du côté cour, un ancien appartement adossé à la courtine orientale. C'est probablement au cours de ces petits aménagements progressifs que la défense fut renforcée, à l'angle sud-ouest, par une tourelle circulaire, qui se différencie nettement de la tour ronde du nord-ouest par son appareil, et surtout par ses proportions plus élancées. On peut admettre que cette série de travaux s'échelonne entre le milieu du XVe siècle (car les Routiers s'étant emparée du château en 1431, les Budos durent améliorer les points faibles de la défense), et les premières années du XVIe siècle (la tourelle sud-ouest porte le blason sculpté des Budos).
Le déclenchement des guerres religionnaires, où Jacques de Portes prit une part active, suscita une nouvelle entreprise; pour parer aux nouvelles méthodes de siège, mines et pétards, les murs et les tours furent puissamment renforcés, à leur base, par d' épais talus maçonnés. Déjà, sans doute, en cette période 1563-1590, apparaissait l'insuffisance de l'ancien château féodal. Jacques, devenu, vicomte de Portes, et qui disposait de vastes moyens, envisageait certainement la reconstruction totale de son château; en attendant le moment favorable, et peut-être incertain sur le plan à adopter, à une époque d'évolution rapide de l'art militaire, se bornait à faire les petites réparations indispensables, tout en disposant ça et là quelques canonnières, étagées aux divers niveaux des tours d'angle, et en aménageant d'anciennes archères pour les tirs de mousquèterie. C'est, sans nul doute, à son fils Antoine-Hercule, qu'il convient d'attribuer la construction du nouveau château. Ce bouillant guerrier n'aurait pas hésité à sacrifier sa fortune, comme il fit de sa vie, pour transformer Portes en une place forte adaptée aux nouvelles méthodes militaires. Conservant provisoirement le vieux château, il commença l'entreprise par l'angle sud-est, qu'il reconstruisit sur un plan bastionné. Sa mort en 1689, au siège de Privas, laissa les travaux inachevés; une large brèche, obturée tant bien que mal, au voisinage de la tour du nord-est, semble indiquer que là devait être commencé le deuxième éperon. Le nom de l'architecte est ignoré; mais il est probable que Antoine-Hercule de Budos, dont l'expérience militaire était grande, avait lui-même donné ses directives. Sa tour triangulaire rappelle, en plan, les conceptions d'Errard de Bar-le-JDuc, mais elle s'en écarte radicalement dans l'élévation; ce n'est pas un bastion terrassé, mais une véritable tour-résidence, largement ajourée aux étages; les canonnières sont extrêmement nombreuses, les murs épais et fortement talutés, l'éperon débordant supporte une guérite. Ce compromis curieux entre les nouvelles méthodes du temps de Henri IV-Louis XIII et des conceptions périmées n'aurait pas, sans doute, tenu devant un siège normalement préparé, en pays de plaine. Mais le marquis de Portes, qui avait guerroyé dans des régions montagneuses, savait combien il était difficile, à cette époque, de conduire une puissante artillerie en terrain montagneux; les approches de la montagne de portes seraient des plus pénibles pour ces lourds attelages. Dans cette conception architecturale, tout est sacrifié à la puissance offensive du feu; chacun des étages ne compte pas moins de sept grandes canonnières; à chaque fenêtre, l'allège est percée d'une embrasure à mousquèterie. Les voûtes étaient assez puissantes pour résister aux secousses du tir; il a fallu, de nos jours, des affaissements de terrain pour déterminer, dans ces voûtes d'arêtes, quelques fissures. L'appareil de la construction est magnifique, la pierre, bien choisie, taillée sur toutes ses faces, les assises atteignent, fréquemment, 52 centimètres de hauteur.
On peut donc considérer cette campagne, la plus importante dans l'histoire du château de Portes, comme ayant pris fin en 1639, avec la mort d'Antoine -Hercule de Budos. Les successeurs du marquis n'y ont presque rien ajouté, peut-être sa veuve eut-elle à compléter les aménagements intérieurs de la grande tour à éperon, dont le décor est resté sobre et sévère, mais il faut tenir compte que, remariée dès 1634 au marquis de Saint-Simon, elle ne résida guère à Portes. Sa. fille, Marie-Félice, malgré ses velléités belliqueuses, n'avait pas de raison valable pour continuer l'œuvre paternelle; en dépit des hautes alliances de sa famille, il n'y avait plus de marquis de Portes pour tenir une charge publique, justifiant, comme la lieutenance royale d'Antoine-Hercule dans les Cévennes, l'achèvement d'une place forte; l'entreprise, dans de telles conditions, aurait même été tenue, par un Richelieu, comme suspecte. Au reste, Marie-Félice avait la lourde charge de disperser ses efforts dans l'entretien d'une douzaine de châteaux, dont quelques-uns avaient beaucoup souffert des guerres précédentes. Quant aux Bourbon-Conti, marquis de Portes à partir de 1680 environ, on sait qu'ils ne résidaient plus en Languedoc à cette époque; ils semblent s'être peu souciés du château de Portes, sinon du revenu de leurs fermages agricoles et surtout miniers. La petite construction qui s'adosse à la courtine orientale, avec entrée sur la cour, se rapporte cependant è leur époque; découverte et ruinée, elle n'offre guère d'intérêt. Enfin de nos jours, mis à part le grand mouvement du sol qui risque d'entraîner, si le tassement n'est pas terminé, la ruine totale du château, il convient de signaler l'attaque allemande de 1944; une colonne allemande ayant été surprise par un groupe de partisans, au voisinage de Portes, riposta en ouvrant un feu d'artillerie sur le château. Des éclats en marquent les murs, et un obus a gravement endommagé la partie supérieure de l'escalier; il en est résulté des gouttières qui, en corrompant les dalles de grès, condamnent cet escalier en vis, déjà affecté par les affaissements du sol, à une ruine prochaine. L'accès des étages est devenu très dangereux.
Le château de Portes occupe un quadrilatère irrégulier, avec deux tours rondes aux sonnets occidentaux, une tour carrée au sommet nord-est, et une tour-bastion triangulaire au sommet sud-est, c'est cette dernière tour-bastion qui, par son ampleur, accentue l'aspect dissymétrique de l'ensemble. La défense du front ouest, coté village, est renforcée par une enceinte extérieure, comportant une petite tour ronde à base pleine. L'entrée se fait par un passage pratiqué dans cette enceinte, immédiatement au nord de la tour d'angle nord-ouest; on peut aussi accéder aux lices par une petite brèche, probablement récente, munie d'un petit degré, au sud de la tour ronde extérieure. Depuis les lices, l'unique entrée du château se fait par la porte à mâchicoulis, contre la tour ronde du nord-ouest. Par là, on accède à la cour intérieure, de plan irrégulier. Dans l'angle sud-est de cette cour, un cheminement en chicane conduit, par des passages actuellement dangereux en raison des menaces d'éboulement, à l'unique porte basse de la grande tour triangulaire, On a renoncé à décrire les diverses campagnes de la construction, en raison des trop nombreux remaniement intervenus au cours des âges, et à divers niveaux de l'élévation. En gros, on considérera le château comme formé de deux parties distinctes : l'ensemble médiéval, plus ou moins remanié ou complété par la suite ; la grande tour-éperon du sud-est, du début du XIIIe siècle qui est une construction d'un intérêt exceptionnel.
L'étage de base de cette tour, puissamment taluté, supporte un rez-de-chaussée et trois grands étages. L'éperon n'existe que jusqu'à la base du deuxième étage, où il supporte une guette d'angle, circulaire; à partir de ce niveau, l'angle est en pan coupé, jusqu'à la terrasse supérieure, l'unique escalier qui donne accès aux divers étages est logé dans l'éperon (et évidemment en arrière du pan coupé), et plus près du côté sud. Disloqué par les tassements du sol, meurtri à sa partie supérieure par un bombardement de 1944, il se trouve dans un état précaire et ne permet plus d'accéder à la terrasse haute. C"est pourtant par ce seul cheminement que l'on peut parvenir à un autre escalier en vis, situé au nord -ouest (près de l'angle rentrant) par ce deuxième escalier on parvient à la terrasse d'un petit bâtiment supérieur, poste de guet remarquable sur l'ensemble des vallées avoisinantes. Ce n'est pas seulement par sa forme et ses dimensions que la tour-éperon tranche sur le reste du château, mais aussi par la nature des matériaux et la beauté de l'appareil. La pierre est un calcaire dur, gréseux, de provenance inconnue, peut-être de l'ancienne carrière de Chamary; la patine est d'un beau jaune-brun, très homogène. Les hauteurs d'assises sont variables et les parements soigneusement dressés. Les étages sont séparés par des bandeaux, au niveau des allèges; sous le niveau de la corniche, une série de corbeaux sextuples (heptuples aux angles) devaient supporter un chemin de ronde ou bien des hourds. La guette d'angle repose elle-même sur cinq encorbellements circulaires, dont on admire la hardiesse. Au rez-de-chaussée, les baies se réduisent à de petites ouvertures, puissamment grillagées (il paraît que cet étage servit de prison d'État sous la Révolution). Au premier étage, ce sont, soit de grandes fenêtres à meneaux, soit des demi-fenêtres à meneau horizontal; il en est de même au deuxième étage; au troisième étage il n'existe que des demi-fenêtres. Toutes ces baies sont alignées verticalement. L'architecte de Portes a réussi une véritable gageure, c'est de loger à l'intérieur de ce triangle des salles carrées et d'autres rectangulaires, tout en utilisant au maximum l'espace disponible, et sans compromettre la résistance des murs en cas de siège.

Éléments protégés MH : le château de Portes (parties subsistantes) : classement par arrêté du 28 décembre 1984.

château de Portes 30530 Portes, tel. 04 66 54 92 05, en 1969, une association est créée afin le sauver, car l'édifice présentait des ouvertures aux intempéries.

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