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Nous ne possédons que très peu de
renseignements sur les origines du château de là Tour. On attribue l'origine
et la construction de la partie ancienne datant du XIe siècle, aux
Templiers, qui possédaient du reste un certain nombre de places dans la
région d'UzèS (Fontarèches, moulin de Sainte-Anastasie). Les premiers
documents que possèdent les archives indiquent qu'en 1579, la famille de
Brueys était propriétaire du domaine. Il devait être vendu par elle le 1er
Septénaire 1698 à Claude Lombard, bourgeois de Nîmes, dont les descendants
devaient à leur tour, vendre le même domaine, le 12 Septembre 1764 à André
Chabaud, négociant de la ville de Nîmes. La famille Chabaud devait passer à
la Tour les années de la Révolution et son odyssée a été relaté dans un
ouvrage intitulé "Sous la rafale". Les descendants directs d'André Chabaud
devaient à leur tour se défaire du château et de tout le domaine à la date
du 20 décembre 1833, où il a été acquis parle baron de Larcy, président du
Conseil Général du Gard, député de l'Hérault et du Gard, sénateur inamovible
et vice président du Sénat, Ministre des Travaux Publics. Depuis lors, le
château de la Tour n'a fait l'objet que de mutations parmi les descendants
du baron de LARCY. Il appartient à cette heure à son arrière-petit-fils, le
Marquis de Lordat... Ce château se compose de deux parties formant un
contraste réel : une partie du XIe siècle et une plus récente construite
antérieurement à l'an IX, style Directoire, par Meunier. La partie du XIe
siècle se présente en forme d'équerre. Au nord le donjon, de 27 mètres de
hauteur, recouvert autrefois de tuiles qui ont disparu vers 1865 lors d'une
restauration effectuée par M. Revoil, architecte des Monuments Historiques à
Nîmes, sous la haute direction du célèbre architecte
Eugène Viollet-le-Duc. La tourelle qui couronne le
donjon est, de cette époque. Ayant ses façades principales en sud et en
ouest, la partie du XIe siècle comprenant le donjon (deux salles inhabitées
et une chapelle en entre-sol) comprend un appartement orienté vers l'ouest
et le sud et une bibliothèque dite "Salle Montmorency" dont il sera parlé
plus loin, elle se relie, à angle droit, avec la partie Directoire dont là
façade principale est, orientée au midi, prenant jou sur le parc, complanté
de platanes. L'extrémité de cette façade, qui doit avoir une quarantaine de
mètres a été remaniée en 1871 par M. Revoil, qui a construit une tourelle.
La chapelle est l'oeuvre de M. Revoil, restée dans un très bon état de
conservation. En vue d'accéder à une sacristie prise dans des bâtiments
anciens, il a été procédé à la percée du mur du donjon ; au cours de ce
travail, il a été mis à jour le squelette d'un chat conservé au château,
coutume destinée a préserver des mauvais sorts : un chat analogue a été
découvert dans une muraille du château de Combourg. Chateaubriand en fait
mention dans un de ses ouvrages. La salle Montmorency est située dans la
partie du XIe siècle et prenant jours vers l'est par cinq fenêtres à
croisillons, cette salle a ses murs couverts de Cuirs de Cordoue et ses
fenêtres ornées de vitraux aux armoiries dés diverses familles qui furent
propriétaires de la cheminée Montmorency dans tes les plus grands panneaux,
tandis que les petits panneaux supérieurs sont ornés des armoiries des
villes dont ces mêmes familles étaient originaires. La cheminée Montmorency
occupe toute la partie nord de ladite salle, elle possède un plafond
reproduisant les armoiries des députés et barons des Stats du Languedoc
ayant assisté à la dernière réunion de ces États le 22 Juillet 1632 : à la
droite du représentant de la Couronne, les barons; en face de ceux-ci, les
prélats et au centre, les députés des villes. Au cours de cette ultime
assemblée, une adresse fut votée comportant la fidélité à la Couronne et
l'affirmation que les franchises et privilèges de la Province sont plus
précieuses aux députés que les biens et la vie. Cette déclaration est
reproduite sur un cartouche en face des fenêtres. La cheminée est sculptée
dans le style Renaissance. Au centre, buste du duc Henri II de Montmorency,
surmonté de son écusson, entouré de figures allégoriques rappelant qu'il
était Grand Amiral et Connétable de France. Au bas, un écusson porte les
Armes du Languedoc. La cheminée fut sculptée pour la Salle des États du
Languedoc au château de Beaucaire. Elle se trouvait en 1639 dans une
dépendance de celui-ci la "Vignasse". La révolte de Montmorency contre la
Couronne avait eu son dénouement après la défaite du duc à Castelnaudary, au
procès de Toulouse, et à l'exécution sur l'échafaud édifié dans la cour
Henri II au Capitole de cette ville. La condamnation avait entraîné la
confiscation des biens, mais celui-ci fit l'objet d'une remise et c'est
vraisemblablement la soeur du duc, la princesse de Condé, qui étant seule et
unique héritière procéda à la vente de la Vignasse. Cet immeuble fut acquis
par le sieur de Lauriol. Une série de successions amena la Vignasse accolée
au château de Beaucaire, dans la famille Raviel d'Anglas. En I861, Mlle
Raviel d'Anglas légua la Vignasse et la cheminée au baron de Larcy son
neveu, fils de Mlle d'Anglas. C!est alors qu'elle fut sciée par les soins de
Monsieur Revoil et transportée au château de la Tour, où elle fut très
heureusement remontée. Cette operation fut effectuée sans dommage. Seuls, la
couronne ducale des Montmorency, l'écusson aux armes du Languedoc et une
petite portion de la corniche échancrée par les poutres de l'ancienne salle
de la Vignasse durent être restaurés. La Vignasse fut vendue à l'issue de ce
transfert. Là cheminée se trouvait-elle à l'origine dans Vignasse même (rue
Roquecourbe) ou dans le château de Beaucaire ? Il est difficile d'affirmer
dans un sens ou dans l'autre. Il parait toutefois plus probable, d'après les
notes qui se trouvent aux archives du château de le Tour, que la cheminée
aurait été transférée postérieurement au démentèlement du château de
Beaucaire, de celui-ci à la Vignasse.
Le parc s'étend au sud, il présente un quadrillage régulier d'allées
rectilignes bordées d'arbres et aboutissant à des cabinets de verdure mais
l'allée centrale située dans le prolongement du mur pignon de la ferme n'est
axée sur aucun élément notable du château. Le nouveau château est construit
dans l'axe de cette allée centrale, au sud de l'ensemble bâti et en partie
sur l'ancienne ferme. Les habitations anciennes ne sont pas modifiées et le
parc a gardé son allure générale avec quelques adjonctions : un petit jardin
à l'anglaise, un bassin devant le château... L'entrée du domaine se fait
toujours par l'allée latérale, là où le plan de 1795 mentionne une "porte
neuve" mais elle conduit à présent à la construction neuve qui masque
l'irrégularité du château ancien. La tour ou donjon semble n'avoir subi que
très peu de remaniements depuis sa construction signalée en 1212 :
l'appareillage est régulier, en moellons grossièrement équarris formant
bossage, les angles sont soigneusement bâtis en pierre de taille; les étages
marqués par de petites ouvertures et l'entrée se fait au 1er niveau par un
escalier extérieur. Celle-ci fut reprise par Revoil lors de
la transformation de cette pièce en chapelle néo-romane, il a ainsi ajouté
un tympan à la porte, cintré la baie qui la surmonte et modifié l'escalier
d'accès. Le changement le plus visible concerne le couronnement puisqu'il
remplace le toit de tuiles par une plate-forme bordée de mâchicoulis et
surmontée par une tourelle crénelée. De l'angle sud-ouest de ce donjon se
détache une aile d'habitation ouvrant à l'est sur la cour et possédant une
tour à l'angle sud-ouest. La distribution intérieure du rez-de-chaussée
nous est connue par le plan dressé par Meunier en 1795 : ces pièces voûtées
ont peu changé, on retrouve la cuisine qui a fonctionné jusque vers 1800 où
le nouveau château fut habitable et à côté se trouvait la salle-à-manger.
L'étage a été plus remanié, d'abord par l'ouverture de croisées puis par
l'aménagement vers 1865 de la grande salle en "salle des Etats" avec la
cheminée du duc de Montmorency dont le propriétaire venait d'hériter. A
l'extérieur, le changement le plus notable concerne, comme au donjon voisin,
la toiture où le crénelage remplace les tuiles. Le problème des ouvertures
n'est pas résolu : s'agit-il de travaux exécutés au XVIe siècle où d'une
modification voulue par Revoil pour s'harmoniser avec la salle des Etats qui
elle-même devait s'harmoniser avec la cheminée du début du XVIIe siècle? Au
sud, s'étend la construction de Meunier, elle est assez modeste en dimension
: un pavillon central de trois travées sur trois niveaux (dont un d'attique)
flanqué de deux pavillons d'une seule travée sur deux niveaux, le tout relié
par un passage à ciel ouvert situé au 1er étage et porté par une grande
arcade. Ce passage est signalé par deux moulures qui courent sur tout le
bâtiment et visualisent le grand axe transversal du plan intérieur. Cette
ligne horizontale est reprise au niveau de la corniche, par ailleurs le
traitement architectural de la façade se limite à souligner les encadrements
de baies et à signaler la porte d'entrée avec trois arcades formant un léger
avant-corps.
Éléments protégés MH : les deux châteaux et le parc du domaine, en totalité
: classement par arrêté du 2 août 2011.
château de
la Tour 30190 Saint-Chaptes, à environ 1 km du village, propriété privée, ne
se visite pas.
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