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Les origines de ce château sont mal connues mais il a appartenu au duché
d'Uzès puis deux grandes familles ont marqué son histoire. En effet, de la
famille Delom de Bussas, il entre par mariage en 1488 dans la famille des
Montolieu ou Montoulieu. Ceux-ci l'ont gardé jusqu'à la Révolution et sont
donc à l'origine de nombreux travaux, dont la construction de l'aile sur
jardin en 1724. Puis les Dhombres l'achètent en 1804 et l'ont transmis de
manière indirecte jusqu'aux propriétaires actuels : ceux-ci ont conservé les
archives familiales et celles du château, y compris les plans de 1724. La
famille de Montoulieu, vieille famille noble, s'est particulièrement
illustrée dans les métiers d'armes, mais sa conversion au protestantisme a
entraîné le départ de Pierre avec ses enfants en Suisse et surtout le
brûlement des deux châteaux (Montoulieu et Saint Hippolyte) en 1703. Parmi
les Dhombres Firmas, le baron Louis Augustin (1776-1859) est le plus connu:
il a été maire d'Ales (comme son père qui avait acheté le château) et fut un
grand scientifique : membre de la société d'Agriculture, il correspondait
avec de nombreuses sociétés savantes, a fait des voyages scientifiques en
Europe et a beaucoup publié, en particulier sur la météorologie, sur la
géographie, la minéralogie, la géologie la paléontologie, la botanique. Il a
aussi publié des ouvrages sur ses oncles, le professeur à l'école de
médecine de Montpellier Boissier de Sauvage et l'abbé Augustin de Boissier
de Sauvage. Il a institué un majorât afin d'aliéner son titre à la propriété
de Saint Hippolyte. Il s'est aussi occupé de son domaine, l'a agrandi et a
planté le parc que l'on voit aujourd'hui. Le plan cadastral de 1830 (qui
nous donne le plan au sol du château acheté par les Dhombres en 1804) et le
plan actuel sont identiques : une cour d'honneur carrée et régulière avec
l'escalier en vis dans l'angle nord-est, une grande basse cour à l'ouest et
une aile Est avec terrasse donnant sur le jardin. Cette aile déborde du
quadrilatère initial. Un plan terrier non daté mais vraisemblablement de la
fin du XVIIe siècle montre que l'aile Est était bordée par une rue publique
qui séparait donc le château de son jardin, situation confirmée par l'acte
de 1539. Cette rue fut inféodée et se trouve à peu près sous la terrasse
actuelle. Une importante campagne de travaux eut lieu en 1724, provoquée
sans doute par le brûlement de 1703, elle est documentée grâce aux plans
conservés par les propriétaires actuels. Ces plans montrent l'état en 1724
avec les différentes propositions pour agrandir et surtout régulariser le
château. Sur un "brouillard", est indiquée l'utilisation des pièces : ainsi
la partie la plus à l'ouest le long de la place publique est appelée écurie
neuve, l'aile est qui fut démolie contenait la cuisine avec en face de la
cour des caves et l'office ; l'entrée de la citerne située sous la cour est
encore en place mais le plus intéressant est sans doute la représentation du
porche qui permettait l'entrée dans les deux cours. Celui-ci a été fermé et
ne conduit plus qu'à la cour d'honneur. Un des problèmes majeurs de
l'agrandissement du château était l'escalier car le conserver dans l'angle
rendait impossible une symétrie parfaite : un des plans montre le portail
aligné sur la porte de l'escalier dans un quadrilatère, mais la façade
d'entrée est dissymétrique. Les plans montrent un château carré avec
quatre tours carrées aux angles et un grand escalier rampe sur rampe au
centre de la cour. La solution la moins onéreuse consistait à prolonger
l'aile ouest au nord et à la réaménager sans toucher aux murs-maîtres, ce
qui laissait la cour irrégulière. En fait, c'est une solution intermédiaire
qu'ont choisie les propriétaires en gardant l'escalier à vis mais en
démolissant complètement l'aile Est pour la reconstruire parallèle à l'aile
ouest et ainsi régulariser le mur Est de la cour. De plus, l'intégration de
l'escalier hors œuvre dans un nouveau bâtiment rendait la cour régulière.
Cependant tous les plans proposaient une aile Est aux dimensions du château
existant alors que, vu l'état actuel du bâtiment, les propriétaires ont
décidé d'aller au delà de cette proposition, privilégiant une belle façade
sur jardin au détriment de la façade sur rue qui présente un retour. Cette
solution n'était possible qu'avec l'inféodation de la rue et cela leur a
permis de disposer d'une véritable enfilade de salons coté jardin : un petit
salon central (qui sert aussi de vestibule si l'on entre par la terrasse) et
un grand salon carré (avec deux fenêtres) de chaque coté avec boudoir
attenant. Évidemment, l'escalier à vis se trouve mal articulé à cet ensemble
et l'éventualité d'un grand escalier à cage ouverte avait été évoqué
puisqu'on le retrouve sur un des plans mais le choix s'est finalement porté
sur une entrée par la terrasse sur jardin, permettant d'évacuer ce problème
de la porte de l'escalier située sur la diagonale et non dans l'axe du
portail sur rue. L'état le plus ancien de cette construction se voit sur
l'aile séparant les deux cours et son retour au Nord. L'aile Est a disparu
lors les travaux du XVIIIe siècle et l'aile Nord a été doublée par un
bâtiment coté cour. Le mur Ouest (donnant sur la cour des communs) était
crénelé et construit en bel appareil : les créneaux apparaissent dans la
maçonnerie du mur sous la surélévation construite en moellons. Il semble
qu'il y ait eu ensuite des travaux au début du XVIe siècle (quand le château
passe aux Montoulieu) car dans l'acte de partage de 1539, il est question
d'une "maison neuve": cela pourrait correspondre à l'escalier en vis
hors-œuvre avec ses bouches à canon et les piédroits de sa porte en plein
cintre et peut-être à l'aile Est qui a complètement disparue avec les
travaux de 1724. La demi croisée visible dans le mur ouest de la cour
pourrait également dater de cette époque mais les autres demi croisées sont
postérieures et ont été faites par symétrie avec celle-ci. Il est plus
difficile de situer les deux tours avec culs de lampe, mentionnées dans un
document de 1711, car elles ont totalement disparues lors des travaux du
XVIIIe siècle. Cette aile sud a été bouleversée par les travaux du XVIIIe et
reprise au XIXe siècle : les tours semblent avoir été englobées dans la
façade et mises au niveau de la construction neuve. Sur l'ensemble des
bâtiments, la hauteur fut reprise pour s'uniformiser avec celle de l'aile
Est. Les travaux du XVIIIe siècle sur cour se sont harmonisés avec
l'existant mais l'élévation sur jardin de deux niveaux sur rez-de-chaussée
montre une façade de style XVIIIe, très rythmée et articulée sur le plan
intérieur. Les archives ne contiennent qu'une élévation du XVIIIe siècle
quand la façade noble était sur rue avec le portail décentré mais axé sur la
porte de l'escalier. C'est une façade très simple, cernée de refends, avec
des baies en anse de panier sans aucune décoration. La réalisation coté
jardin est plus ambitieuse : le corps de logis est en léger retrait par
rapport aux travées d'angles qui sont légèrement surélevées et encadrées par
des chaînes de refends. Les étages sont soulignés par des bandeaux et la
travée centrale (correspondant au vestibule d'entrée) est aussi cernée de
refends et couronnée par un fronton triangulaire. Toutes les baies sont en
anse de panier et décorées d'agrafes sculptées. Tous ces éléments en pierre
contrastent avec l'ensemble enduit et animent la façade. Bien que l'ensemble
soit très cohérent pour une construction de la première moitié du XVIIIe
siècle, les travées d'angle suggèrent la présence de tours : ne manquent que
des couvertures coniques en ardoise, comme on le voit sur un tableau du
début du XIXe siècle (ce qui représente peut-être le rêve des propriétaires
mais qui n'a pas été exécuté). Les communs entourent la basse cour à
l'ouest: en 1724, le bâtiment nord contenait une petite écurie, c'est
aujourd'hui un saloir ou arrière cuisine qui a conservé une grande table à
gibier en marbre et de grands réservoirs (pour le grain, le sel...)
construits dans la pierre. A l'ouest, se trouvait en 1724 une écurie neuve,
avec un escalier droit conduisant sans doute au fenil : cet étage fut
transformé en magnanerie par Dhombres et une galerie soutenue par six
piliers a été ajoutée devant, construite sur des arcades plein cintre ;
l'escalier d'accès fut déplacé dans l'angle nord-ouest. Coté sud, le petit "volalier"
et la loge à cochons marqués en 1724 ont fait place à des bâtiments bas,
construits après 1830. Le portail d'accès à la cour jouxte l'aile du
château et la porte (reprise au XVIIIe siècle) qui communiquait avec
l'ancien porche. Le jardin tel qu'il se présente aujourd'hui est l'œuvre de
Louis Augustin Dhombres Firmas puisque le livre de compte de son fils
mentionne que "il transforma en bosquet une terre attenante au jardin du
château. Il la fit clore de mur en 1823, il fit planter sous ses yeux et
d'après un plan qu'il avait fait lui même des arbres de diverses espèces et
appartenant aux régions les plus opposées. Il fit ainsi en quelque sorte un
jardin d'acclimatation". Le plan est irrégulier, cerné de trois cotés par
des chemins et du quatrième par la terrasse du château avec laquelle il
communique par un escalier à deux volées divergentes. Il est en pente douce
à partir du château vers l'orangerie située au fond et visible sur le
tableau déjà évoqué et sur le cadastre de 1830. Il est structuré par une
longue allée rectiligne de buis taillés partant du portail sur rue vers
l'autre extrémité où se trouve un bassin. Parallèlement, contre le mur nord,
une double haie a été plantée pour mettre le jardin à l'abri du mistral. Des
allées transversales rythment le cheminement et conduisent vers un espace
aménagé avec des stèles antiques et des chapiteaux romains récupérés par le
baron Dhombres et enfin vers l'orangerie avec ses grandes fenêtres cintrées.
Du coté sud de l'allée, l'espace est triangulaire : une allée conduit vers
une volière puis à une petite serre de production située dans l'angle et
marquée sur le cadastre de 1830 comme sur l'actuel. Plus bas, l'espace est
ponctué de statues dont une Flore, une statue en terre cuite signée Gossin
et une colonne avec un buste de Dhombres mais sur un socle marqué Linné.
Devant la terrasse fut aménagé un parterre de fleurs en demi lune fermé par
la partie boisée.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures de l'ensemble du bâti, le
logis seigneurial, l'aile nord des communs en totalité. Le jardin en
totalité avec son mur de clôture, l'orangerie et la serre : inscription par
arrêté du 15 février 2006.
château de Saint
Hippolyte 30360 Saint-Hippolyte-de-Caton, propriété privée, visite des
extérieurs uniquement.
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