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Le château de Saint-Laurent-le-Minier est situé dans un
cadre privilégié, non loin des gorges de la Vis. C'est d'un pont qui enjambe
deux rivières, la Vis et la Creuze, que l'on aperçoit le mieux le
château,situé sur une sorte de promontoire s'avançant en proue de navire à
la jonction de ces deux vallées très encaissées. De plus, la hauteur des
toits brisés des deux pavillons d'angle couverts de tuiles en écaille
vernissées noires imitant l'ardoise et le jardin ordonnancé qui s'étend
jusqu'à la rivière attire l'attention sur lui. L'entrée du château se fait
au nord; de ce côté-là il présente un corps central encadré par les
avant-corps deux pavillons tandis que côté jardin les ailes prolongeant ces
pavillons forment une saillie plus importante. A cette construction
s'ajoutèrent à l'est et à l'ouest des terrasses portées sur des voûtes et au
sud l'aménagement du jardin avec la création de la cascade et tout un
remarquable système hydraulique d'adduction d'eau. Ainsi cette réalisation
du début du XVIIIe siècle complète admirablement le château construit vers
1665 en amplifiant l'axe central déjà sensible dans le plan : en effet, le
nymphée situé au nord constitue le point de départ de cet axe qui se
poursuit par la porte d'entrée et la porte-fenêtre du château jusque dans le
jardin puis le long de l'allée centrale pour aboutir en quelque sorte
par-delà la route à la cascade qui clôt magistralement ce parcours et
conduit le regard vers les montagnes environnantes. A l'est du nymphée part
une allée conduisant à l'ancienne orangerie (que de nombreux textes
mentionnent) transformée aujourd'hui en habitation. Il n'existe pas de
grand escalier d'honneur dans ce château puisque l'étage "noble" se trouve
au rez-de-chaussée. Actuellement, on retrouve plusieurs escaliers modernes
dont un reste probablement à l'emplacement d'un ancien escalier à vis (il
est encore visible dans les caves et se situe à la jonction entre le corps
central et le pavillon ouest). Le plus étonnant, dans cette construction,
reste non pas sa couverture de tuiles en écaille vernissées noires, car
elles étaient alors employées assez fréquemment pour rappeler l'ardoise mais
bien plutôt son système de couvrement. En effet, les toits brisés des
pavillons à la Mansart reposent sur des voûtes en arc-de-cloître construites
en brique et sur lesquelles une charpente sommaire s'appuie au moyen de
simples béquilles. Ce dispositif a disparu en partie sur la tour Est à la
suite d'un récent incendie. Ces voûtes nécessitent des murs épais, ainsi la
technique la plus couramment utilisée consiste en fausses voûtes bâties en
matériaux légers, lattis et plâtre, tandis que le véritable support de la
toiture se fait grâce à une charpente assemblée en entrais, arbalétriers et
poinçon. Ici, l'emploi de la voûte ne s'explique guère sinon en supposant
que les artisans locaux maîtrisent mal la technique de la charpente. La
couverture du corps central se présente de nos jours à deux pentes
recouvertes de tuiles canal. La faîtière et les six poutres horizontales qui
supportent la toiture sont encastrées dans les deux murs de refends formant
pignons dans les combles. Ces murs délimitent le grand salon central et
divisent le couvrement en trois voûtes en arc-de-cloître : celle du milieu,
en arc-de-cloître déprimé, se voit toujours puisque le grand salon occupe
toute la hauteur du bâtiment; quant aux deux autres, elles sont
reconnaissables à l'étage bien que la division en chambres ait morcelé
l'espace. Il est étonnant que cette division tripartite ne se retrouve
pas au niveau de la toiture par une surélévation de la pièce centrale comme
c'était le cas pour de nombreux châteaux construits par François Mansart ou
Le Vau. Il est aussi étrange que de fausses lucarnes se détachent sur le
ciel alors que leur silhouette évoque l'architecture nordique où les toits
en pente permettent de créer des combles éclairés. Ici, leur couronnement à
fronton brisé et à boule forment des motifs d'amortissement mais la travée
centrale se distingue : en effet, deux pots-à-feu encadrent un mur nu bordé
de pilastres aux chapiteaux ioniques et surmonté d'un fronton brisé que deux
ailerons en volute semblent conforter. Ce motif se retrouve sur le nymphée
et date donc peut-être du début du XVIIIe siècle, moment de l'aménagement du
jardin avec le nymphée, la cascade et l'ensemble du système hydraulique. Les
façades ont sans doute été modifiées car il semble étonnant que la division
tripartite du corps principal ne soit pas traduite en élévation. De même,
toutes les ouvertures paraissent avoir été remaniées et seules les fausses
lucarnes ainsi que certaines "bâtardes" rappellent les années 1665.
L'intérieur du château, conçu de manière tripartite, comprend au centre un
grand salon à l'italienne qui occupe toute la hauteur de l'édifice. Malgré
les remaniements effectués au XIXe siècle (reprise des modénatures,des
chapiteaux et des peintures) le volume est resté intact. Cet espace est
éclairé au sud et "au nord par trois ouvertures dont une porte (et une
porte-fenêtre) au centre qui reprennent le rythme tripartite. Une peinture
mythologique en orne le plafond tandis que deux médaillons ovales décorent
les murs est et ouest. Une autre pièce, située au nord-est de ce salon et
nommée l'oratoire, a conservé son décor de stuc : les murs sont rythmés par
des pilastres cannelés ioniques et des panneaux, nus ou garnis de guirlandes
de fleurs, la corniche saillante est ornée de modillons et d'une frise, le
plafond est compartimenté mais nu. Le jardin s'étend au sud et son mur de
clôture repose sur les rochers de la rivière. Il est aménagé en terrasses
car le terrain présente un important dénivelé. Les murs de soutènement sont
interrompus par deux escaliers; l'un à double volée droite, l'autre à double
volée courbe, qui sont ponctués de statues (chiens, sphinges et corbeilles
de fleurs) et qui délimitent deux plates-formes: la première est occupée
latéralement par deux bassins circulaires tandis que l'autre est coursée par
l'allée centrale de buis qui conduit au bassin polygonal, point d'orgue de
cette composition. Un autre escalier à degrés convexes permet d'accéder
latéralement au parc qui s'étend jusqu'à la rivière . De là, on peut aussi
remonter vers le château et passer sous les voûtes en berceau de la terrasse
Est et voir l'axe en bois, seul reste de la grande roue élévatrice à godets
qui se trouvait là. Celle-ci mentionnée dès 1722 dans les textes,
constituait avec ses sept mètres de diamètre un des éléments les plus
spectaculaires du système hydraulique d'adduction d'eau. Ce dernier visible
par les conduites, les canaux et l'aqueduc qui longe la rivière en amont du
pont présente une grande originalité et semble avoir avoir été mis en même
temps que l'aménagement du jardin, la création du nymphée et de la cascade,
au début du XVIIIe siècle, par un des membres de la famille propriétaire,
les Sarret, conseille par l'ingénieur de La Blottière. Tout-à-fait à
l'opposé du jardin et du parc, sur la cour nord se trouvent le grand nymphée
alimenté par les réservoirs et le départ de l'allée conduisant à
l'orangerie. C'est sans doute a ce niveau-la que devait s'élever le portail
de Giral dont il ne reste qu'un des piédroits mais dont nous avons la trace
dans les archives par un texte de 1768. L'orangerie présentait trois arcades
plein-cintre et était voûtée en arêtes: bien que sa transformation en
habitation ait masqué l'arcade Est, son volume est demeuré intact.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, avec le salon central
situé au rez-de-chaussée; le jardin avec les sculptures, le nymphée,
l'aqueduc et le système hydraulique : inscription par arrêté du 6 janvier
1988.
château de Saint Laurent le Minier 30440 Saint-Laurent-le-Minier,
propriété privée, ne se visite pas.
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