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C'est au milieu du XIVe siècle que Lectoure entre
dans la mouvance des comtes d'Armagnac. Leurs possessions se situent au sud
de la Garonne, en Rouergue et en Auvergne, mais c'est à Lectoure qu'ils
établissent la capitale de tous leurs états et qu'ils installent leur
château-résidence à l'extrémité ouest de l'éperon, sur les vestiges d'un
château préexistant. Lors des guerres franco-anglaises les Armagnacs
prennent le parti du roi de France mais Jean IV et Jean V ont une politique
moins claire et leurs possessions sont si grandes qu'elles inquiètent les
rois de France. L'excommunication de Jean V pour relation incestueuse avec
sa soeur donne l'occasion à Louis XI de faire le siège de la ville de 1472 à
1473. A cette occasion le château subit d'importantes destructions puis il
est ensuite réparé et aménagé jusqu'au XVIIe siècle par le pouvoir royal
devenu propriétaire. On ne connait bien que l'état de la fin du XVIe siècle,
début XVIIe siècle du château grâce à un texte et deux plans. On apprend
l'existence de deux éléments aujourd'hui disparus: une aile sud et une
entrée Est protégée par deux tours rondes. Entre 1583 et 1590 le château est
séparé de la ville par un double bastion aux dimensions imposantes et un
plus petit bastion est construit au nord. Une partie du château sert de
prison. En 1632, le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, filleul
d'Henri IV, s'étant rebellé contre Richelieu est fait prisonnier le 1er
septembre à Castelnaudary puis incarcéré au château de Lectoure. Il tentera
de s'échapper, mais, vite repris, il est conduit à Toulouse où il est
exécuté pour crime de lèse-majesté le 30 octobre. Après que Louis XV lui ait
fait don du "vieux château" de Lectoure, l'évêque Claude François de
Narbonne-Pelet fait construire un grand hôpital de plan en "U" à
l'emplacement des vestiges, de 1758 à 1766. Le double bastion Est séparant
le château de la ville est supprimé, le niveau du sol est élevé, et seule
l'extrémité ouest du château est conservée et utilisée. C'est là que sont
placés la pharmacie, la boulangerie, les greniers à blé et à foin, les
étables et les bûchers de l'hôpital. Et c'est cette aile qui est parvenue
jusqu'à nous. L'effondrement du bastion nord du château survient au cours du
XIXe siècle, après 1824, puisque ce dernier est encore représenté sur le
cadastre ancien en tant que cimetière des soeurs de l'hôpital. L'Élévation
Est de la moitié nord des vestiges du château n'est pas encore refaite en
1824, elle sera au cours du XIXe siècle. L'aile conservée du château
couronne l'extrémité de l'éperon sur lequel la ville est bâtie. Lors de
l'incendie de la moitié nord, seule l'élévation ouest a survécu. La moitié
sud est divisée en trois. Le premier niveau n'est accessible qu'au sud,
grâce à la construction d'un escalier dans le remblai. Une large porte
couverte d'un arc brisé ouvre sur une salle voûtée en plein cintre. La pièce
située au-dessus conserve les meubles de la pharmacie installée au XVIIIe
siècle. Le deuxième étage, à l'élévation incomplète, est couvert par la
toiture actuelle. Il est accessible par un étroit escalier en vis situé dans
un angle de la maçonnerie. La base d'un piédroit de la cheminée est ornée de
moulures prismatiques. Les vestiges d'une latrine construite en
encorbellement sont visibles à l'extérieur du mur sud. Le milieu de l'aile
conservée du château est occupé par deux salles jumelles voûtées en plein
cintre, perpendiculaires à celle de la salle sud. Chacune des deux salles
est éclairée à l'ouest par une fenêtre haute en plein cintre et par une
croisée (transformée en porte) à l'Est. L'élévation ouest de chaque salle
comporte deux canonnières. La salle sud a conservé une cheminée. Les voûtes
de ces deux salles supportent la grande salle du premier étage (salle
d'apparat ?) dont les fenêtres semblent dater du XVIIe siècle. Du deuxième
étage, presque entièrement détruit, il subsiste une porte visible depuis le
premier. Une tour octogonale demi hors oeuvre, épaulée par un massif
contrefort, renfermant un large escalier en vis, est construite dans
l'élévation Est du tiers nord de l'aile. Sa forme et son décor sculpté de
losanges, de cabochons et de colonnes cannelées révèlent le XVIe siècle. A
l'étage l'escalier mène à une ancienne grande salle ayant conservé les
piédroits d'une cheminée monumentale. Les canonnières de l'élévation ouest
du château semblent taillées après la construction, parfois dans d'anciennes
archères. Quant aux vestiges du bastion nord-ouest, plus tardif, on note
l'alignement sommital de canonnières circulaires sur le pan ouest.
Éléments protégés MH : le château des comtes d’Armagnac : les façades et les
toitures, l'intérieur de la partie sud de l’aile ouest, y compris l’ancienne
pharmacie, le bastion nord-ouest et son moineau. L'hôpital : les façades et
les toitures (y compris l’arc muré et son bassin) et la clôture avec sa
grille, la chapelle en totalité (y compris la sacristie), les galeries de
circulation du rez-de-chaussée et la cage d’escalier monumentale et
l'intégralité des salles du sous-sol : inscription par arrêté du 22 août
2016.
château des Comtes d'Armagnac, Cours d'Armagnac, 32700 Lectoure,
propriété de la commune, visite des extérieurs.
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