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Au XVIIe siècle, Louis de Larroque d'Eyquem, conseiller
à la Cour des Aides de Bordeaux, est mentionné pour avoir restauré à Bayon
le chœur de l'église. A sa mort, il est inhumé dans l'église de Bourg,
tandis que son épouse Marguerite de Labrousse est enterrée "dans le
presbitère et sanctuaire de nostre église" en 1686. Leur fille, Anne d'Eyquem,
est dite veuve en 1681 de feu noble Jean de Pommié, sieur de Lamothe. Elle
possède la maison de noble de Bernescut "cy devant du Petit Tayac et à
présent d'Eyquem". Elle est inhumée dans la chapelle Saint-Joseph de
l'église de Bayon le 18 septembre 1692. Louis de Larroque, seigneur de
Lassalle d'Eyquem est décrit "homme très pieux et très charitable pour
l’église et pour les pauvres". C’est certainement lui qui fait restaurer
l'église de Bayon en 1660. Il est marié à Catherine de Chassaing : leur
fille Françoise de Larroque épouse Pierre François de Lassalle, marquis de
Roquefort (contrat du 5 juin 1721, Me Lacoste à Bordeaux). A la mort de
Françoise en 1759, sans descendance, l'inventaire de ses biens est dressé le
4 novembre 1760. La maison noble des Eyquem est alors décrite : il s'agit
d'un "grand bâtiment régulier composé au milieu d'un vestibule et pavillon
au-dessus couvert d'ardoise avec un grand corps de logis attenant de chaque
côté, dans chacun desquels corps de logis est un escalier en pierre, par
lequel on monte dans les appartements qui communiquent tous les uns avec les
autres". Pierre François de Lassalle de Roquefort est chargé de liquider la
succession. Il meurt lui-même en 1767. Par testament daté du 24 septembre
1767, il répartit ses biens entre ses frères et sœurs et nomme héritier
universel son frère Jean-Louis,écuyer, seigneur, baron de Castendet,
conseiller au parlement de Bordeaux, et, à défaut le fils de celui-ci, Jean
Martin ou encore si ces derniers meurent sans descendance son plus jeune
frère François.
Le 18 juin 1840, la propriété est rachetée par Jean Viaud, marchand de
pierres, à Jeanne Sophie de Lassalle, fille de Jean Martin de Lassalle et
veuve de Armand Augustin Jean comte de Calvimont Saint-Martial. D'après les
augmentations et diminutions des matrices cadastrales, une maison est
construite en 1852 (maison de gardien près du portail d'entrée nord-est?)
pour le compte de Jean Viaud. A partir des années 1850, Jean Viaud y produit
50 tonneaux de vin. Sa fille Marie Alexandrine Viaud hérite du domaine par
donation partage du 13 mai 1865. Le 13 septembre 1857, elle avait épousé le
docteur Pierre Henri Bichon. En 1874, ils y produisent 80 tonneaux. En 1893
puis 1898, la production s'élève à 130 tonneaux. En 1883, leur fille, Irène
Bichon épouse Fernand Bonnefon. Au début du XXe siècle, alors que ce dernier
est devenu maire de la commune, 200 tonneaux de vin rouge et 15 tonneaux de
vin blanc y sont produits. Des bâtiments figurent à cet emplacement, au
lieu-dit Eyquem, sur le plan cadastral de 1820. La demeure a sans doute été
remaniée à plusieurs époques. D'après la description de 1760, il s'agissait
à l'origine d'une maison avec pavillon central et deux "corps de logis" de
part et d'autre, qui correspondent peut-être aux extrémités traitées en
léger avant-corps dont les angles sont soulignés par un bossage en table
(XVIIe siècle). La partie centrale a probablement été augmentée d'un étage
dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle ; les fenêtres et la porte ont
probablement été remaniées à cette époque. Les baies d'une même travée sont
ainsi inscrites dans un encadrement continu formant ressaut jusque dans la
corniche. Les deux ailes basses en retour, délimitant la cour d'entrée,
datent également probablement du XVIIIe siècle : elles sont décrites dans
l'inventaire de 1760, l'une abritant "des offices, cuisine et dépence",
l'autre "la fournière et un grand logement pour les valets et les
manœuvres". Cette cour était fermée par un muret surmonté d'une claire-voie
en bois et accessible par une allée depuis la route de Bourg à Bayon, au
nord-ouest, dotée d'un portail.
Côté estuaire, deux autres ailes de dépendance abritaient des chambres et
une chapelle. Elles délimitaient les parterres du jardin fermé par une
balustrade. Puis en descendant un escalier, on accédait au jardin potager,
"ledit jardin renfermé de muraille terminé par une seconde balustrade en
pierre à hauteur d'apuy qui domine sur la rivière, aux deux coins et
extrémités de laquelle sont deux petits pavillons couverts d'ardoises". Les
dépendances étaient organisées autour de la cour dite de la ménagerie, au
sud-est : écuries, remise, grange, greniers à foin, puits. Le chai était
situé "au pied de la côte pratiqué sous le rocher et le cuvier, baty à neuf
au devant", donc au bord de l'estuaire. Le plan cadastral représente ainsi
un long bâtiment en bordure de Gironde (parcelle chay). Une autre parcelle
accueillant les jardins semble être encore en partie conservée, et la
disposition des bâtiments correspond à peu près à la description de 1860.
Les bâtiments viticoles ont été construits à la fin du XIXe siècle, en 1893,
si l'on se fie à la date inscrite sur le pignon nord-est du cuvier. Le
domaine est alors détenu par Fernand Bonnefon, maire de la commune. La
demeure a été profondément endommagée par les bombardements de la Seconde
Guerre mondiale, puis restaurée à la fin du XXe siècle. La route
départementale qui passe au sud-ouest n'est aménagée qu'en 1965 : une partie
du jardin est alors amputée. c'est à cette époque que la terrasse belvédère
est construite et que la balustrade du jardin est donc également remaniée.
Auparavant l'accès au domaine s'effectuait par la route reliant Bourg à
Bayon, au nord-est.
Le château se situe sur le coteau planté en vigne dominant la confluence de
la Dordogne et de la Garonne. On y accède par l'ancienne route menant de
Bourg à Bayon : une longue allée avec portail mène à la cour formée par le
logis et deux ailes basses en retour d'équerre. Les bâtiments de dépendance
sont disposés au sud-est, tandis que le jardin se trouve au sud-ouest, côté
estuaire, délimité par une balustrade. Le corps de logis de plan
rectangulaire et à étage présente, vers le jardin et la Gironde, une façade
avec avant-corps à fronton triangulaire, encadré de part et d'autre de deux
travées ; celles aux extrémités sont également traitées en ressaut et
soulignées d'un chaînage d'angle à bossage à table. Les baies du
rez-de-chaussée sont en arc segmentaire, celle de l'étage à plate-bande. La
porte principale à tore et gorge est surmontée d'une corniche et encadrée de
deux fenêtres étroites. Côté cour, au nord-est, la façade reprend le même
ordonnancement : elle semble toutefois plus homogène, avec l'ensemble des
ouvertures en arc segmentaire. La porte principale présente un encadrement
mouluré encadré de deux pilastres avec corniche. Les travées d'ouvertures
présentent un ressaut continu qui se prolonge au niveau de la corniche
moulurée. Aux extrémités, deux ailes forment pavillon. La cour est formée
par deux bâtiments en rez-de-chaussée en retour d'équerre percés de baies en
arc segmentaire à clé saillante. Le bâtiment très remanié et restauré a été
également largement transformé à l'intérieur. Les bâtiments de vinification
sont composés de deux vaisseaux accolés, abritant les cuviers et les chais.
Le cuvier est doté d'un double niveau de cuves en béton.
château Eyquem, 2 route de l'Estuaire, 33710
Bayon-sur-Gironde, tel. 06 29 90 99 60, propriété viticole.
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