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L'origine de Lascombes est liée à la châtellenie
de Blanquefort détenue par la famille Durfort de Duras au XIVe siècle. C'est
Jean de Lascombes, fils d'Antoine de Lascombes, qui donne son nom à ces
terres de Segonnes. L'ascension sociale de cette famille de parlementaires
bordelais se traduit par le mariage de Jean, le 26 août 1679, avec Louise de
Rauzan, fille de Pierre Desmesures de Rauzan et Jeanne Moncourier. Et le 22
juillet 1681, il achète à Marie de Raymond, veuve du Bourgeois de Bordeaux
François Freychinet, le domaine de Segonnes à Margaux pour 12000 livres.
Jean, qui est d'abord procureur du roi au Parlement de Bordeaux par héritage
de son père, devient procureur du roi en l'Amirauté de Guyenne et siège à la
Table de marbre du palais de la dite Amirauté. En 1728, son fils également
dénommé Jean hérite du domaine qui est au milieu du XVIIIe siècle divisé
entre ses quatre enfants : Pierre Ogier, Jean-François, Jean Pierre Ogier et
Anne. En 1760, la moitié du domaine de Segonnes est vendue à Georges Ainslié
: s'agit-il de l'actuelle chartreuse de Segonnes ? Est-ce ce partage qui a
entraîné la construction d'une autre demeure, aujourd'hui correspondant au
château Lascombes ? Le 13 thermidor de l'an IV (31 juillet 1796), une maison
et 31 journaux de vignes sont vendus comme biens nationaux à Jacques Bonie.
Au début du XIXe siècle, le domaine de Lascombes passe entre les mains de
négociants, Walter Johnston puis Jean-Baptiste Loriague. Le 2 juillet 1844,
Louis Anselme Hue devient propriétaire du Domaine de Lascombes par
adjudication judiciaire, qui revient par la suite à sa fille, Marie Hue,
épouse Petit. L'ensemble est remanié et agrandi dans la deuxième moitié
du XIXe siècle : Gustave Louis Chaix d'Est-Ange, célèbre bâtonnier,
Vice-Président du Conseil d’Etat, sénateur et Grand Officier de la Légion
d'honneur, achète le domaine le 13 septembre 1867. A sa mort, son fils,
Gustave Gaspard Chaix D'Est-Ange, en hérite. Des travaux sont confiés à
l'architecte Louis-Michel Garros, qui propose un projet dans un style
néo-anglais, habituellement daté de 1875. Les travaux se sont peut-être
déroulés en deux temps : la chartreuse d'origine aurait été doublée sur la
façade nord-ouest avec l'ajout d'une tourelle (peut-être en 1875?) ; puis
une chambre et une bibliothèque sont ajoutées à l'ouest. Les travaux sont
probablement interrompus en 1887, à la mort de Gustave Gaspard Chaix d'Est-Ange,
ce qui explique l'inachèvement du pavillon sud-est (pierres d'attente). Par
ailleurs, la déclaration de succession datée du 7 novembre 1887 indique que
"la valeur de cette propriété autrefois considérable est réduite à une
importance moindre" à cause du phylloxéra. En 1889, le domaine est aux mains
de Jean-Jules Théophile Chaix d'Est-Ange, puis en 1923, du comte Emmanuel du
Bourg de Bozas. En 1952, la société appartient à Alexis Lichine. En 1971,
l'ensemble est vendu à un groupe anglais, Bass Charrington. Le vaste cuvier
est construit en 1986 puis restructuré sur quatre niveaux en 2001, époque à
laquelle le domaine est racheté par le groupe américain Colony Capital...
Situé dans le quartier de Segones et entouré d'un parc, le château est
accompagné des bâtiments de vinification et de logements secondaires. La
façade nord est composée de dix travées irrégulières et marquée par un
avant-corps formant pignon à redents auquel est accolée une tour polygonale
demi-hors-œuvre. Sur le rez-de-chaussée sont greffées des extensions, l'une
donnant accès au vestibule, l'autre surmontée d'un toit terrasse avec un
garde-corps à motifs polylobés donnant accès à la cuisine. Les baies du
rez-de-chaussée présentent des formes variées (bow window, à traverse et
meneaux, allèges avec tables décoratives, plates-bandes surmontées de tores,
accolades). A l'étage, elles sont traitées de manière régulière avec un
encadrement en pierres de taille harpées. La tour composée de trois niveaux
est ornée de faux mâchicoulis. Les lucarnes présentent des frontons
triangulaires à redents avec un motif de rond sculpté. La façade sud,
inachevée, est composée d'un avant-corps formant pignon à redents sur lequel
vient se greffer une tourelle circulaire avec des pierres d'attente,
correspondant au pavillon prévu par Louis-Michel Garros mais jamais réalisé.
Un rez-de-chaussée couvert d'un toit terrasse à balustrade est greffé sur le
volume principal. Il est ouvert de larges baies en arc segmentaire et
chambranle mouluré. La toiture du corps de logis est dotée de lucarnes,
l'une d'elles étant traitée en baie géminée. Les pignons découverts
présentent des redents. Le pignon oriental est aveugle exceptées deux baies
qui encadrent le conduit des cheminées traité en ressaut. Le pignon
occidental est percé en rez-de-chaussée d'une large baie à trois meneaux et
traverse, à l'étage de deux baies à linteau droit mouluré et à accolade,
surmontées d'une baie géminée. Un écu avec un lion dressé et couronné est
sculpté au-dessus de la fenêtre du rez-de-chaussée. Les souches de cheminée
sont en pierre de taille et présentent une forme polygonale. A
l'intérieur, les tours n'abritent pas d'escalier : celui-ci, en bois, est
situé au centre du bâtiment. Les anciens chais abritent aujourd'hui des
locaux techniques (chaufferie, atelier, local du jardinier). Le nouveau chai
est un vaste bâtiment de onze travées, la travée centrale formant pignon. A
l'intérieur a été aménagé un espace accueillant les meilleures bouteilles du
domaine. L'ensemble de style néoclassique est éclairé d'une lumière bleutée.
Au sud-ouest se trouve le cuvier organisé selon quatre niveaux : le sous-sol
avec cuves enterrées, le deuxième niveau avec la zone de tri, le troisième
niveau avec les cuves en inox et en bois et le quatrième niveau permettant
l'accès au haut des cuves. Un autre bâtiment abrite les machines permettant
le conditionnement et l'expédition des bouteilles. Un logement secondaire de
plan carré et couvert de tuiles plates présente des façades composées de
trois travées, celle au centre formant pignon. Les encadrements de baies,
les bandeaux, les jambes et chaînes d'angle sont traitées en pierre de
taille. Le bâtiment, ayant peut-être abrité des écuries, est traité en
rez-de-chaussée avec du moellon, le reste des maçonneries étant enduit. Ce
bâtiment est doté d'une tour carrée et couvert de tuiles plates. Le parc qui
se développe au nord du château est accessible par un portail à piliers
maçonnés. Statues et bancs agrémentent cet espace arboré.
château Lascombes 33460 Margaux, Lieu-dit : Segones, tel. 05 57 88 70 66,
propriété viticole.
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