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Le cru Batailley appartenait au début du XIXe siècle à
l'amiral Jacques Bedout ; il le tenait de sa seconde épouse Jeanne Pécholier,
née Lafont. A sa mort, le 17 avril 1818, la propriété est vendue à
l'armateur et négociant Daniel Guestier. En 1825, les bâtiments sont
représentés sur le plan cadastral : la demeure est encadrée d'une aile en
retour au nord, séparée, et d'une aile au sud, reliée ; deux autres
constructions sont disposées parallèlement au sud. La route longe les
élévations occidentales des bâtiments de dépendance. Une grande partie des
bâtiments actuels datent sans doute de la fin du XVIIIe siècle ou du début
du XIXe siècle. Daniel Guestier procède à des plantations de vigne pour
atteindre une superficie de 40 hectares. En 1866, les héritiers de Daniel
Guestier vendent le domaine à Constant Halphen, homme d'affaires et membre
d'une grande famille de joaillers. Ce dernier engage des travaux, "une série
de restaurations et d'embellissements compris avec infiniment d’intelligence
et de bon goût (propos rapportés dans les Vignobles du Bordelais). Si l'on
se fie à un dessin exécuté par Stahl au milieu du XIXe siècle, alors que "M.
Guestier" est mentionné comme propriétaire, on peut mesurer les
transformations apportées par Constant Halphen. La demeure est
reconnaissable avec ses trois baies en plein-cintre de la travée centrale, à
l'étage ; en revanche, une balustrade d'attique couronne l'ensemble avec un
niveau supplémentaire, formant belvédère ; les toitures des pavillons ont
également été modifiées. C'est certainement Constant Halphen qui donne, dès
son acquisition, une nouvelle silhouette à la demeure, avec toitures
d'ardoise à croupes et lucarne centrale, visibles sur la photographie
publiée dans l'ouvrage de Danflou en 1868. On observe également que le
balcon de la façade sur jardin a été ajouté postérieurement et que la
terrasse à balustrade n'existait pas, seul un escalier droit en pierre
donnant accès aux salons du rez-de-chaussée surélevé.
Un plan des dépendances, daté 1868 et signé de l'architecte Edouard Bonnore,
indique un probable projet de modification de ces espaces. Les jardins
auraient été dessinés par Jean-Pierre Barillet-Deschamps à la demande de
Constant Halphen. En 1870, la propriété est en partie amputée par le tracé
de la voie ferrée. En 1876, c'est l'architecte Ernest Minvielle qui est
sollicité pour des "maisons de colons" : le projet représenté correspond
probablement au bâtiment situé au sud-ouest des dépendances. Deux des ailes
de bâtiments de dépendance sont reliées par une halle couverte dotée d'une
charpente en bois avec tirants métalliques. Cette charpente proviendrait de
l'Exposition universelle de Paris de 1889. Un atlas du domaine, réalisé pour
la famille Halphen en 1900, fournit des plans précis de l'ensemble des
bâtiments sans toutefois indiquer leurs fonctions. L'intérieur du château a
été en partie redécoré au XXe siècle : la distribution du corps principal
est toutefois conservée, avec un hall d'entrée donnant accès à une
bibliothèque et à l'escalier desservant l'étage, ainsi qu'à un couloir
traversant desservant les différents salons donnant sur le jardin. Ceux-ci
conservent des lambris de style néo-grec ainsi que des boiseries de la
deuxième moitié du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, la propriété est
dirigée par son fils Edmond, ingénieur des Arts et Manufactures, conseiller
général de la Gironde. En 1932, le domaine est acquis par la société Borie
Frères (Marcel et Francis) ; à la suite d'un partage en 1942, Marcel Borie
en devient l'unique propriétaire ; son gendre Emile Castéja prend la suite
et le château est toujours détenu par cette famille.
La demeure à étage carré et les deux ailes de dépendance forment une cour en
U. Les bâtiments de vinification sont situés dans de longs bâtiments
disposés parallèlement aux ailes de dépendance au sud. La demeure est
composée d'un corps de bâtiment central coiffé d'un toit à croupes en
ardoise ouvert d'une lucarne centrale. La façade s'organise selon cinq
travées, la travée centrale étant traitée en léger ressaut avec des chaînes
d'angle en pierres de taille harpées. Elle se distingue également par la
porte-fenêtre de l'étage à chambranle mouluré dotée d'un balcon. Une table
décorative sculptée de grappes de raisin surmonte la porte-fenêtre. De part
et d'autre, un rez-de-chaussée à surcroît percé de jours semi-circulaires
fait le lien avec les pavillons d'angle. Côté jardin, on retrouve le même
type d’ordonnancement même si la forme des baies est différente ; la travée
centrale du corps principal est percée à l'étage d'une porte encadrée de
deux fenêtres en plein-cintre et délimitée par des pilastres à chapiteaux
toscans au rez-de-chaussée et ioniques à l'étage. Des pilastres identiques
se situent aux angles de la façade. La lucarne est traitée comme celle de la
façade principale. Les rez-de-chaussées de part et d'autre sont ouverts de
fenêtres et de portes en plein-cintre et rejoignent les pavillons d'angle à
étage carré ; ceux-ci présentent des ouvertures différentes : au nord, la
façade est percée d'une porte en plein-cintre encadrée de deux fenêtres
étroites. L'étage est doté d'une porte-fenêtre avec balcon. Les chaînages
d'angle sont traités, au rez-de-chaussée, avec des pilastres et, à l'étage,
avec des pierres de taille en bossage. Le pavillon sud présente un niveau
d'entresol et des fenêtres rectangulaires. La cour du château est délimitée
au nord par une aile de dépendances, à étage, abritant des écuries et des
logements, aujourd'hui transformés, et par une aile au sud, en
rez-de-chaussée, présentant une façade aveugle sur la cour du château : les
ouvertures sont percées sur la façade sud donnant dans la cour des bâtiments
de vinification. Elle abritait des logements d'ouvriers : les deux ailes
sont couvertes de tuiles creuses. La cour des logements d'ouvriers est
formée par l'aile sud de dépendance abritant les logements et l'actuel chai,
qui servait également à l'origine de cuvier (cuves en bois). A l'intérieur,
l'espace s'organise de part et d'autre d'une allée centrale délimitée par
des colonnes en fonte soutenant les poutres maîtresses du plafond. Le sol
présente une dénivellation naturelle vers l'est. Une autre cour est formée
par ce chai et d'anciens chais et caveaux, ainsi que des écuries et des
bergeries, aujourd'hui transformés en salles de réception et de dégustation.
Les deux ailes formant cette cour sont reliées par une halle couverte dotée
d'une charpente en bois avec tirants métalliques. Un nouveau bâtiment
abritant le cuvier inox est venu s'accoler aux chais existants.
château Batailley 33250 Pauillac, tel. 05 56 59 01 13, propriété
vinicole.
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