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Le domaine de Cos et la colline qui le porte entrent par
héritage, vers 1810, dans les biens de Louis-Gaspard d'Estournel. Ce dernier
entreprend la construction de nouveaux bâtiments d'exploitation dans les
années 1830, avant 1838, date à laquelle les chais, "dans le genre Chinois",
sont mentionnés par Stendhal dans le récit de son voyage dans le Midi.
Cependant, les travaux ne sont achevés que plus tard, les archives du
domaine gardant trace d'une commande passée en 1843 de "trois ou quatre
batelées" de pierre de Bourg pour le chantier des deux pavillons du château.
Un plan de 1845 montre le domaine constitué d'un vaste ensemble de bâtiments
comprenant, outre le château avec ses pagodes (il s'agit en fait du cuvier),
divers logements destinées aux valets, des écuries, étables à bœufs, hangars
et tour-château d'eau. La demeure voisine et ses dépendances, acquise des
frères Labory (et de fait appelée Cos Labory), faisait alors partie de la
propriété, mais elle en fut vraisemblablement distraite lors de la vente du
domaine au banquier londonien Martyns en 1852. Avec la renommée grandissante
du cru et l'augmentation de la production, de nouveaux bâtiments
vini-viticoles sont édifiés ou modernisés durant le troisième quart du XIXe
siècle, en particulier un chai à barriques adossé au château dans les années
1860.
En 1869, Cos d'Estournel, ainsi que Pomys, l'Abbaye-de-l'Isle et Bédilloux,
sont rachetés par la famille de Errazu et placés sous l'administration de
Jérôme Chiapella, "un des viticulteurs des plus compétents de la Gironde,
propriétaire du célèbre crû la Mission-Haut-Brion, à Pessac, et négociant à
Bordeaux". Un plan du domaine de 1886 montre aussi que le chai de
vieillissement a été aménagé dans ce qui figurait auparavant comme hangar.
En 1889, Cos d'Estournel et Pomys sont acquis par MM. Hostein frères (qui
achètent également Château Montrose) puis passent à M. Louis Charmolue en
1894, par son mariage avec Mlle Hostein. Passé de mains en mains, détenu par
les héritiers du négociant bordelais Fernand Ginestet, le domaine bénéficie
d'importants travaux dans la deuxième moitié du XXe siècle : doublement du
chai en profondeur dans les années 1960 et construction de nouveaux
bâtiments d'exploitation dans les années 1980 et 1990. Enfin, suite à
l'acquisition du domaine en 2000 par la famille Reybier, des travaux de
modernisation sont menés sous la conduite de l'architecte Jean-Michel
Wilmotte : le chai des années 1860 et les constructions attenantes du XXe
siècle ont été détruits pour faire place à de nouvelles installations
viticoles.
Le toponyme gascon "Cos" signifie colline de cailloux ; de fait, le site
occupe un coteau graveleux d'une vingtaine de mètres dominant la jalle de
Breuil, petit affluent de la Gironde. Les bâtiments sont regroupés à un
angle de la propriété, en bordure du versant sud, à l'intérieur d'un enclos.
Depuis la route principale, un portail monumental (sur lequel est gravé un
texte en latin) donne accès à une première cour sur laquelle ouvre le
bâtiment le plus prestigieux, le "château-cuvier" de style éclectique ; sa
porte d'entrée serait un remploi provenant du palais du sultan de Zanzibar.
Il fait écran aux autres bâtiments d'exploitation, chais, logements,
étables, localisés à l'arrière. Le château est bâti en pierre de taille
calcaire, ainsi que le château d'eau, les autres constructions sont en
moellon enduit. A l'exception des toits polygonaux en zinc des pagodes,
toutes les toitures sont en tuile creuse.
château Cos d’Estournel 33180 Saint-Estèphe, tel. 05 56 73 15 50,
propriété viticole, visites sur rendez-vous.
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