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D'après le Dictionnaire des Personnalités d'Edouard
Féret, Pierre Merman acquiert le domaine du Crock en 1788. Il est bourgeois
de Bordeaux et courtier en vins. Il est également propriétaire en Médoc de
domaines à Lamarque, Ludon et Blaignan. A sa mort en 1818, ses biens sont
répartis entre ses enfants : Le Crock revient à son fils unique Antoine. Des
bâtiments figurent à cet emplacement sur le plan cadastral de 1825, au
lieu-dit German. Le château est représenté sur une lithographie de l'Album
Vignicole de Gustave de Galard vers 1835. La façade sur jardin n'est ni
dotée d'escalier, ni de terrasse et les balustrades de toiture n'existent
pas. Le noyau de la construction date donc probablement du quatrième quart
du XVIIIe siècle, et a été embelli et augmenté dans la deuxième moitié du
XIXe siècle. En 1852, Marie Caroline dite Coraly Batre, veuve de Antoine
Merman, décède. Un partage est organisé entre ses deux fils : Georges reçoit
le château du Crock, tandis que Jules hérite du domaine de Marbuzet. Ce sont
les initiales GM de Georges qui sont sculptées dans un médaillon sur la
façade sud. En 1850, on produit au Crock 90 tonneaux. Un plan du domaine est
levé en février 1862. Les augmentations et diminutions du cadastre indiquent
au nom de Georges Merman la construction nouvelle de deux maisons
(correspondant au château) en 1863. Dans l'édition de 1868 de l'ouvrage de
Cocks et Féret, le château a été modifié avec ajout d'un escalier à double
volées et de balustrades de toiture. Toutefois, on remarque que le
couronnement central avec coquille n'est pas construit. L'illustration
publiée dans l'édition de 1893 montre les dernières transformations
apportées à la façade côté jardin : l'escalier a été remplacé par une
terrasse ; des balcons à balustrades et le couronnement à coquille ont été
ajoutés. En 1903, le domaine est acquis par la famille Cuvelier. En 1920,
les Cuvelier achètent également le château Léoville-Poyferré, ce qui leur
permet d’élargir le domaine. L’ensemble bénéficie alors d’une impulsion
grâce à une gestion innovante de l’exploitation.
Le château du Crock est situé à l'ouest du hameau German, sur le flanc d'une
"croupe" de vignes et dominant le parc qui s'étend au sud. Il est accompagné
de bâtiments de dépendances à l'est. S'adaptant à la dénivellation du
terrain, le château présente un étage de soubassement abritant les chais
accessibles par les élévations latérales est et ouest. Coté nord, le
rez-de-chaussée surélevé est accessible par un escalier en fer à cheval. Le
niveau de soubassement est traité en bossage percé de fenêtres
rectangulaires. Les trois travées centrales forment un léger avant-corps
avec niveau d'attique percé d'oculus ornés de guirlandes de feuilles de
chêne. Une pièce haute distingue la travée principale avec fronton cintré
interrompu par une fenêtre, couronnée en amortissement de pots à feu. Les
fenêtres présentent des chambranles moulurés à crossettes hautes et basses.
Une corniche à modillons et une balustrade d'attique règnent sur l'ensemble
de la façade. L'élévation latérale ouest présente un volume en décrochement.
La façade sur jardin est composée de neuf travées et d'un niveau de
soubassement. Les trois travées centrales forment un avant-corps doté d'une
terrasse soutenue par des colonnes d'ordre toscan. Trois portes-fenêtres en
plein-cintre ouvrent sur cette terrasse ; elles sont surmontées de
guirlandes de laurier festonnées ; au centre, un médaillon porte les
initiales entrelacées de Georges Merman.
On retrouve les mêmes fenêtres à crossettes hautes et basses que sur la
façade opposée ; deux d'entre elles sont dotées de balcon à balustrade. Un
couronnement vient magnifier les travées centrales, orné d'une table
décorative portant le nom LE CROCK, surmontée d'une coquille inscrite dans
une arcature en plein-cintre à bossage et fronton triangulaire ; pots à feu,
volutes et pommes de pins surmontent l'ensemble en amortissement. A
l'intérieur, le château conserve des décors, notamment dans les salons
principaux : deux alcôves avec coquilles et des dessus-de-porte peints
représentant les premiers crus classés du classement des vins de Bordeaux de
1855 (Lafitte, Margaux, Latour, Haut-Brion), et le Crock. L'escalier
décentré dans la partie est du château donne accès aux combles. Le caveau
voûté en anse de panier avec arcs doubleaux de confortement abrite les chais
sous la demeure ; le cuvier se trouvait dans l'aile en retour à l'ouest du
château : un espace abrité et ouvert par une série de colonnes d'ordre
toscan permettait la réception de la vendange ; de l'autre côté de la cour à
l'est, se trouvent les anciennes dépendances agricoles avec notamment des
écuries. La façade du bâtiment est rythmée d'arcades aveugles en
plein-cintre reposant sur des pilastres.
château Le Crock 33180 Saint-Estèphe, tel. 05 56
59 73 05, propriété vinicole, visites sur rendez-vous.
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