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Le vignoble de Montrose
est créé à partir de 1815 par Etienne-Théodore Dumoulin sur des terres
jusqu'alors plantées en bois et extraites du domaine de Calon-Ségur. Étienne
Théodore avait acquis cette terre de Calon, propriété d'Alexandre de Ségur,
lors d'une vente aux enchères du 6 mars 1778 pour la somme de 300.500
livres. Décédé en 1808, il laisse ses propriétés à ses enfants ; la
succession reste en indivisis jusqu'en 1812, date d'une vente par
licitation. Son fils cadet, Etienne Théodore hérite de Calon et vend la
propriété à Pierre Firmin Lestapis le 6 mai 1824 pour 600.000 francs. Il
conserve toutefois une partie du domaine, environ 44 hectares, notamment le
bois d'Escargeons, qu'il défriche, puis plante, pour créer une nouvelle
propriété viticole : Montrose. Sur le plan cadastral de 1825, un petit
bâtiment y est construit. Etienne Théodore édifie probablement une demeure.
En 1850, on produit à Montrose 110 tonneaux de vin. Etienne Théodore fils
décède le 13 septembre 1861. Un partage par licitation entre ses enfants est
conclu puis Montrose est vendu le 3 juin 1866 à Mathieu Dolfus, industriel
alsacien, pour la somme de 1.050.000 francs. C'est à lui, semble-t-il, que
l'on doit la construction du château, des chais et des logements d'ouvriers.
D'après les augmentations et diminutions du cadastre, les travaux du nouveau
château sont achevés en 1866, c'est-à-dire au nord par rapport au bâtiment
figurant sur le plan cadastral de 1825. Ce dernier, qui porte le numéro de
parcelle 1034, est mentionné sous le nom "maison" en 1871, année de sa
démolition ; par ailleurs, la démolition d'un "château" est indiquée en 1871
sur la parcelle 1032, correspondant peut-être à la demeure construite par
Etienne Théodore fils dans le deuxième quart du XIXe siècle. Par ailleurs,
des constructions de maisons accompagnent celle du château sur la parcelle
1027, probablement des logements pour les ouvriers : une maison en 1866,
deux maisons en 1869, une maison en 1870 puis en 1876. Etienne Théodore fils
meurt en 1886. Ce cru est acheté en 1889, avec ceux de Cos d'Estournel et de
Pomys, par MM. Hostein frères. En 1896, la propriété est reprise par Louis
Charmolue (qui a épousé Marie-Thérèse Hostein en 1894). L'édition de 1898
de l'ouvrage de Cocks et Féret propose une illustration du château et
indique que "le vignoble de Montrose est d'un seul tenant de 63 hectares. Sa
fondation se divise en deux parties : la première, comprenant 50 hectares,
est l’œuvre de M. Dumoulin, auquel M. Mathieu Dolfus a acheté ce beau
vignoble en 1865 ; le deuxième, 13 hectares, a été conquise par M. Dolfus
sur des terrains incultes on ne peut plus propices à la viticulture ; et en
suivant pour les plantations, les traditions de M. Dumoulin, en créant des
bâtiments d'exploitation parfaitement organisés, M. Dolfus a fait rapidement
de Montrose un vignoble modèle, auquel la Société d'agriculture décernait,
en 1871, la médaille d'or". Mathieu Dolfus avait doté le domaine d'un cuvier
de type médocain, à étage, qui fit l'admiration des membres de l'excursion
du congrès phylloxérique de Bordeaux en 1881. D'après l'ouvrage de Bernard
Ginestet, Mathieu Dolfus avait également fait aménager un embarcadère au
bord de l'estuaire, avec des rails qui le reliaient aux chais et qui
permettaient de charger les barriques de vin sur des gabarres. Selon
l'ouvrage Châteaux Bordeaux, les parties agricoles de Montrose auraient été
construites sur les plans de l'architecte Louis-Alfred Maître. Quant à
l'éolienne Bollée, autre innovation marquante, elle est peut-être installée
par Louis Charmolue à la fin des années 1890. Alors maire de la commune de
Saint-Estèphe, il reçoit un projet d'éolienne Bollée pour le puits de la
place de l'Eglise ; si le projet n'est finalement pas réalisé pour le
village, il est peut-être adapté au site de Montrose. Montrose reste aux
mains de la famille Charmolue jusqu'en 2006, date à laquelle il est racheté
par Martin et Olivier Bouygues qui engagent des travaux de modernisation
entre 2007 et 2013. Les bâtiments dominent les palus qui rejoignent les
rives de l'estuaire à l'est. Ils se composent du château constitué d'un
corps de logis principal à étage, flanqué de deux ailes en rez-de-chaussée
et en appentis. A l'arrière un bâtiment abritait peut-être des chais avec un
hangar ménagé sur le flanc nord. La façade principale, à l'est, est
organisée selon trois travées ; le rez-de-chaussée est traité en pierre de
taille à bossage ; les fenêtres présentent des plates-bandes avec claveaux à
crossettes. La porte est agrémentée d'un porche hors-oeuvre formant balcon à
balustrade soutenu par deux colonnes d'ordre toscan. Un bandeau médian et
les appuis de fenêtres de l'étage formant bandeau séparent les deux niveaux.
Au premier étage, les pierres de taille sont en moyen appareil, également
traité en bossage. Quatre pilastres corinthiens scandent ce niveau et
soutiennent un bandeau mouluré. Une corniche à modillons règne sur
l'ensemble des façades. La travée centrale est surmontée par un pavillon,
percé d'une fenêtre souligné par deux pilastres corinthiens et une frise de
cannelures. Il est couvert d'ardoise tandis que le reste des toitures est en
tuile creuse. Les ailes en appentis présentent un niveau de comble à
surcroît doté de jours semi-circulaires aveugles. Les claveaux ainsi que les
encadrements des deux portes sont traités en bossage. Au nord se trouvaient
le chai et le cuvier dans le prolongement l'un de l'autre ; l'ensemble a été
largement remanié par la construction des nouveaux chais en 2013. Au
nord-ouest, et comprenant le cuvier, une cour rassemble les bâtiments de
dépendance agricoles (étable-grange) et des logements pour les ouvriers ; là
encore, l'ensemble a été largement remanié au début du XXIe siècle.
L'éolienne Bollée ne conserve qu'une partie de son mécanisme et sert
aujourd'hui de porte-drapeau.
château Montrose, 3 Grand Vignolles, 33180 Saint-Estèphe, tel. 05 56 59 30
12, propriété viticole.
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