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Le domaine de
Barbe serait déjà planté en vignes dès le XIVe siècle, comme l'attesteraient
les archives de la famille Duvergier, propriétaire de la première résidence
seigneuriale édifiée à cette époque. Les Duvergier, marquis de Barbe, se
succèdent au fil des siècles. Les plus illustres sont, au XVIe siècle,
Fronton, au XVIIe siècle, Issac et Fronton II et, au début du XVIIIe siècle,
François, qui fait bâtir l'oratoire dit "Étoile des Mers" aux abords de
l'estuaire. Le château Barbe est indiqué sur une carte de 1751. La propriété
est vendue en 1774 à Guy de Ménoire, vicomte et président de la Cour des
Aides et Finances de Guyenne, qui fait démolir l'ancien édifice; il n'en
subsistent que les douves, et construire le château actuel dans le dernier
quart du XVIIIe siècle. Les travaux de gros-œuvre sont probablement en cours
d’achèvement en 1780, puisqu'à cette date le commanditaire somme le
serrurier Prévôt de "faire et déposer en place" une grande rampe d'escalier.
Cette nouvelle demeure, souvent attribuée à l'architecte Victor Louis en
raison de son caractère néo-classique, est en réalité due à l'architecte
bordelais Guillemain. Guy de Ménoire fait également construire une chapelle
domestique où serait inhumée son épouse. En 1814, la propriété appartient au
comte Léon de Brivazac. Sur le plan cadastral de 1819, la demeure forme un
plan en U, accompagnée au nord des dépendances viticoles et agricoles
organisées autour de deux cours. L'illustration publiée dans l'ouvrage de
Gustave de Galard en 1835 montre la façade postérieure du logis prolongée de
l'aile est. Dans celle publiée dans l'édition de 1874 de l'ouvrage Bordeaux
et ses vins, la façade postérieure donne sur un parc arboré.
Le domaine et le vignoble de Barbe, qui reste en possession de la famille de
Brivazac au cours du XIXe siècle, connaît une grande renommée à la fin du
siècle. Selon l'édition de 1893 de Bordeaux et ses vins, la propriété
atteint alors 133 hectares, dont 90 plantés en vignes, et produit 250
tonneaux. Le château représente le 1er cru bourgeois de la commune et l'un
des six premiers crus bourgeois du bourgeais. Selon le supplément à
l'édition de 1898 du même ouvrage, le domaine apparaît en 1901 au nom du
comte de Beauregard. Il s'agit sans doute de Savary de Beauregard, époux
d'Isabelle de Brivazac. C'est probablement pour ce dernier que le cuvier est
réorganisé en 1929, ainsi que l'indique une date inscrite sur une cuve en
ciment. L'édition de 1949 indique que le domaine est exploité dans la cadre
d'une société civile, administrée par Savary de Beauregard. Comme le
montrent deux vues aériennes datant probablement des années 1970, la
basse-cour non fermée était composée d'un pigeonnier, d'une laiterie, d'une
étable et d'une écurie. Ces bâtiments ont été soit détruits, soit
transformés au cours des années 2000 : le pigeonnier, la laiterie et la
porcherie ont en effet disparu tandis que l'étable et l'écurie ont été
remaniées et transformées en garages et hangars agricoles. Des vergers et
potagers entouraient également les bâtiments agricoles et viticoles à l'est
(remplacés par des vignes) et au nord. Un pavillon-porche est construit à
l'ouest, afin de délimiter et de fermer l'ancienne basse-cour. Le château de
Barbe, acquis par la famille Richard à la fin du XXe siècle, accueille
aujourd'hui mariages et réceptions et le vignoble produit environ de 300 à
400 tonneaux l'année.
Implanté sur les coteaux dominant l'estuaire, le domaine de Barbe, d'une
superficie de 62 hectares, est composé d'un corps de logis, de bâtiments
viticoles et agricoles, d'une chapelle, l'ensemble entouré de vignes et d'un
parc. Deux allées principales, au sud et à l'ouest, permettent d'accéder aux
bâtiments, délimités côté route par un mur de clôture avec portail en
ferronnerie, environné par un logement à étage, couverts d'un toit à deux
pans et dotés d'un appentis à l'arrière. De style classique, le château, qui
se démarque des autres constructions par sa couverture à croupes en ardoise,
est une vaste demeure à étage bâtie en pierre de taille, scandée de onze
travées. La façade antérieure au nord ouvre sur une cour tandis que la
façade au sud donne sur un parc arboré offrant des vues vers l'estuaire.
D'une grande sobriété, le bâtiment est simplement souligné par un bandeau
médian et une corniche moulurée. La porte d'entrée de la façade principale,
précédée d'un escalier, est sommée d'une corniche et encadrée de deux
colonnes engagées surmontés de chapiteaux ioniques. Contrairement à la
façade sur cour, la façade côté parc présente un léger ressaut au niveau des
trois travées centrales qui sont précédées d'un perron. La demeure est
encadrée de deux corps de bâtiment identiques en retrait d'alignement, de
quatre travées en rez-de-chaussée avec comble à surcroit. Le corps ouest est
prolongé vers le nord et en retour d'équerre par un bâtiment en
rez-de-chaussée abritant les cuisines.
Le corps de bâtiment du côté Est est également prolongé vers le nord et en
retour par des bâtiments de dépendances, correspondant au logement des
régisseurs, mais aussi, vers l'est, par l'ancien chai devenu aujourd’hui un
vaste espace de stockage. La demeure est double en profondeur. L'entrée
principale ouvre sur un vestibule en forme de rotonde donnant accès à un
vaste salon et à l'escalier d'honneur menant à l'étage. La rotonde est
portée par sept colonnes tronconiques d'ordre toscan ; cinq colonnes sur
sept sont semi-engagées. De part et d'autre du vestibule, un couloir dessert
les différents salons et salles depuis le sud jusqu'au bâtiment en retour
abritant les cuisines. A l'extrémité nord-est du rez-de-chaussée se trouve
un escalier de service desservant le niveau de comble. Les pièces qui
communiquent également en enfilade sont dotées de cheminées et garnies de
lambris. Le salon central au sud du vestibule et le grand salon qui lui est
attenant à l'ouest sont les plus décorés. L'escalier principal donne accès
aux chambres. Ces dernières abritent chacune une cheminée. Aux extrémités de
cet étage se trouve une porte qui dessert le comble des bâtiments encadrant
le corps de logis. Les deux ailes prolongeant la demeure au nord-est forment
une cour rectangulaire entourée du logement des régisseurs et des bâtiments
dédiés à la viticulture.
Le logement des régisseurs dont la façade est orientée vers l'ouest est
aujourd’hui transformé en bureaux et salle de dégustation. En
rez-de-chaussée, il est traversé d'un porche central desservant la cour,
surmonté d'une horloge, elle-même sommée d'une cloche. L'horloge porte
l'inscription "J. Laurendeau". Les bâtiments viticoles présentent des
ouvertures en arc segmentaire. L'aile est abrite le chai, l'aile nord les
cuves en ciment et inox et l'aile sud un espace de stockage. Au nord des
dépendances viticoles, sont réparties des bâtiments d'exploitation autour
d'une seconde cour. Ils sont composés de hangars et de remises. L'entrée à
l'ouest s'effectue par un porche. Dans le prolongement de l'élévation sud du
château, la chapelle domestique occupe l'extrémité sud-est. Couverte d'un
toit à croupes, elle présente une façade de cinq travées, dont les trois
centrales forment un ressaut. Les fenêtres du premier niveau sont
rectangulaires, les baies hautes sont circulaires (celle de droite est
aveugle). L'intérieur est composé d'une tribune à l'ouest et de l'autel à
l'est, en pierre de taille et marbre, surmonté d'une composition
monumentale. Des colonnes à chapiteaux ioniques se répètent dans l'ensemble
de la chapelle. Dans le sol et au centre se trouve le caveau où seraient
notamment inhumés le comte de Brivazac et son épouse. Au nord de la cour,
d'anciennes douves maçonnées constitueraient les seuls vestiges de l'ancien
château. Un peu plus à l'est, en contrebas, se trouvent une fontaine voûtée
en plein-cintre et un lavoir non couvert.
château de Barbe 33710 Villeneuve, tel. 05 57 42
64 00, propriété vinicole. Le vignoble s’étend sur 66 hectares réparti en 41
hectares en côtes de Bourg, cuvée Château de Barbe, sur un sol
argilo-calcaire de type Calcosol sur marnes et sur calcaires gréseux. Le
merlot y subit une contrainte hydrique modérée qui permet au raisin
d’atteindre une maturité optimale.
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