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Le castellum
ou castrum de Caput Stagni s’est formé dès le XIe siècle au nord d’un étang
de la plaine narbonnaise. L’ancienne lagune qui communiquait avec la mer
jusqu’au changement du cours de l’Aude en 1343, était alors exploitée pour
la production du sel. Dès la seconde moitié du XIIe siècle, l’archevêque de
Narbonne se rend maître de la plus grande partie du territoire de Capestang
et en particulier de l’étang et des salines dont il rachète les droits de
péage. A cette époque le castrum est déjà bien peuplé. Deux pôles d’habitat
existent alors : le château et le bourg. Le donjon primitif est construit à
l’endroit le plus élevé du site. Il peut être identifié avec la tour du
Setier que se disputent à la fin du XIIe siècle, l’archevêque, seigneur de
la ville, et Gaucerand, son vassal indiscipliné. Le premier château
archiépiscopal est quant à lui édifié en contrebas de la tour, sur un
emplacement légèrement surélevé, peut-être une motte artificielle. La
référence la plus ancienne d’un château résidence de l’archevêque dans les
textes, remonte à l’année 1166. Une première enceinte (cinctus superior),
peut-être une simple palissade ou un fossé, entourait ces deux bâtiments.
Dans l’enceinte inférieure (cinctus inferior) se développe le bourg, divisé
en quatre quartiers. Le château semble formé de deux corps de logis,
disposés en L de part et d’autre d’une tour donjon carrée, avec dans l’aile
sud, au rez-de-chaussée, une galerie d’arcades et à l’étage, une aula ou
salle de réception. La tour d’angle abritait sans doute une chapelle dédiée
à saint Nicolas. Le château ouvrait au sud vers la ville et sur le "plan du
château" par le porche actuel. Les deux autres côtés, au nord et à l’ouest,
étaient certainement fermés par de simples murs, le tout formant une petite
cour quadrangulaire. C’est au cours de la seconde moitié du XIIe siècle que
l’archevêque Pons d’Arsac met en défense la façade sud du château, grâce à
la construction de mâchicoulis sur arcs. A la même époque, on retrouve ce
type de fortification sur plusieurs monuments religieux de la Province: la
cathédrale de SaintPons-de-Thomières ou celle d’Agde mais également le
châteaude Montouliers. Au milieu du XIIIe siècle, l’archevêque, de plus
en plus présent dans la cité, transforme son château en forteresse. Dotée
d’une collégiale depuis le milieu du siècle précédent, Capestang est
désormais une ville importante, entourée d’une grande enceinte percée de
cinq portes. La résidence de l’archevêque devient un château à cour, fermée
par des courtines de dix mètres de haut, flanquées à chaque angle, sauf au
nord-est, d’une tour circulaire. A l’occasion de ces travaux d’aménagement,
les murs de la salle haute sont décorés d’un enduit peint ocre clair, orné
d’un faux appareil avec des lignes blanches et noires. Le nouvel aspect de
la forteresse rappelle les châteaux des chantiers royaux nouvellement
construits, comme Aigues-Mortes ou Carcassonne. C’est dans ce nouvel édifice
qu’est aménagée une salle dans laquelle se tiendra la cour de justice,
exercée par l’archevêque depuis quelques années à Capestang. Désormais le
prélat y dispose, comme à Narbonne, d’un petit palais, mais de dimensions
plus modestes. La restauration et la décoration du corps de logis sont
effectuées par les deux archevêques qui se succèdent alors : Gilles Aycelin
(1287-1311), grand bâtisseur qui fait édifier le donjon du Palais neuf de
Narbonne, et Bernard de Fargues (1311-1341) commanditaire de la décoration
des murs de l’aula. Les travaux de restauration concernent la façade sur
cour, où un grand escalier aujourd’hui disparu, est bâti pour donner accès à
la grande salle, dans laquelle deux arcs diaphragmes de profil brisé servant
de support à la charpente du toit, sont construits. De nouvelles fenêtres
sont installées sur les deux façades principales du corps de bâtiment. Le
décor de la salle, aujourd’hui en grande partie effacé, représente un décor
géométrique formé de losanges, où alternent les armes du roi de France et
celles de Bernard de Fargues. On retrouve le blason de l’archevêque sur la
retombée de l’arc diaphragme. La base de la console repose sur une tête
sculptée de jeune homme aux cheveux mi-longs. Après une période néfaste, la
ville retrouve un certain rang et les chantiers de construction reprennent.
C’est sous la prélature de Jean d’Harcourt, personnage issu de la noblesse
normande, que la salle du château ou tinel est transformée. L’archevêque,
qui exerce son mandat de 1436 à 1452, fait d’abord recomposer le volume de
la grande salle d’apparat. A l’entrée, deux cloisons forment deux pièces
supplémentaires: un vestibule et une chambre. La hauteur de l’ancienne aula
est abaissée grâce à l’installation d’un plafond à la française qui reçoit
un beau décor peint. Cinq grandes poutres reposant sur des corbeaux de bois
sculptés, traversent la pièce. Le plafond est supporté par des solives,
entre lesquelles sont intercalées des planchettes, appelées bugets ou
closoirs. Les poutres, les corbeaux, les closoirs et les moulures du plafond
portent un décor peint, ornemental et historié, où domine un rouge profond.
Deux blasons, celui de l’église de Narbonne et celui de la famille
d’Harcourt alternent sur la poutre centrale. Au cours du XVIe siècle, les
archevêques de Narbonne délaissent leur résidence qui conserve sa fonction
de justice jusqu’à la Révolution, mais devient un bâtiment agricole...
Éléments protégés MH : l'ensemble du château, les sols, les bâtiments et les
vestiges à l'intérieur de l'enceinte : classement par arrêté du 29 septembre
1995.
château des Archevêques de Narbonne 34310 Capestang, propriété de la
commune.
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