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Château de Launay Bazouin à Sainte Anne sur Vilaine
 
 

     En 1466, la dame de La Noé est châtelaine de Launay-Bazouin; il s'agit de Françoise de La Chapelle, fille de messire Jehan de La Chapelle et de Catherine de La Porte. Elle avait épousé Jean de La Noé, écuyer, seigneur de Vrignay et de La Broce et possédait en propre Launay-Bazouin dès la réformation de 1450. À la réformation de 1513, il appartient à la même famille qui vendit le domaine en
1559 aux Le Maistre, seigneurs de La Garlaye. Il appartient ensuite aux Dollier, seigneur de Port-de-Roche puis aux Guischardy jusqu'à la Révolution. Le château et ses dépendances sont situés sur le flanc Sud de la vallée du ruisseau de La Taberge à l'orée du bois de Launay. Le château est composé du logis et de bâtiments de dépendances au Nord (ancienne écurie, ancien logis désaffecté dit la Maison du miracle); une ferme située à l'Est complète l'ensemble. Ni les textes d'archives, ni les documents cartographiques ne signalent de chapelle à Launay-Bazouin.
Le château est construit en maçonnerie de schistes bruns, verts et gris et de mœllons de grès beige. Les baies ont pour la plupart leurs piédroits en assises de grès beige, les linteaux et les traverses en schiste gris-bleu. Seules les grandes baies (anciennes portes) en arc brisé sont en pierres de schiste bloquées au mortier, et sur la façade Sud, les piédroits des baies sont en grande majorité maçonnés en briques cuites. Toiture en ardoises refaite au début de ce siècle. L'édifice présente un plan rectangulaire, tourelle polygonale en demi hors-oeuvre sur l'élévation nord; le corps principal se prolonge à l'Est et à l'Ouest par deux petits corps de bâtiment couverts d'une toiture indépendante. Edifice à un étage carré et comble, simple en profondeur, comprenant à l'origine, trois pièces par niveau dans le corps principal et deux petites pièces dans les deux corps de bâtiment.
L'élévation principale Nord est marquée par la tourelle d'escalier pentagonale aux niveaux un et deux et octogonale dans sa partie supérieure; celle-ci divise la façade en deux parties. A droite, grande baie en arc brisé bloqué au mortier, transformée en fenêtre. À sa droite s'observe un départ d'arc identique (porte piétonne). Il existe actuellement une petite fenêtre rectangulaire à encadrement chanfreiné. Fenêtre à traverse à droite, surmontée d'une fenêtre identique à l'aplomb. À gauche de cette dernière, une galerie de bois court devant le mur; charpente ancienne, sol dallé de carreaux de terre cuite; cette galerie dessert une porte en arc brisé surmontée d'un arc de décharge, piédroits moulurés, congé à la base orné d'une petite branche de feuillages (à droite uniquement). La porte de communication avec la tourelle est rectangulaire, à encadrement chanfreiné. Au-dessus de la galerie et de la fenêtre du premier étage, sous l'égoût du toit, règne un cours de deux entretoises moulurées, limitées par les abouts de trois entraits, le tout repose sur une sablière. A gauche, au rez-de-chaussée: fenêtre rectangulaire à traverse, surmontée d'un arc de décharge en grès. Au premier étage, à l'aplomb, fenêtre identique jouxtée à droite d'une dalle de schiste servant à l'évacuation d'eaux. Sous l'égoût du toit, il semble que l'on puisse voir une disposition analogue à celle de la partie droite de la façade. Il manquerait les entretoises remplacées par un blocage de maçonnerie.
Au rez-de-chaussée de l'élévation sud, tous les linteaux ont été refaits au début du XXe siècle. Au centre, grande baie en arc brisé symétrique et identique à celle de l'élévation Nord. Au premier étage: première fenêtre gauche: encadrement briques, deuxième fenêtre gauche: piédroits en schiste appareillé, angles vifs, linteau de schiste à chanfrein, sans décor, troisième fenêtre: encadrement de briques, fenêtre centrale: piédroits en grès à cavet, traverse de schiste sciée, linteau en schiste à cavet et départ de meneau. Les deux fenêtres de droite sont à encadrement de briques. Dans le toit trois lucarnes à devant en pierre de taille en schiste et fronton-pignon mouluré. Toit à longs pans sur le corps principal; flèche octogonale à égout retroussé sur la tourelle. Couverture en ardoises à lignolet. Corniche en grès moulurée en cavet sous l'égoût; crossettes moulurées à deux cavets. Charpente ancienne, modifiée au droit des lucarnes de l'élévation Sud; ferme à entrait retroussé et poinçon. Au droit des entretoises qui apparaissent au sommet du mur Nord, la panne a été sectionnée, une autre panne repose sur les extrémités des deux sections.
Les deux niveaux ont été en partie remaniés dans leur distribution (escaliers, couloir, cloisons supplémentaires) mais leurs dispositions d'origine sont facilement visibles. Au rez-de-chaussée, trois pièces avec cheminées dans chacune d'entre elles. Dans la cuisine, évier de schiste sous la fenêtre; cheminée engagée. La cheminée de la salle à manger a été remontée probablement au XVIIIe siècle. Dans le couloir, près du salon, la fenêtre est identique à celle de la cuisine. La cheminée du salon présente des piédroits chanfreinés appareillés en granite. Consoles formées de deux assises en granite; linteau en schiste bleu et corniche moulurée. L'escalier desservant les étages est contenu dans la tourelle; coupe circulaire, escalier en vis tournant à droite, à marches de schiste bleu portant noyau; revers des marches délardés; base du noyau prismatique et ornée d'une cordelière. La cage d'escalier est éclairée de baies, l'une d'entre elles à coussièges (montée du premier au deuxième étage). Au deuxième étage, l'escalier dessert le grenier et par un escalier secondaire très étroit à volée droite, la pièce du dernier étage de la tourelle. Cette pièce contient une cheminée; l'enrayure de la charpente est apparente.
Les dispositions intérieures originelles du château subsistent en grande partie. Les modifications n'ont porté que sur des transformations mineures. Cloisons au premier étage, escalier secondaire au rez-de-chaussée. En façade sud, les transformations des baies ont été plus importantes et il est problématique de déterminer l'emplacement des baies d'origine au rez-de-chaussée. Au premier étage, il ne subsiste que deux fenêtres anciennes. La présence des deux larges baies en arc brisé situées au même droit, permet d'évoquer ces "manoirs-porches" dont le logis et le portail d'accès à une cour généralement fermée, étaient contenus dans le même corps de bâtiment. L'absence de cheminée contemporaine du reste de l'édifice dans l'actuelle salle à manger, peut confirmer cette hypothèse. La porte piétonne devait se situer à l'ouest de ce porche, comme en témoignent les traces de départ d'arc sur l'élévation Nord.
Le château de Launay Bazouin présente une disposition exceptionnelle: la galerie ou corridor extérieur permettant de desservir de manière indépendante la pièce située la plus à l'ouest, qui, par ailleurs, communique directement avec la pièce centrale. C'est une disposition rarissime mentionnée parfois dans les textes d'archives, mais qui ne subsistent plus; rarissime aussi, car ce type de château est en général distribué en deux seules pièces, situées de part et d'autre de la tour d'escalier. Les deux petites pièces situées aux extrémités Est et Ouest du logis étaient sans doute des latrines. Si les formes et décor des baies permettent de penser à la contemporanéité de ces corps de bâtiment et des logis, il reste que cette hypothèse demande à être vérifiée plus précisément. La disposition d'ensemble, les types de plan et d'élévation, les distributions intérieures, le décor des baies et principalement des cheminées, sont des éléments qui permettent de situer la construction de ce château dans la deuxième moitié du XVe siècle. C'est certainement dans cet édifice que résidait Françoise de La Chapelle, châtelaine de Launay en 1466.

château de Launay Bazouin 35390 Sainte Anne sur Vilaine, propriété privée, ne se visite pas.


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