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C'est avec la mention vers l'an mil
d'un certain Hugues, chevalier de l'oppidum cardaliacum qu'apparaissent
simultanément dans la documentation, le site et le lignage éponyme de
Cardaillac. Trois siècles plus tard, aux alentours de 1300, le castrum de
Cardaillac dominait une châtellenie regroupant plus de vingt paroisses et se
trouvait partagé entre six co-seigneurs au moins, appartenant aux diverses
branches du lignage. Un premier partage, qui aurait eu lieu en 1227, aurait
sanctionné la séparation des branches de Brengues, de Varaire du rameau
principal, lequel donna lui-même naissance aux branches de Bioule-Saint-Cirq
et de Lacapelle-Marival en 1266. Le bourg actuel de Cardaillac offre la
particularité d'être une agglomération tripartite, dont les trois quartiers
distincts sont distants les uns des autres d'une centaine de mètres. Au sud,
le Mercadiol, organisé autour d'une place triangulaire, côtoie à distance
l'ancienne église paroissiale Saint-Julien, mentionnée dès 1146 mais
totalement reconstruite après sa destruction par les huguenots. Au nord, un
second quartier plus étoffé, assimilable à la "villa" ou au bourg du
castrum, rassemble ses maisons le long de plusieurs rues dont l'une
aboutissait à l'est au "cap del castel", indice qu'il était bien considéré
comme partie intégrante du castrum bien qu'il ait été dépourvu d'une
enceinte en dur. Le quartier du fort, seul doté d'une enceinte maçonnée,
constituait donc le noyau dur du castrum. Isolé par des escarpements
rocheux, il occupe un court éperon triangulaire dominant la vallée du
Drauzou, à l'ouest, tandis qu'un fossé le barrait, à l'est, face au plateau.
La tour de Sagne et la tour de l'Horloge ou des Barons sont les seuls
vestiges du château médiéval du XIIe siècle. Ces tours faisaient partie du
dispositif de défense que la puissante famille de Cardaillac avait mis en
place sur un éperon rocheux, ce dispositif comptait trois tours et une
puissante muraille, dans cette enceinte triangulaire ainsi protégées on peut
toujours admirer des maisons médiévales. La tour de Sagnes est la moins
haute des deux tours subsistant dans l'ancien fort de Cardaillac. Située à
un peu plus de trois mètres en retrait de l'enceinte, elle en commandait à
distance le front nord. De plan carré, elle ne comporte que deux niveaux,
qui suffisent toutefois pour porter sa hauteur à vingt mètres. Ses
élévations, très soigneusement parementées de grands carreaux de grès, sont
recoupées extérieurement par trois lignes horizontales, un talutage
biseauté, un bandeau plat et une légère retraite, sans correspondance avec
les niveaux de sols intérieurs. Le bandeau plat marque en revanche la
naissance de la voûte du premier niveau. C'est à ce niveau que s'opère
l'accès de la tour, surélevé de 4,45 m environ au-dessus d'un épais
soubassement plein et à 0,78 m au-dessus du sol intérieur. La porte
d'entrée, à deux tableaux opposés, est couverte en arc brisé comme les
autres portes de la tour. Deux trous d'encastrement, percés à sa base,
conduisent à restituer un escalier extérieur en charpente. Dissociée de la
porte, la vis d'escalier d'accès à l'étage est logée dans une tourelle
circulaire dans-oeuvre dont le volume déborde sur l'espace intérieur selon
un parti identique à celui de la "turris" de Castelnau-Bretenoux. La salle
du premier niveau est éclairée par une haute fente de jour à double
ébrasement, en plein-cintre à l'extérieur, ouverte sous un couvrement à
coussinets en ressauts à l'intérieur. Elle surmonte une niche d'évier dont
l'écoulement, sur la même face que les latrines de l'étage, pourrait
indiquer l'emplacement d'une venelle d'écoulement. La salle est couverte par
une coupole nervée à quatre quartiers, portée par des colonnes d'angle. Les
lourdes bases à tores et scotie, de même que les chapiteaux lisses à
corbeilles épaisses et que les croisées de nervures de profil brut, sans clé
sont exactement semblables à celles de la voûte du deuxième niveau. Les
tailloirs dissociés des chapiteaux y sont reliés par un cordon d'imposte
filant sur les quatre faces, lequel en continue le profil en épais quart de
rond surmonté d'une bande. A défaut de colonne, dans l'angle sud-ouest,
l'une des nervures s'engage dans la tourelle d'escalier. A mi-hauteur,
celle-ci offre, comme à Castelnau-Bretenoux, une ouverture au niveau du
cordon d'imposte suggérant l'hypothèse d'un entresol. Le principe de
dissociation des accès est reconduit à l'étage où deux cages d'escalier
distinctes font saillies, l'une permettant l'accès à la terrasse sommitale.
Une ample fenêtre géminée ouvre sur la face est. Dépourvue de coussièges,
son appui plein est souligné par un bandeau adouci par un tore, commun à la
fenêtre et à la niche de placard voisine. La pile tronconique médiane a
manifestement remplacé la colonnette de la fenêtre dont les deux arcs brisés
s'inscrivent sous un arc de décharge prolongeant l'arc brisé segmentaire de
l'embrasure. Le cordon d'appui externe, de même que les piédroits, est
traité en quart de rond, les cordons d'imposte étant moulurés par un cavet
que dégage un anglet. Deux crochets de bannes surmontent la baie. Une porte
haute en arc brisé ouvre face à l'agglomération, associée aux deux trous
d'encastrements d'une guérite de charpente disparue. L'autre porte,
également en arc brisé, correspond au caisson de latrines. Caractérisé par
son couvrement pyramidal, celui-ci, est porté par deux corbeaux dont le
profil reprend celui des cordons intérieurs. Une coupole nervée à quatre
quartiers en arc de cloître, identique à celle de la salle basse, couvre la
salle de l'étage. Les couronnements de la tour ont disparu.
La tour de l'Horloge est implantée en retrait de l'enceinte, à l'arrière du
front oriental dont un ancien logis la sépare. Ses élévations extérieures
parementées de grès sont moins soigneusement appareillées. L'accès de la
tour est assuré par une porte en arc brisé, percée en hauteur au-dessus d'un
soubassement plein taluté comme c'est le cas à la tour de Sagnes. Une série
de trous d'encastrement atteste encore de la présence du perron de
charpente, sans doute non couvert, qui la précédait, deux fentes de tir en
assurant la protection. L'une d'elles est percée dans la cage d'escalier
qui, contrairement aux dispositions observées à la tour de Sagnes, se
greffait directement sur le corridor d'accès, entre les deux tableaux de
porte opposés. L'autre se présente intérieurement sous l'aspect d'une banale
fente de jour, percée en hauteur et rendue difficile d'accès par son appui
en gradins. Son couvrement caractéristique, en ressauts de coussinets,
jointifs au sommet, est analogue à ceux des autres embrasures de l'édifice.
Trois petits placards muraux sans feuillure et un évier complètent les
commodités de ce premier niveau couvert par une coupole nervée à quatre
quartiers, très semblable à celles de la tour de Sagnes. Le décor des
chapiteaux, à une couronne de feuilles d'eau, en diffère toutefois ainsi que
les supports des colonnes d'angle assurés par des culots effilés, implantés
sous les chapiteaux. On rencontre en revanche dans les deux tours la même
cage d'escalier ouvrant à mi-hauteur sur la salle, par une porte haute
implantée au-dessus du cordon d'imposte de la voûte. Avant d'atteindre le
deuxième niveau, la cage d'escalier dessert une latrine, incluse dans un
caisson de pierre en encorbellement, caractérisé par son plan
semi-circulaire. Le deuxième niveau ouvrait sur l'extérieur par trois
portes, combinant des arcs brisés et une couverture à ressauts de
coussinets, lesquelles desservaient chacune une guérite de charpente sur les
faces nord, sud et est. Au-dessus du caisson abritant l'escalier en vis
montant du rez-de-chaussée part un escalier droit suspendu dont les deux
volées permettaient d'atteindre un troisième niveau planchéié, marqué par un
épais cordon en quart de rond. Au troisième niveau, un second caisson
cylindrique, en saillie sur l'espace intérieur et porté par un important
cul-de-lampe, assurait le relais vers le couronnement. Dans les autres
angles, des colonnes engagées couronnées par des chapiteaux induisent qu'une
seconde voûte semblable à la première avait été prévue sans peut-être avoir
été réalisée. Complétés par une étroite fente de jour, deux portes
semblables à celles de l'étage inférieur donnaient accès à un hourd continu
dont les encastrements rayonnants se répartissent régulièrement sur les
quatre faces de la tour. Témoin de l'inachèvement de l'ouvrage, une ceinture
de consoles de mâchicoulis, que leurs profils incitent à attribuer à
l'édifice médiéval, marquent le niveau de couronnement finalement arrêté. Ce
couronnement, établi sur un simple plancher, porte aujourd'hui encore une
cloche justifiant le nom attribué à la tour et le terme de "tour-beffroi"
qui convient à ce type d'édifice.
Éléments protégés MH : la tour de l'Horloge :
inscription par arrêté du 15 février 1991. La tour de Sagnes : inscription
par arrêté du 10 août 1957.
château de Cardaillac 46100 Cardaillac, propriété privée, visite des
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