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Le fief de La Treyne n'apparaît pas dans les
textes avant le XIVe siècle. Il appartenait alors à un lignage originaire du
Gourdonnais, les Rouffilhac, qui le tenaient du vicomte de Turenne,
peut-être en co-seigneurie avec des Cornil. Moins d'une dizaine d'années
après le premier hommage relevé pour La Treyne (1304), Bertrand de
Rouffilhac aurait obtenu (1342) l'autorisation d'élever un fort à la place
de ce qui n'était vraisemblablement qu'un simple mas. D'après les termes
d'un nouvel hommage, rendu en 1356, il semble que l'édification du fort de
La Treyne n'était pas encore achevée, sans doute faute de liquidités si l'on
en juge par les1300 florins d'aide financière que dût apporter sur quatre
ans l'oncle du constructeur, l'évêque de Fréjus Guillaume de Rouffilhac,
alors gouverneur du Comtat-Venaissin. La tour féodale offre de ce fait
l'intérêt d'être assez bien datée par les textes. Edifiée vers 1356, c'est
d'elle qu'il s'agit vraisemblablement lorsqu'on évoquait la faculté pour les
hommes du vicomte de Turenne d'y entrer à chaque réquisition et d'y élever
l'étendard du vicomte en criant trois fois "Turenne, Turenne, Turenne" le
matin jusqu'à midi, après quoi il sera retiré et le fort rendu au Guilhaume
de Rouffilhac. Les Rouffilhac hommage encore pour la Treyne en 1460 puis
semblent disparaître, et en 1462, le vicomte de Turenne offre la seigneurie
avec toutes justices à son maître d'hôtel, Annet Hugon du Cluzel. Celui-ci
(ou son fils) dénombre en 1504 pour Meyraguet et le château de Latreyne, "de
petite valeur". Le château aurait été reconstruit dans le deuxième quart du
XVIe siècle : c'est du moins ce qui ressort de la mention en 1555 de la
"maison neuve dudit château", que se réserve alors Jeanne de Coustin, dame
de La Treyne (et alors veuve de Jean de Cluzel). Occupé par les Huguenots,
ce château neuf est incendié en 1586. En 1607, le protestant Jean de La
Ramière hérite du château dont la destruction est ordonnée en 1622 par le
Parlement de Toulouse, décision qui n'aurait pas été suivie d'effet. Gédéon
de la Ramière, fils de Jean, entreprend sa restauration en 1625 : une grande
partie de l'édifice date de cette époque. En 1711, le château passe par
alliance à la lignée de Cardaillac-Végennes. François-Emmanuel fait agrandir
le château en 1760 et relève le titre de marquis de Cardaillac. La famille
conserve le château jusqu'au début du XXe siècle. En 1910, il est acheté par
Auguste-Gabriel Savard, industriel parisien, qui entreprend la restauration
et la transformation des bâtiments (porte d'entrée, appartements) et fait
aménager le parc. Le château change de mains à plusieurs reprises. En 1954,
le nouvel acquéreur, M. Santiard fait construire dans le parc une chapelle
néo-romane, qui accumule les remplois : chapiteaux du XIIe siècle provenant
d'une église abandonnée de Cuélla, province de Ségovie en Espagne, fragments
de vitraux du XVIe siècle ; il y présenta le tombeau de Jean de Chabannes et
une Mise au tombeau provenant du prieuré du Saint-Sépulcre d'Allemagne à
Mongé... Le château occupe une position admirable sur un rebord de
falaise plongeant sur la rive nord de la Dordogne. Très restaurés, les logis
aux toitures à la Mansard emboîtés sans symétrie sont dominés par une tour
ronde posée en vigie édifiée après le milieu du XVIe siècle si l'on en juge
par ses fenêtres armées de petites bouches à feu percées dans les allèges.
Du milieu du XVIe siècle il faut sans doute attribuer le grand escalier à
l'italienne qui distribue aujourd'hui l'ensemble de la demeure. Une
importante restructuration du XVIIIe siècle a tenté de donner une symétrie
la façade sur la cour, aujourd'hui prolongée par la perspective axiale d'un
parterre à la française. La "chapelle" néo-romane a été construite à quelque
distance, dans un petit bois. Au centre des logis, on distingue le volume
d'une tour quadrangulaire dont les chaînes d'angle bien appareillées
indiquent qu'elle précéda le reste des constructions et qu'elle était à
l'origine isolée. A l'angle de la tour, les traces d'une porte chanfreinée
assez large semblent avoir été greffées dans la construction primitive après
coup. Elle appartient à un important logis médiéval dont les vestiges sont
repérables dans l'actuelle aile ouest du château. Sur la façade ouest
dominant la Dordogne, parmi les fenêtres cintrées à chambranle du XVIIIe
siècle, on remarque les vestiges de deux baies cintrées et ceux d'un caisson
de latrines qui appartiennent manifestement à ce premier logis. Il n'est pas
certain cependant que la porte médiévale établie au pied de la tour ouvrait
directement sur les salles. Les divergences d'orientation entre la tour et
le logis auraient pu laisser la place à un espace libre. La tour féodale
est établie sur plan carré de 7,60 m de côté pour des murs épais de 1,47 m.
L'importance des remaniements du milieu du XXe siècle rendent sa
distribution difficilement déchiffrable. Le rez-de-chaussée est occupé par
une salle voûtée en berceau dont la grande porte d'accès est une réfection
récente de même que la porte moulurée qui a été réaménagée dans son
élévation ouest et qui provient d'un ancien escalier en vis. La porte
chanfreinée qui établit la communication avec le grand escalier pourrait en
revanche appartenir aux travaux de reconstruction du XVIe siècle. Le premier
étage et le second étage sont tout aussi remaniés que l'étage bas. Les deux
fenêtres géminées qui les éclairent sur la cour sont, comme la grande porte
en arc brisé, des ouvrages du XXe siècle. Le troisième étage, en revanche, a
conservé l'essentiel de ses dispositions originelles. Une assise de réglage
et un changement d'appareil montrent qu'il résulte d'une seconde campagne de
travaux. Une ligne de trous d'encastrement montre qu'on avait prévu la
possibilité d'y établir un hourd porté par des solives et pouvant se
développer sur au moins trois des quatre faces de la tour comme l'indiquent
les encastrements biais des angles. Aucune trace d'encastrement de toiture
ne correspond à ce hourd qui ne devait donc être mis en place qu'en cas de
nécessité de mise en défense. La salle haute ouvrait sur l'extérieur fenêtre
géminée rectangulaire, ornée de simples chanfreins. Percée dans une
embrasure dissymétrique couverte en arc brisé et dotée de coussièges
soigneusement chanfreinés. Les portes d'accès actuelles sont modernes et ne
permettent plus de restituer ni les accès d'origine, ni le dispositif qui
aurait permis l'accès aux hourds. La salle est couronnée sur trois de ses
faces de la tour par une très importante retraite évoquant la présence d'un
ancien crénelage et d'une toiture en retrait. Soit que la banquette ait été
prévue pour une circulation défensive, à l'arrière des créneaux, soit
qu'elle ait eu pour destination principale de porter les chéneaux recueillir
les eaux de toiture.
Auguste-Gabriel Savard fait dessiner le parc, attribué au paysagiste André,
probablement René-Edouard, fils d'Edmond décédé en 1911, qui était entré
dans l'agence de son père en 1890. Implanté autour du château sur une
falaise dominant la Dordogne, le jardin manifeste la volonté d'exploiter les
ressources naturelles du site, en particulier la vue dominante et le relief.
Il comporte une partie paysagère aménagé en bordure de falaise et au bord de
l'eau : chemin de promenade en terre battue avec muret de pierre en bordure
de l'escarpement (accès à la chapelle, point de vue sur la vallée), sentier
descendant vers la berge par une allée serpentine en gravier, quelques
marches en pierre, portant un décor végétal de rocaille et de petits
conifères. Sur la berge, bambous et saules confèrent à l'endroit un
caractère romantique. Le reste du jardin a été nivelé en terrasse et offre
une longue perspective vers le sud-est, au-delà d'une vaste esplanade en
gravier bordée de géraniums où se tient le château. Cette perspective
légèrement montante, délimitée par une haie, paraît avoir été gagnée sur le
paysage agricole environnant. Composée de parterres de gazon, son point
extrême est matérialisé, au-delà d'un vaste bassin circulaire à jet d'eau,
par une pergola couverte de rosiers grimpants d'où peut s'appréhender la
meilleure vue sur le château. Des plantations d'arbres séculaires parcourues
par des allées rectilignes de promenade (allée de tilleuls replantée en 91),
bordent à l'est le jardin à la française. Des espaces réservés aux jeux
(tennis et piscine) et un potager clos de murs le complètent.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures ; l'escalier droit ; les
décors du grand salon et de la salle de billard au rez-de-chaussée :
inscription par arrêté du 3 mai 1990, modifié par arrêté du 17 septembre
2008.
château de la Treyne 46200 Lacave, tel : 05
65 27 60 60, restaurant, salle pour séminaire et réception et chambres
d'hôtes.
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