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Le castrum de Puy-l'Evêque (castel del Pug)
est mentionné pour la première fois en 1227, époque à laquelle il est acquis
en même temps que celui de Luzech par l'évêque de Cahors. Antérieurement à
cette date, le silence de la documentation a conduit à supposer qu'il
n'était que le castrum secondaire d'un lignage connu pour d'autres
possessions. L'appartenance de l'ensemble des paroisses de la châtellenie de
Puy-l'Evêque à l'archiprêtré de Pestilhac désignerait a priori les seigneurs
de Pestilhac, dont une partie des possessions furent effectivement
confisquées au profit de l'évêque, comme les vraisemblables possesseurs du
Puy avant 1227. Une autre hypothèse conduit à se tourner vers le patrimoine
d'un autre lignage baronnial, celui des Luzech, eux-mêmes successeurs pour
une part importante de l'archidiacre Ingelbert dont les possessions
s'étendaient vers 935 jusqu'à Courbenac et, aux environs, jusqu'à un certain
lieu dit Podium Retundum. Le lignage éponyme des Del Pech, mentionné dès le
XIe siècle, était déjà représenté dans le castrum par trois branches
distinctes à la fin du XIIIe siècle, et il y tenait une place privilégiée,
derrière l'évêque mais au-dessus des autres "milites castri", dont
l'effectif dépassait la vingtaine, se répartissant entre sept lignages
distincts. La seule mention directe de la demeure de l'évêque semble bien
être celle de la "chambre" où Sicard de Montaigut reçoit l'acapte due par
les consuls en 1297. Le bâtiment voisin, qui était peut-être "l'aula" de
l'évêque est devenu, sans doute au XVIIIe siècle, la chapelle des capucins
avant de devenir hôtel de ville. L'architecture de la tour permet d'en
situer la construction dans les dernières décennies du XIIIe siècle.
La tour est aujourd'hui intégrée à l'hôtel de ville dont les murs, épais de
plus de 1,70 m et percés de curieuses baies en plein cintre à doubles
ébrasements, pourraient appartenir en partie à un ancien édifice médiéval.
L'hypothèse qui consisterait à y reconnaître les vestiges d'une "aula",
accolée à la tour, n'est pas à écarter dans la mesure où le logis de l'Ychairie,
établi à proximité, ne figurait pas parmi les possessions de l'évêque. La
tour a servi de prison jusqu'au XVIIIe siècle au moins, ainsi qu'en
témoignent les portes à guichets, encore entreposées dans ses étages. La
présence de quatre larges contreforts enveloppant les angles apparente a
priori cette tour à celle de Luzech dont elle est supposée être
contemporaine. Là s'arrêtent toutefois les points communs entre les deux
édifices. De moindres dimensions au sol, bien que sensiblement plus haute,
la tour de Puy-l'Evêque est en effet dotée d'une organisation différente.
Pour un espace utile réduit (à peine 10 m2), la tour disposait de quatre
niveaux portant son élévation à 23 m ou plus. La salle-basse, voûtée
tardivement, semble avoir été initialement couverte par un simple plancher,
comme le suggère le bandeau de section carrée dont la trace subsiste à 5,25
m de hauteur et dont l'implantation proche du niveau de sol de l'étage
supérieur ne permet pas de restituer un couvrement voûté. La porte d'accès
actuelle est moderne : la salle basse était donc accessible originellement
par une trappe aménagée dans le plancher. Une fente de jour, étroite et à
couvrement plat, en constituait l'unique percement. A l'intérieur, l'arc de
tête surbaissé de cette baie, composé de deux pierres, pourrait appartenir à
l'état d'origine bien qu'il ne soit pas cohérent avec le couvrement plat
visible à l'extérieur.
Le premier étage correspond au niveau d'accès d'origine. La porte primitive,
établie au revers d'un contrefort, à 6,50 m de hauteur ouvre sur
l'extérieur, sur la face opposée (élévation nord-est) à l'ancienne aula.
Elle est couverte extérieurement en arc brisé émoussé. Deux vantaux
successifs y enfermaient l'accès latéral à un escalier droit intramural
permettant d'atteindre l'étage supérieur. La salle, voûtée en berceau
plein-cintre (hauteur : 6,50 m) ne disposait, comme la salle basse, que
d'une étroite fente de jour à couvrement plat. Accessible par l'escalier
intramural, le second étage, également très haut (6 m), était éclairé par
une ample fente de jour à embrasure cintrée, soigneusement encadrée à
l'extérieur par un large chanfrein dessinant un arc segmentaire délardé dans
le linteau. A mi-hauteur, des latrines étaient établies sur un repos de
l'escalier intérieur de charpente qui prenait ici le relais de l'escalier de
pierre. Cette rupture des circulations verticales est semblable à celle que
l'on observe dans d'autres tours-beffrois du second tiers du XIIIe siècle (Castelnau-Bretenoux,
Cardaillac...). Le troisième étage, dont le plancher a disparu (les
encastrements de deux poutres maîtresses subsistent), est marqué par une
importante retraite du parement intérieur, qui pourrait correspondre au
raccord de l'ultime campagne de construction. Cette salle haute semble
aujourd'hui tronquée par le hourdis récent qui porte la plate-forme
sommitale, indice possible que l'édifice, prévu plus haut, a pu rester
inachevé ou qu'il fut écrêté. Les quelques marches en pierre qui donnent
accès à la terrasse actuelle et qui évoquent le départ d'un escalier
intramural pourraient dans ce cas, soit avoir été prévues pour desservir une
terrasse sommitale située plus haut, soit pour desservir un niveau
supplémentaire. Sans doute affectée au guet, la salle du troisième étage
était dotée d'une cheminée encastrée, actuellement condamnée, d'une armoire
murale à feuillure (murée) et d'une ample embrasure à coussiège, ouvrant sur
une modeste fenêtre à encadrement chanfreiné. Le style de ces aménagements
qui rendaient la pièce habitable évoque au plus tôt le dernier tiers du
XIIIe siècle. A supposer que la dernière campagne de construction,
correspondant à la réalisation du dernier niveau, s'inscrive dans la
continuité des précédentes, comme le suggère l'homogénéité des parements
extérieurs, il conviendrait de rajeunir sensiblement la datation de cette
tour qui n'est peut-être pas antérieure au milieu du 13e siècle. Le parapet
qui termine la plate-forme sommitale est moderne. Sous le bandeau qui
souligne la balustrade sont conservés deux motifs sculptés, apparemment en
remploi.
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