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Première mention en d'Esternay en 1378 lorsque la dame
Eustache de Trainel, dame du Châtel de Nangis et d’Esternay-en-Brie, se
livre à quelques achats pour arrondir ses terres. En 1408 elle vend terres
et château à Alexandre Leboursier, receveur général des aides pour les
guerres du roi, qui fit restaurer le château pour le rendre plus fort, mais
celui-ci tombe rapidement aux mains des Anglais. Henri V confisque la terre
pour la donner à un Bourguignon, Hugues de Saubertier. Jeanne d’Arc chasse
les Anglais hors de France, et en 1444, Jean, le fils d’Alexandre Leboursier,
récupère la terre d’Esternay. Avant de partir pour la Normandie, Jean
Leboursier avait pris ses précautions en cédant sa terre à Mathieu
Beauvarlet, conseiller du roi, receveur général des finances, et maître de
la chambre des comptes. Mais à sa mort, la terre d’Esternay est donnée à un
favori du roi, le chevalier Guérin Le Groing. Mais c’est sa fille, Marie
Beauvarlet, qui récupère Esternay en 1483, après la mort de Louis XI et
vingt années de litige entre son père et Guérin Le Groing. Elle épouse en
1468 Jean Raguier, seigneur d’Esternay, la Motte-Tilly et Soligny, baron de
Payens, financier, trésorier des guerres de Normandie, maître en la chambre
des comptes, conseiller et chambellan du roi Charles VIII, dont elle aura
trois fils. Louis, l’aîné des trois frères Raguier, gentilhomme de la
chambre du Roi, épouse Charlotte de Ditenville en 1496. Jean est archidiacre
de Sézanne, et Guillaume est abbé de Soligny et de Saint Michel de Tonnerre.
Les trois frères jouissant d’un grand crédit à la cour, ils en profitent
pour construire un nouveau château. En effet, l’ancien château d’Esternay,
situé dans un fond, n’est plus en mesure de contrer L’agression depuis
l’invention de la poudre. Il est d’ailleurs très endommagé et devient trop
gothique pour l’époque de la Renaissance. Toutes ces raisons décident les
frères Raguier à l’abandonner et à en édifier un autre sur le coteau
Nord-Est d’Esternay, vers la partie extrême du Bois de l’Armée. La
construction du château dura six ans et fut achevée en 1525. En fait, il
fallut presque 30 ans, et les trois frères Raguier ne terminèrent pas
ensemble l’entreprise commune. Jean se désiste en premier et fait don de sa
part à son neveu, le fils de Louis, appelé Jean également. Louis meurt en
1539, et son épouse en 1548. En 1555, Guillaume Raguier fait don de sa part
au jeune Jean, qui devient donc le seul propriétaire d’Esternay. Le château
n’a même peut-être jamais été complètement terminé car à l’époque des
guerres de religion, un des Raguier se fit protestant et, avec une armée de
Huguenots venus de l’Est, entreprit contre ses frères une bataille
fratricide. En 1569, après avoir abattu une partie de l’aile nord du
château, les catholiques emportent la place et massacrent les huguenots. Le
château d’Esternay est remis par les catholiques à la veuve de Jean Raguier,
Marie de Béthune. Après la mort de son jeune fils Salomon en 1592, la terre
d’Esternay tombe en quenouille. En 1638, c’est Pompée d’Ancienville, fils de
Judith Raguier et de Claude d’Ancienville, qui possède la terre d’Esternay.
Il meurt en 1650. Esternay est alors vendu à Claude du Bellay, qui le cède
en 1651 à Michel Larcher, conseiller du roi et président de la Cour des
Comptes.
En 1774, Monsieur de Saint-Martial, baron d’Aurillac, entre en possession
d’Esternay. Pendant la Révolution, le château n’est jamais devenu un bien
public ou un bien national, car son propriétaire, en tant qu’ambassadeur de
France à l’étranger, n’était pas considéré comme un émigré. Il y eut certes
des pillages, chacun venant y chercher les pièces de bois, les pierres et
les matériaux dont il avait besoin. On reconnaît cependant des pierres du
château dans certaines maisons anciennes du village. Après la Révolution, la
baronne d’Aurillac évite donc la vente du château en faisant rayer son mari
de la liste des émigrés. Le couple le récupère en piteux état en 1797, et
doit vendre une partie de ses biens pour payer les dettes de l’émigration et
les nécessaires réparations. Le baron d’Aurillac ne comprenait guère
l’architecture de la Renaissance, et une terrasse bien éclairée lui
paraissait plus utile que d’antiques bastions. Il s’emploie donc à rénover
le premier corps de logis, seule partie du château encore habitable. On y
fait des appartements, on transforme l’écurie en salon, et on construit deux
étages dans les greniers. Les magnifiques sculptures qui ornaient le château
sont malheureusement détruites ou données, et les voûtes des caves sont
démolies. Le baron s’éteint en 1804, sans laisser de descendance. Son
énergique épouse rachète alors à ses beaux-frères les parties de la terre
d’Esternay qui leur revenaient. Elle y restera quarante années...
Éléments protégés MH : les deux portes du XVIe siècle : classement par
arrêté du 5 juin 1931. Les façades et les toitures du château ; les façades
et les toitures du bâtiment des communs ; le colombier ; les douves ; le
grand portail d'entrée du domaine près du bâtiment des communs : inscription
par arrêté du 8 décembre 1961.
château d'Esternay, 15 rue du 73e RI, 51310 Esternay, ouvert au public tous
les vendredis, samedis et dimanches, du 1er juillet au 30 septembre
de 10 heures à 16 heures. En dehors de ces périodes, sur rendez-vous..
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