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Alençon a dû son importance à sa situation au
confluent de deux rivières, la Sarthe et la Briante, sur les limites de deux
provinces, la Normandie et le Maine. Il est à peu près certain que ce point
stratégique fut occupé dès l'époque gauloise. La construction du château qui
fit d'Alençon une place forte importante au moyen âge, remonte tout au plus
au Xe siècle. Guillaume de Bellême, fils d'Yves de Creil, grand-maître des
machines de guerre du roi de France, "balistarius, magister balistarum", dut
le faire bâtir en même temps que le château de Domfront, lorsqu'il fut
devenu seigneur de tout le pays, par le duc Richard de Normandie, qu'il
avait réussi à arracher aux mains du roi de France (944). Si l'on songe que,
de père en fils, les Bellême se sont fait remarquer par des connaissances
spéciales dans l'art militaire, on comprendra qu'ils ne tardèrent pas à
faire d'Alençon, comme de Domfront, une place considérable. Dès l'année
1029, Guillaume de Bellême, dit Talvas, s'y croyait assez fort pour refuser
l'hommage au duc de Normandie, Robert le Magnifique. Le duc fut obligé de
rassembler toutes ses forces autour d'Alençon pour soumettre cet orgueilleux
vassal. La place fut prise d'assaut et Talvas réduit à demander grâce au
duc, pieds nus, en chemise, une selle sur le dos. S'il ne fut pas détruit de
fond en comble dans cet assaut, le château d'Alençon a du subir depuis des
modifications telles qu'il ne peut être rien resté de la construction
primitive. Il est vrai que, dans une vue du château, dessinée en 1781, on
remarque, sur une ligne parallèle, à celle qu'occupe aujourd'hui la Tour
couronnée, une autre tour moitié octogone, moitié ronde, nommée, par Odolant
Desnos, la Tour Giroie, et dans laquelle, d'après cet historien, aurait eu
lieu la mutilation atroce que Talvas fit subir au malheureux chevalier de ce
nom, vers 1040. La tour en question serait, par conséquent, antérieure à
cette date; mais cette supposition est démentie par les caractères
architectoniques de la tour qui, d'ailleurs, dans les anciens plans, ne
porte pas le nom de Tour du Chevalier Giroie, mais bien de Tour du
Chevalier.
Vers la même époque, le château d'Alençon fut pris de nouveau par Geoffroi
Martel, comte d'Anjou, puis, en 1048, par Guillaume le Bâtard, duc de
Normandie. Pour former le blocus, Guillaume éleva trois forts et, après
s'être emparé du fort du boulevard de Sarthe, qui défendait le passage de la
rivière du côté du Maine, fit couper pieds et mains à trente-deux soldats
angevins qui le défendaient, et jeta leurs membres mutilés dans le château,
en menaçant la garnison d'un pareil traitement. Les Angevins terrifiés se
rendirent sans attendre l'assaut, et le duc mit garnison dans le château,
qu'il restitua ensuite à Guillaume de Bellême. Robert II de Bellême,
surnommé le Diable à cause de sa cruauté, dut travailler alors à fortifier
le château d'Alençon, comme les autres forteresses du pays. En guerre avec
tous ses voisins, Robert est cité par les historiens comme le plus habile
ingénieur de son temps. Au mois de janvier 1098, il avait décidé le roi
d'Angleterre, Guillaume le Roux, à faire une incursion dans le Maine, pour y
surprendre le comte Hélie, à la faveur de l'hiver; mais l'armée normande fut
obligée de s'arrêter à Alençon, tous les ponts et tous les chemins qui
conduisaient de la Normandie dans le Maine ayant été coupés. "Robert, dit
Odolant Desnos, fit aussitôt travailler à élever de nouvelles fortifications
et à réparer les anciennes. Il fit creuser des fossés profonds, élever des
palissades, des murailles, des boyaux et autres fortifications. Il fit tirer
des retranchements ou lignes de communication d'une de ces places à l'autre.
On en voit encore des vestiges sur la route de Saint-Remi-du-Plain, à Perrai,
que les paysans du canton appellent les Fossés de Robert-le-Diable".
Alençon, qui servait de quartier général à Robert de Bellême, devint alors,
par la force des choses, une place de guerre de première importance.
La prise du comte Hélie par Bellême, au mois d'avril 1098, décida les
seigneurs normands à tenter la conquête du Maine. Le rendez-vous des barons
fut fixé à Alençon, pour le commencement de juin, et le roi d'Angleterre y
fut rejoint par ses alliés de Bourgogne, de Flandre et de Bretagne, de sorte
qu'il s'y trouva à la tête d'une armée de cinquante mille hommes. Peu de
jours après, l'armée normande entrait victorieuse dans le Maine, et, au mois
de juillet le roi était en mesure d'imposer au comte Hélie et à Foulque,
comte d'Anjou, son allié, un traité humiliant. La défense des places
conquises fut confiée à Robert de Bellême. Cependant, dès l'année suivante
(1093), le comte du Maine osait recommencer la guerre. A cette nouvelle,
dont il fut informé par un courrier envoyé par Robert de Bellême, le roi
passa de nouveau le détroit et se rendit a Alençon ou son armée fut bientôt
rassemblée. Après avoir réprimé cette tentative de révolté, le roi confia
encore la défense du Maine à Bellême. La mort de Guillaume le Roux faillit
détruire l'unité de cette grand e monarchie anglo-normande dont Alençon
était un des boulevards principaux du côté du Maine. Bellême, le véritable
lieutenant du duc en Normandie, où il exerçait une autorité presque
souveraine, dut subir le contre coup des alternatives de haines et de
rapprochements que l'intérêt et la voix du sang, la faiblesse du duc et la
politique de Henri faisaient naître entre les deux frères. Il s ensuivit une
série de guerres qui désolèrent l'Alençonnais. Réconcilié un moment avec son
frère, le duc Robert se déclara contre Bellême, et les nombreux ennemis que
celui-ci s'était attirés par son caractère violent, en profitèrent pour se
soulever de toutes parts. Trahi par Raoul d'Escures, abbé de Saint-Martin de
Sées, qui en récompense reçut l'archevêché de Cantorbéry, Bellême se vit en
outre dépouillé par le roi des immenses possessions qu'il avait en
Angleterre.
Battu dans plusieurs rencontres, le duc Robert finit par faire la paix avec
Bellême, auquel il confirma la donation des domaines dépendant de l'évêché
de Sées. Réconcilié avec son suzerain, celui-ci se vit attaqué par Rotrou II,
comte de Mortagne, gendre du roi d'Angleterre, et la guerre recommença avec
plus de fureur que jamais. Serlon, évêque de Sées, saisit cette occasion
pour lancer l'anathème contre ses turbulents diocésains; mais il jugea
prudent de passer le détroit peu de temps après, pour se soustraire à la
colère de Bellême. La lutte inégale engagée entre le roi d'Angleterre et le
duc de Normandie, soutenu par Bellême, devait se terminer par la bataille de
Tinchebray (1106). Cependant, à peine en paix avec le roi, Bellême avait
recommencé la guerre contre le comte de Mortagne, bravant de nouveau les
foudres de l'évêque de Sées, qui l'excommunia une seconde fois; peu de temps
après, il organisait un soulèvement général en Normandie en faveur de
Guillaume Cliton, fils du duc Robert. Le roi, instruit de ses manœuvres, le
fit citer à sa cour pour rendre compte de l'administration des vicomtés
d'Argentan, d'Exmes et de Falaise; mais il ne jugea pas à propos de s'y
présenter et conclut une alliance avec le roi de France et avec le comte
d'Anjou, qui lui confia le commandement des troupes angevines et mancelles,
destinées à opérer en Normandie. Le comte de Mortagne, son ennemi personnel,
eut de son côté le commandement des troupes du roi d'Angleterre. Finalement,
après quelques succès, Bellême envoyé comme ambassadeur par le roi de France
auprès du roi d'Angleterre, fut arrêté à Bonneville-sur- Touques (1112),
condamné par la cour de l'Échiquier et jeté dans une prison, où il finit ses
jours. La confiscation des biens du condamné fut la conséquence de cet
arrêt, et le roi mit le siège devant Alençon, qui fut défendu par Geoffroi
et Ade Soro, auxquels Bellême en avait confié la garde; mais, au bout de
quelques jours de résistance, la place fut forcée de capituler.
Peu d'années après, une nouvelle ligue des seigneurs normands, aidés du roi
de France et du comte d'Anjou, se forma en faveur du fils de Bellême, nommé
Guillaume Talvas et, dans le cours de la guerre qui suivit, Alençon servit
encore une fois de quartier général au roi d'Angleterre, qui y rassembla
toutes les forces de la Normandie pour marcher au secours du château de la
Motte-Gautier, assiégé par les Angevins. Alençon, Sées, la Roc he-Mabile, et
toutes les anciennes possessions de Belleme furent abandonnées à Thibaud,
comte de Blois, qui les céda à Etienne, comte de Mortain, son neveu. Ce
nouveau seigneur ayant vivement indisposé contre lui les habitants
d'Alençon, ceux-ci introduisirent dans la ville le comte d'Anjou qui s'y
maintint, mais sans pouvoir s'emparer du château. Le roi d'Angleterre, qui
était dans le voisinage, occupé à réparer les forteresses de Moulins et de
Bons-Moulins, réunit aussitôt toutes les forces qu'il avait sous la main
pour investir l'armée assiégeante, campée entre Hertré et le château, au
lieu dit le Champ de bataille. Le roi d'Angleterre éprouva dans cette
rencontre une défaite complète et fut forcé de se retirer en désordre vers
Sées, harcelé par l'armée angevine (décembre 1118). Le lendemain, après
avoir fait célébrer une messe d'actions de grâces dans l'église du prieuré
de Saint-Isiges, le comte d'Anjou recommença plus vivement l'attaque du
château. Les habitants lui indiquèrent un conduit souterrain qui traversai t
la ville et portait l'eau de la Sarthe dans le château, il intercepta cette
communication, et la garnison fut forcée de se rendre le troisième jour. Le
danger que le roi d'Angleterre avait couru à la bataille d'Alençon, le
décida à faire la paix avec le comte d'Anjou, auquel il demanda la main de
sa fille pour son fils Guillaume (juin 1119). Guillaume Talvas fut, en
conséquence, établi dans la possession d'Alençon, de Vignats, de Sées, d'Almenèches
et de toutes les autres places qui avaient appartenu à son père. Le roi ne
se réserva que la liberté de tenir garnison dans les donjons.
Ici se place la question de l'origine du comté d'Alençon et de la
construction du donjon. Guillaume Talvas, fils de Robert de Bellême, paraît
avoir hérité du titre de comte de Ponthieu en 1105, à la mort d'Agnès,
comtesse de Ponthieu, sa mère. Il prit dès lors le titre de comte d'Alençon.
La première mention de l'Alençonnais se trouve dans une charte de Jean sans
Terre, de l'année 1199, contenant octroi de privilèges aux bourgeois
d'Alençon et de l'Alençonnais. Quant au donjon, les chroniqueurs nous
apprennent qu'il fut rebâti à neuf par le roi d'Angleterre, Henri 1er. Or il
est à remarquer que dans la vue du château citée plus haut, la partie
inférieure de la maçonnerie présente l'aspect de l'appareil en épis ou à
arêtes de poisson qui caractérise la période romane. On attribue au même roi
la construction de fortifications considérables à Argentan. En 1135, le roi
Henri fit une descente en Normandie pour réprimer une menace de révolte de
Guillaume Talvas, parcourut l'Alençonnais et soumit le château d'Alençon.
Cette malheureuse ville avait été presque entièrement réduite en cendres par
le feu du ciel l'année précédente. On sait que le roi Henri 1er mourut au
mois de décembre 1135. Cette mort fut le signal d'une nouvelle guerre dont
l'Alençoonnnnais eut sa large part. "Chaque seigneur mit en état de défense
ses châteaux, les fortifia, en bâtit de nouveaux en sorte que la Normandie
fut bientôt remplie de forteresses". Vers le milieu d'octobre 1136, Geoffroi
le Bel, comte d'Anjou, époux de l'impératrice Mathilde, fille et unique
héritière de Henri 1er, rejoignit à Alençon le comte Guillaume Talvas et
alla assiéger Carrouges, qui fut pris au bout de trois jours, mais ne tarda
pas à retomber au pouvoir du comte de Mortain. Après avoir soumis plusieurs
châteaux d'alentour, non sans avoir éprouvé des pertes sérieuses, le comte
d'Anjou, en repassant par Alençon, fut, dit-on, attaqué dans les bois de
Malêfre par une troupe de brigands qui tuèrent son chambellan et pillèrent
ses équipages.
De son côté, l'évêque de Sées, prenant parti contre Mathilde et ses
adhérents, lança un interdit sur les terres du comte d'Alençon, "en sorte
qu'on n'y faisait plus de service divin, l'entrée des églises y était
défendue aux laïques, le son des cloches ne s'y faisait plus entendre, on
n'y faisait plus de mariages, et l'air était infecté par les cadavres qui
restaient sans sépulture". La guerre recommença l'année suivante; le comte
d'Alençon y fut fait prisonnier par Rotrou, comte du Perche, et n'obtint sa
liberté qu'en 1141, époque où le comte d'Anjou fut reconnu roi d'Angleterre
par tous les seigneurs normands. Le comte d'Alençon et ses sujets jouirent
alors d'une tranquillité complète jusqu'en 1165. Le roi d'Angleterre Henri
II, craignant une révolte des Manceaux, exigea alors du comte qu'il lui
remît les forteresses d'Alençon et de la Roche-Mabile. Quelques années
après, ce roi, par surcroît de précaution, fit creuser de profondes
tranchées sur les frontières du Maine et du Perche. Henri II gardait
toujours Alençon en son pouvoir, lorsqu'en 1173, le jeune Henri, son fils,
résolut de s'en emparer, avec l'aide du comte Jean, fils et héritier de
Guillaume Talvas. Parti inopinément de Chinon vers la mi-carême, il arriva
le lendemain à Alençon, ne fit qu'y coucher et courut à Argentan et à
Mortagne pour entraîner dans son parti les officiers du roi. Celui-ci, à la
nouvelle du départ de son fils, s'était mis à sa poursuite avec tant de
rapidité qu'il put entrer à Alençon le soir même du jour où le jeune prince
en était sorti. Il y resta jusqu'après les fêtes de Pâques et y tint cour
plénière. En 1177, une nouvelle révolte força Henri II à rassembler toutes
ses troupes à Alençon, où il se rendit lui-même le 3 octobre. La guerre
recommença l'année suivante, et c'est encore dans cette ville qu'eut lieu le
rendez-vous de l'armée royale. Après avoir éprouvé plusieurs revers dans
cette campagne, le vieux roi, accablé de chagrin, mourut à Loches à la fin
de l'année 1177. Son fils, Richard Cœur de Lion, résida souvent à Alençon,
qui continua à être dans la main du roi.
A l'Échiquier de 1180, Robert Valeis, Raoul l'Abbé et Durand, prévôt,
rendirent compte de la ferme de la vicomté et de la prévôté d'Alençon. La
garde des châteaux d'Alençon et de la Roche-Mabile était confiée à Fouque
Paienel, qui recevait, à cet effet, une somme de 300 livres par an, comme on
le voit par les comptes de 1180 et de 1184. C'est dans cette ville qu'eut
lieu l'assemblée générale des barons, convoqués par le sénéchal de Normandie
pour délibérer sur les moyens de délivrer Richard Cœur de Lion, retenu
prisonnier par le duc d'Autriche. A son retour, ce prince passa plusieurs
jours à Alençon. Dans le compte de 1195 est portée la dépense faite par les
chevaux du roi à Alençon. En 1198, Raoul l'Abbé continuait à avoir la garde
du château d'Alençon, du jardin et du parc. La même année on travailla à la
fortification du château et 65 livres y furent employées. Dans la guerre qui
éclata bientôt entre Jean sans Terre et Philippe-Auguste, Robert, comte
d'Alençon, fut un des premiers seigneurs normands qui se déclarèrent pour le
roi de France. Jean sans Terre, pour l'en punir, fondit sur Alençon avec une
armée; mais Philippe-Auguste, de son côté, fit avancer des troupes au
secours de cette place et, aidé des chevaliers français assemblés à Moret
pour prendre part à un tournoi, contraignit le roi d'Angleterre à lever le
siège, abandonnant ses machines de guerre, ses tentes et ses munitions. Le
comté d'Alençon, érigé en apanage en faveur de Pierre, fils de saint Louis,
qui y séjourna plusieurs fois, jouit pendant plus d'un siècle d'un calme
qu'il n'avait pas encore connu. Le comte Pierre et Jeanne de Châtillon, sa
femme, ont laissé à Alençon des souvenirs de bien aisance; ils dotèrent
l'hôpital et la léproserie et firent des legs "as pouvres mesnagers, as
pouvres pucelles et as pouvres gentils-fames de la terre d'Alençon".
La guerre de Cent ans ouvrit une nouvelle période de calamités. Amand de
Cervoles, dit l'Archiprêtre, un des chefs des Grandes Compagnies, était à la
tête des vassaux du comte d'Alençon; Loquet, autre chef des Grandes
Compagnies à la solde du roi de Navarre, ravageait le pays environnant. Jean
Boullet, bailli d'Alençon et du Perche, était gouverneur des forteresses du
comte. Craignant qu'Alençon ne fût attaqué par les Navarrais et les Anglais,
il fit raser, en 1357 et 1358, les faubourgs d'Alençon, le prieuré de
Saint-Isiges, au faubourg de Lancrel et l'Hôpital, situé à Monsort, pour
empêcher l'ennemi de s'y établir. Il fit en même temps réparer les
fortifications. A la suite d'Azincourt, ou périt le comte Jean, nouvellement
créé duc et pair, la Normandie fut envahie par les Anglais qui, prenant
Alençon à revers, vinrent camper à Montsort, de l'autre côté de la Sarthe,
au lieu dit le Champ-du-Roi (1417). Jean d'Aché, le Petit Galois, commandait
le château. C'était un des hommes les plus braves de son temps; mais n'ayant
qu'une faible garnison et n'étant pas secouru, il fut forcé de capituler le
22 octobre. Le roi d'Angleterre demeura à Alençon depuis cette époque
jusqu'au mois de décembre. Il y établit une administration civile et
militaire. Scintale fut nommé bailli d'Alençon, Talbot, commandant des
marches de Norman die, et Arondelson lieutenant. L'année suivante, une
conférence eut lieu à Alençon entre les commissaires du Dauphin et ceux du
Régent qui refusèrent toute proposition d'accommodement. La guerre
recommença, et le jeune duc d'Alençon, Jean II, y prit une part glorieuse. A
la su ite de la reprise de Verneuil, fait prisonnier par Bedford, qui avait
pris le titre de duc d'Alençon, il refusa la proposition qui lui fut faite
de rentrer en possession de ses terres s'il voulait reconnaître le roi
d'Angleterre. Il préféra payer une rançon de 300000 ecus d'or et vendre
toutes ses possessions de Bnretagne, tous ses meubles et tous ses bijoux. Il
fut un des premiers à deviner l'inspiration patriotique qui fit d'une
bergère de Domrémy la libératrice de la France.
En 1424, le fameux Jean Falstoff avait été nommé capitaine d'Alençon.
Ambroise de Loré ayant repris Saint-Cénery, Français et Anglais se livrèrent
des combats continuels autour d'Alençon, qui put même être occupe quelque
temps par les Français. Mais Talbot ne tarda pas à y rentrer, et de cette
place il dirigea jusqu'à trois attaques contre Saint-Cénery. Le comte d'Arondel
organisa même un siège en règle contre cette place. Le 17 février 1432,
Guillaume Fortin, vicomte d'Alençon. paya aux maçons employés ce au siège de
Saint-Célerin, "pour faire pierres à bombardes, canons et couleuvrines, la
somme de 70 livres, suivant les certificats donnés ce par Cloucestre,
escuyer, maistre des ordonnances et artilleries du Roy". Les habitants du
pays furent alors mis continuellement en réquisition, soit pour les travaux
nécessaires à la défense des places, soit pour le transport des munitions et
des approvisionnements. Au mois d'octobre 1435, les habitants d'Hellou
furent obligés de fournir des provisions de vivres aux ésouldaiers d'Alençoné.
On fit alors des travaux très importants au château. Le 21 juin 1438,
Guillaume Milles dit le Tailleur, maître des œuvres et réparations du roi en
la vicomté d'Alençon, approuve les travaux faits par les charpentiers aux
ordres de Thomas Buhéré, qui ont rouezé et planché de carreaulx une chambre
basse estant soubz la maison nagaires faicte de neuf au chastel d'Alençon
nommée la garde-roble. Item ont changé deux poulies, mis rouez et planché
semblablement de carreaulx unes galleries par lesquelles on va d'une des
chambres dudit chastel joignant à la dite maison de la garde-roble, à unes
chambres aisées, estant au devant d'icelle chambre, et par lesquelles
galleries hons monte par ung degré sur le hourdeys du mur dudit chastet qui
est en droit le pont du boullivert du parc".
On voit par d'autres certificats du même architecte, en date du moi s de
juin, que l'on employa en outre sept pipes de chaux aux réparations du
château, de la chaussée de l'étang qui l'entourait et de la halle à la
boucherie. On travailla aux couvertures, on fit faire deux cent trente-huit
pieds de gouttières, dont 60 autour de la salle du donjon, 74 entre deux
chambres "aboutant à l'auloge", 64 sur les chambres joignant la grande salle
du château, du côté du préau, 40 sur les galeries faites de neuf pour
communiquer avec la garde-robe. On fit couvrir de doubliers ces gouttières.
Thomas d'Yrchill était alors vicomte d'Alençon et Henri Bedford, bailli. Le
17 octobre 1441, les clés du château furent remises à Richard de Wydeville,
chevalier, par Jehan Parlier, connétable dudit lieu, commis de Stanlawe,
écuyer, lieutenant de monseigneur le comte de Dorset, capitaine d'Alençon,
pendant son absence. Le 21 octobre, le même Stanlawe était de retour à
Alençon, après une chevauchée en Normandie, et le 23 il remit de nouveau les
clés du château à Richard de Wydeville, en présence de gens notables. On
voit par un mandement du roi d'Angleterre, Henri VI, que les émoluments de
cette charge étaient considérables. Richard de Wydeville avait sous ses
ordres les gens d'armes et de trait pour la garde des châteaux de Frênai et
d'Alençon, et, en cette qualité, il toucha, le 4 avril 1445, une somme de
12000 livres, tant pour ses bons services, que pour dépenses faites pour la
défense de ces places. En 1448, le roi d'Angleterre prévoyant une attaque
prochaine des Français, obligea les habitants d'Alençon à réparer les
fortifications de leur ville, et leur donna à cet effet un droit d'octroi
sur le sel. L'année suivante, le duc Jean d'Alençon, après s'être emparé des
châteaux d'Essai et de Boitron, fut introduit dans la capitale de son duché
par les quatre échevins, avec le concours des habitants. Surpris pendant la
nuit à la porte de Lancrel, les soldats qui étaient occupés à garder cette
porte furent taillés en pièces; un petit nombre d'entre eux parvint à se
réfugier dans le château. Nicolas Morin, qui y commandait pour les Anglais,
après s'être défendu pendant quelques jours, demanda à capituler et obtint
la liberté de se retirer, vies et bagues sauves (septembre 1449).
Rentré dans ses domaines, le duc d'Alençon n'eût dû, il semble, qu'aspirer à
jouir des douceurs d'un repos acheté au prix de tant de fatigues et de
périls. Ce prince avait le goût des arts, de poésie, des jouissances du
luxe. Il avait, dit une chronique, vingt-quatre chantres ou musiciens, une
écurie garnie de magnifiques chevaux, des haquenées blanches pour la
duchesse, la plus belle meute et le plus bel équipage de chasse qu'on put
trouver. Cependant, au milieu de tous ces plaisirs, le duc ne se trouvait
pas heureux. Démentant son passé et trop docile aux suggestion perfides des
conseillers qui exaltaient sa colère contre Charles VII, il entra en
correspondance avec les Anglais. Déclaré coupable de haute trahison, il
obtint cependant du roi Louis XI d'être rendu à la liberté. Mais il ne tarda
pas à être le jouet de nouvelles intrigues. Ayant conclu avec le duc de
Bretagne le traité de Pouancé, par lequel il s'obligeait à rétablir le frère
du roi dans la possession de Normandie, il mit Alençon et ses autres places
en défense et y établit son fils René, comte du Perche, comme capitaine. Le
11 octobre 1467, il y introduisit les archers ou gardes du corps du duc de
Normandie, sous les ordres d'Artus de la Forêt. Quelques jours après, vingt
hommes d'armes avec leur archers et coutilliers bien armés, y arrivèrent
sous le commandement de Jean de Launay. Jean de Laval y amena enfin, le 4
novembre, un corps de chevau-légers et autres gens de guerre. Louis XI,
informé de ces préparatifs, rassembla toutes ses forces. Les défenseurs
d'Alençon craignant que les francs-archers envoyés par Louis XI ne se
logeassent dans les faubourgs, firent mettre le feu à quelques maisons de la
porte de Sées. Le même jour l'alarme fut donnée au quartier de Montsort. La
nuit suivante, les bêtes fauves du parc, effrayées de ces mouvements, se
jetèrent sur le poste de Lancrel, qui se crut attaqué. On brûla alors le
faubourg de Montsort et les autres faubourgs. Le 27 novembre, une sortie
furieuse eut lieu, mais fut repoussée sur le chemin d'Essay.
Louis XI y vint en personne avec le cardinal La Balue, et l'artillerie,
tirée du parc d'Orléans, allait battre les remparts, lorsque le roi manda
secrètement au comte du Perche, que s'il se séparait de la ligue de ses
ennemis, il n'aurait pas à s'en repentir. En vertu d'un traité conclu en son
nom, le 31 décembre, le comte du Perche s'engagea à faire chasser les
Bretons de la ville et à embrasser le parti du roi. Aidé des habitants, très
mécontents des soldats bretons, il parvint à se débarrasser d'eux, de sorte
que le château fut remis au roi le 2 janvier 1468. Rentré en grâce auprès du
roi, le duc Jean II fut bientôt accusé de nouveau, par ses espions,
d'intelligences avec ses ennemis et emprisonné. En même temps, le duché
d'Alençon fut saisi par le roi, qui vint lui-même dans cette ville en
prendre possession, au mois d'août 1472. On sait quel grave accident faillit
lui arriver au milieu des fêtes qu'occasionna sa présence. En rentrant au
château, au sortir de la messe, une pierre se détachant de dessus la porte
qui communiquait avec le parc, tombe sur lui, emportant un morceau de sa
robe de camelot tanné. Le roi se met à genoux en se signant, baise la terre,
et ramassant la pierre avec le lambeau déchiré de son vêtement, fait voeu de
les offrir en ex-voto au bienheureux saint Michel. Aussitôt la consternation
se répand dans la ville; on impute l'accident à un complot tramé contre les
jours du roi; chacun tremble d'être impliqué dans les poursuites dirigées
contre les coupables. Ceux-ci, heureusement, ne tardèrent pas à se faire
connaître. Le roi se les fait amener par le grand prévôt et veut les
interroger lui-mème. C était un page avec sa maîtresse qui, voulant voir
passer le roi et son cortège, s'étaient posté, à une ouverture percée dans
la muraille au-dessus de la porte. Soit en folatrant, soit en se penchant
pour regarder, la dame, avec sa robe, pour regarder, avait détaché la pierre
qui, par une fatalité extraordinaire, était venue tomber juste sur le
vêtement du roi. Louis XI, qui avait parfaitement conservé son sang-froid,
se contenta d'infliger à ces étourdis quelques mois de prison bien mérités,
réservant les rigueurs de sa justice, trop souvent sommaire, pour ceux qu'il
regardait comme criminels d'État. Il accorda plusieurs privilèges aux
bourgeois d'Alençon, qui tremblaient toujours d'être inquiétés à cause du
page, et alla faire son pèlerinage à l'église du Mont-Saint-Michel, où il
fit suspendre la pierre et le morceau de camelot aux pieds du crucifix.
Quant aux possessions du duc d'Alençon, dont la confiscation avait été
prononcée, il jugea bon de les garder et en confia le gouvernement à Jean de
Daillon, vicomte du Lude, qu'il nomma capitaine d'Alençon et d' Argentan. Il
fit démolir la culasse du château d'Alençon et combler les fossés. Le comte
du Perche, à son tour, ne tarda pas à tomber dans les mêmes pièges que son
père. Entouré d'espions et d'agents provocateurs, il fut dénoncé au roi
comme un ennemi déclaré et condamné à la prison perpétuelle. Il ne recouvra
sa liberté qu'à l'avènement de Charles VIII. Les noms des duchesses
d'Alençon, Marguerite de Lorraine et Marguerite de Navarre, rappellent des
souvenirs connus de tous. Ces noms parlent assez d'eux-mêmes, et l'on
comprend que l'on pourrait trouver sans peine dans les souvenirs qu'ils
évoquent le sujet de développements pleins d'intérêt. Mais nous ne croyons
pas nous écarter de notre sujet en donnant ici le procès-verbal in extenso
de l'installation du capitaine du château d'Alençon, le 25 juillet 1527.
"Jacques Pilloys dit de Montigny, seigneur du lieu et cappitaine du chasteau
d'Alençon, s'est, en notre présence et des témoings soubsignés, comparu et
présenté devant la porte dudit chasteau, dit et déclare à noble puissant
seigneur, messire Jehan Poussart, sieur de Sées, que puis naguères il avoit
pieu aux Roy et Royne de Navarre le pourveoir dudict office de cappitaine
dont il n'avoit encores prins pocession, requérant audit sieur de Sées luy
faire délivrer et bailler les clefs dudict chasteau pour prendre ladite
pocession. Lequel sieur de Sées a faict venir Zacharie Serey, portier dudict
chasteau, auquel il a demandé lesdites clefs, que ledict portier lui a
présentement baillées, et par après les a, iceluy seigneur, baillées audit
cappitaine. Cela faict, après avoir icelluy cappitaine, receu les dictes
clefs, rendues audict portier pour les luy garder, est icelluy cappitaine,
en la présence dudict sieur de Sées et les autres témoings soubsignés
présents, entré audict chasteau, au portail duquel il a trouvé jusques au
nombre de sept pièces d'artillerye, cinq de fonte et deux de fer. Et dudict
portail s'est ledict cappitaine transporté en la présence que dessus jusques
en la grande salle dudict chasteau, où il a trouvé cinq autres grosses
pièces d'artillerye, toutes de fer. Toutes lesquelles pièces d'artillerye,
en nombre de douze, il a prinses en sa garde, à charge de dire et déclarer
qu'elles appartiennent et deppendent de son dit office. Et d'icelles a
déchargé Marin Morel, tapicier, présent, à quoy, comme il a dit, elles ont
esté avecques les autres biens estans audict chasteau baillées par l'ancien
temps, déclarant ledict tapicier que d'aucuns autres meubles il ne se
dessaisiroit, qu'il en estoit et est responsable, et partant a ledit
cappitaine prins pocession dudit office. Et de tout ce que dit est nous a
demandé lettres que luy avons accordées et permis luy servir. Présents à ce
Innocent le Coustellier, chevalier, vicomte d'Alençon; Nicolas le Tessier,
receveur audit lieu; Richard Bouvier et plusieurs autres tesmoings".
Pendant les guerres de religion, le capitaine Brucourt s'empara du château
d'Alençon, en introduisant ses gens dans la ville par la Sente a L'Anier,
qui conduisait au moulin de Lancrel. Brucourt fut obligé, peu de temps
après, d'évacuer la ville, qui servit de lieu de ralliement à François, duc
d'Alençon, frère de Charles IX, au roi de Navarre et au prince de Condé, qui
y formèrent une armée de trente mille hommes dont le commandement fut donné
au duc d'Alençon. Le duc d'Alençon réclama le droit de nomination des
gouverneurs de la ville et du château, et défense fut faite a Matignon
d'exercer aucune autorité. C'est à Alençon, dont la moitié des habitants
étaient alors protestants, qu'en 1576, Henri IV abjura solennellement la
religion catholique. Quant au duc François, devenu suspect à la reine-mère,
il ne tarda pas à se retirer de nouveau à Alençon, où il vendit aux
bourgeois une partie des remparts, jusqu'aux places publiques, dans le but
de se procurer de l'argent pour son expédition de Flandre. La reine-mère,
alarmée, se rendit à Alençon avec la reine Margot, femme du roi de Navarre.
De grandes fêtes eurent lieu dans cette ville, à cette occasion, et les
princesses y restèrent huit jours. Pendant la Ligue, c'est à Alençon que
Montpensier réunit les gentilshommes dévoués à la cause royale, pour
attaquer les partisans des Guise qui dominaient dans les villes voisines. La
rivalité qui existait entre Renty, gouverneur de la ville et le gouverneur
du château, donna lieu à un crime qui peint bien les mœurs du temps. Renty
fit courir le bruit que le gouverneur du château voulait livrer cette place
aux ligueurs. Des protestants, surexcités par cette fausse nouvelle, le
poignardèrent un soir qu'il se rendait chez Jean de Frotté, seigneur de
Couterne. Renty, par ce crime, gagna la place de capitaine du château, qu'il
ne posséda pas longtemps.
Le duc de Mayenne ayant alors paru devant Alençon avec une armée, brûla le
faubourg de Lancrel, pénétra dans la ville, battit le château pendant quatre
jours, et força Renty à capituler. A sa place, il nomma Lagau gouverneur.
Quant aux bourgeois, outre le payement d'une forte contribution de guerre,
ils furent contraints de jurer de vivre et mourir pour la sainte Ligue
qu'ils détestaient, autant les catholiques que les huguenots. Ils firent
même diverses tentatives pour s'emparer du château. Hertré, ayant corrompu
trois soldats de la garnison, put pénétrer la nuit dans le parc avec
plusieurs bourgeois, et était sur le Point d'arriver jusque dans la place
lorsqu'il fut découvert. Trois bourgeois et deux soldats furent pendus. Une
seconde tentative eut le même résultat. Enfin, après la prise du Mans le
capitaine Hertre fut chargé de faire le siège d'Alençon. On s'empara d'abord
de Montsort, puis l'investissement commença et fut terminé le 1er décembre;
mais l'artillerie, amenée du Mans par Biron, n'arriva que le 15, les chemins
étant tellement défoncés qu'il fallait traîner les pièces des lieues
entières sur des claies. On fut bientôt maître des faubourgs. C'est par
celui de Montsort que les Anglais qui servaient dans l'armée d'Henri IV
pénétrèrent dans l'enceinte de la ville. Au moyen de grappins attachés à des
cordes lancées avec force, ils parvinrent à accrocher le pont-levis qui
communiquait à la forteresse du Boulevard, l'abattirent et s'en emparèrent.
Lagau fut obligé de se retirer dans le château avec la garnison, réduite à
trois cents hommes. Biron, pénétrant alors dans la ville, y fit dresser une
batterie qui commença à foudroyer la place. Henri IV arriva le 23; il trouva
tous les ouvrages avancés ruinés; mais l'eau qui environnait le château
formait un obstacle qui retarda l'assaut. La Fayole, commissaire de
l'artillerie, en vint à bout après avoir reconnu, la nuit, à l'aide d'une
lanterne, la chaussée qui retenait l'eau, et qui était couverte par une
tour; il y fit pointer le canon, et au lever du jour les fossés se
trouvèrent à sec. Sommé de remettre la place, le gouverneur se rendit et
obtint les honneurs de la guerre pour lui et pour sa garnison.
Henri IV donna le gouvernement du château au brave Hertré, avec trois cents
hommes de garnison; la défense des remparts fut laissée au courage des
habitants. La démolition du corps du château fut commencée en 1602, par
Henri IV, qui ordonna de conserver seulement le donjon. Cette place avait
pourtant encore une certaine importance, puisqu'en 1620 la reine-mère s'y
croyait assez forte pour tenir tête au roi son fils. Le 20 juillet 1620,
l'avant-garde de l'armée royale, commandée par le marquis de Créquy, arriva
devant Alençon. François de Faudoas, dit d'Averton, gouverneur de la ville
pour Marie de Médicis, duchesse d'Alençon, prit le parti prudent de se
retirer sans résistance, et l'armée royale prit possession de la ville et du
château, dans la nuit du 20 au 21. Cependant le roi Loui s XIII ne daigna
pas entrer dans la ville. Non seulement, d'après Le Hayer, le peuple en
versa des pleurs, mais: "La Sarthe en fut émue, elle s'en desborda pour
montrer ses douleurs". Pendant la Fronde, Alençon eut à subir une dernière
alerte; on craignit d'être attaqué par les soldats de Condé: on répara les
fortifications, on munit le château. Cependant les partisans du prince,
nombreux dans le pays, n'osèrent attaquer la ville, qui put fournir au roi
un corps de troupes important, pour délivrer le pays des ravages des
révoltés. L'heure fatale avait sonné pour le donjon d'Alençon. Désormais,
sans utilité au point de vue militaire, n'ayant plus pour le défendre que
les souvenirs historiques attachés à sa masse imposante et que le goût
malheureusement peu éclairé des contemporains, cet antique monument était
condamné à périr. En 1637, les Jésuites d'Alençon, ayant besoin de pierres
pour bâtir leur Collège, obtinrent de la reine-mère, duchesse d'Alençon,
l'autorisation de se servir des matériaux provenant des démolitions. Le
Parlement, il est vrai, leur fit défense de toucher au donjon, murailles,
masures, matériaux ni démolitions quelconques.
Ils revinrent à la charge en 1673, grâce à l'influence qu'ils exerçaient sur
l'esprit de la duchesse de Guise. Les maires et échevins n'obtinrent qu'à
grand'peine que la donation fût révoquée; le pignon de l'église du Collège
fut bâti avec les matériaux provenant de la porte de Lancrel et des
murailles de la ville qu'ils firent démolir sur une longueur de plus de 48
pieds (1679-1682). Un médecin nommé Rosseau, qui vint à Alençon par ordre du
roi, à l'occasion d'une épidémie, qualifiée de "maladie extraordinaire, dont
la plupart des habitants étaient attaqués", obtint en 1717, à titre de
récompense, la concession d'un logement dans les ruines du château qui avait
toujours un concierge. En 1731, l'intendant écrivait qu'on ne pourrait
jamais le faire servir à aucun usage public. Un arrêt du Conseil permit la
démolition du donjon. On commença par les belles pierres du couronnement. Le
comte de Rânes, gouverneur d'Alençon, s'y opposa et retarda ainsi cette
destruction; mais en 1773, l'ingénieur en chef fit adopter un projet
d'appropriation de cette forteresse à usage de prison. Par malheur, dans la
construction des voûtes nécessitées pour l'établissement de nouveaux étages,
on ne prévit pas que la poussée de ces voûtes, qui toutes partaient des
mêmes points des murs, en amènerait l'écartement, quelque solides qu'ils
fussent. A peine les prisonniers y étaient-ils installés, que des lézardes
se produisirent, et que les nouvelles voûtes, mal liées aux constructions
anciennes, menacèrent de s'écrouler et d'ensevelir sous les ruines de
l'édifice ses nouveaux habitants. On fut obligé de retirer les prisonniers
du donjon en 1781, après les dépenses énormes qu'on avait forcé la ville à y
faire, et on se décida à raser cet édifice par la base. La prison actuelle y
a été établie en 1824. (1)
Éléments protégés MH : les vestiges du château d'Alençon : classement par
liste de 1862.
château d'Alençon 61000 Alençon, la prison a quitté les lieux, le château
des Ducs se retrouve vide, il devrait être cédé pour l’euro symbolique à la
municipalité, qui veut en faire un lieu vivant (musée ou lieu de culture
historique), visite des extérieurs pour le moment.
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